L'ancien patron du Crédit immobilier de France, Claude Sadoun, souligne que la disparition programmée de son établissement va pénaliser les ménages les plus modestes, qui y trouvaient un interlocuteur capable de financer leurs projets d'accession à la propriété.

Le CIF « est la seule institution reconnue en France pour sa capacité à aider les ménages très modestes à devenir propriétaires, tout en prenant les sûretés nécessaires pour que le risque soit maîtrisé », relève M. Sadoun, dans un entretien que publie jeudi le quotidien Le Figaro. « Ce savoir-faire est inestimable », affirme M. Sadoun dans ce premier entretien depuis son éviction de la tête du CIF.

Il note que le nombre de ménages modestes devenus propriétaires s'est effondré en 2012 car les banques ne veulent plus leur prêter sur les durées très longues (supérieures à vingt ans) indispensables à leurs projets. D'autant que les banques exigent désormais au moins 20% d'apport personnel.

Le CIF, qui se situe dans la mouvance du mouvement HLM, a dû se résoudre fin août à demander la garantie de l'Etat, faute de pouvoir continuer à se refinancer sur les marchés après l'abaissement de sa note par l'agence Moody's. En échange, les pouvoirs publics lui ont imposé une gestion « en extinction », c'est-à-dire sans possibilité d'accorder de nouveaux prêts. Pourtant, « l'établissement est sain », a affirmé M. Sadoun, soulignant qu'il disposait de 2,4 milliards d'euros de fonds propres et avait dégagé un bénéfice opérationnel de 37 millions d'euros au premier semestre.

« Que l'Etat se pose la question de savoir s'il veut ou non promouvoir une vraie politique du logement avec pour composante indispensable l'accession sociale à la propriété. Si la réponse est oui, et je n'en doute pas, que l'Etat fasse du CIF un acteur public au service du logement », plaide-t-il. Pour lui, « il n'est pas trop tard pour étudier un adossement du CIF, par exemple à un établissement public, quitte à le restructurer car certaines activités ne relèvent pas du domaine concurrentiel ».

Il estime que la liquidation programmée du CIF pourrait rapporter entre 1 milliard et 3,6 milliards d'euros à l'Etat et que les actionnaires, issus du mouvement coopératif, « ne vont pas se laisser faire ». Le CIF compte quelque 2.500 salariés.