Les salariés du Crédit Immobilier de France (CIF) s'insurgent mercredi dans une lettre ouverte aux pouvoirs publics contre « le démantèlement » programmé de l'établissement bancaire, au bord de la faillite, à la veille d'une manifestation nationale.

« Tandis que le gouvernement français affiche sa volonté de soutenir l'emploi, les entreprises et le logement social, il demande au Crédit Immobilier de France de cesser son activité et +d'ajuster dans les meilleurs délais les coûts et charges de fonctionnement du Groupe+ dans un plan de résolution ordonné », écrivent-ils dans cette lettre signée par sept syndicats. Il s'agit d'« une formule feutrée pour exiger la suppression de milliers d'emplois sans en assumer la responsabilité », dénoncent-ils. Le gouvernement a accordé début septembre sa garantie financière au CIF, qui emploie 2.500 salariés en France, sous la réserve qu'il soit géré « en extinction », c'est-à-dire qu'il n'accorde plus de nouveaux prêts.

La lettre ouverte rappelle que « le Crédit Immobilier de France n'est pas un groupe de finance spéculative » mais, au contraire, « un groupe qui s'inscrit dans le cadre d'une économie sociale et solidaire et qui œuvre pour le financement du logement social depuis plus de 100 ans ».

Les syndicats du CIF ont appelé à une manifestation nationale jeudi à Paris. Une centaine de salariés ont déjà manifesté mardi à Nantes pour protester contre « la mise à mort » programmée de l'établissement bancaire. « Nous demandons à l'Etat de reprendre notre dossier soit pour nous autoriser à émettre de nouveau du crédit, soit pour nous aider à trouver un repreneur », a expliqué Morgane Gallet, une salariée du CIF Ouest. « Nous sommes rentables et il y a une forte demande de crédit des gens modestes à qui nous prêtions jusque-là », a-t-elle précisé.

Le CIF, spécialiste des prêts immobiliers aux particuliers, lié au mouvement HLM, a tenté sans succès de s'adosser à une banque après une décision de l'agence de notation Moody's d'abaisser sa note de trois crans, qui l'a privé de son accès au financement, l'organisme ne collectant pas de dépôts. L'Etat lui a accordé le 2 septembre sa garantie conditionnelle, à hauteur de 4,7 milliards d'euros. Celle-ci est encore soumise à un feu vert de la Commission européenne et du Parlement.

Le CIF dispose de 2,4 milliards de fonds propres et gère un encours de 33 milliards d'euros.