Depuis une dizaine d’années, le courtage en crédits a connu un fort développement en France. Du coup, les pouvoirs publics, soutenus par les professionnels du secteur, ont entrepris d’encadrer cette activité. Le point avec Christian Camus, directeur général de meilleurtaux.com (filiale de BPCE) et membre fondateur de l’APIC, l’Association professionnelle des intermédiaires en crédits.

Christian Camus, quel est le métier de meilleurtaux.com ?

Nous sommes des courtiers en crédit, c’est-à-dire que nous recherchons pour nos clients les modalités de financement les plus adaptées à leurs besoins. D'un côté, nous identifions ces besoins ; de l'autre, nous mettons en concurrence les offres de banques. A l'origine, nous ne nous occupions que de crédit immobilier. Depuis nous avons élargi notre champ de compétences à l’assurance emprunteur, au crédit à la consommation, à la défiscalisation immobilière, à la renégociation de crédits... Notre spécificité, par rapport à nos concurrents, est d'être à la fois présent sur internet, depuis 1999, et dans un réseau d’agences physiques, depuis 2005. Aujourd’hui, notre site compte environ un million de visites par mois, ce qui est un chiffre très important si on le compare avec le nombre de transactions immobilières, inférieur à 1 million par an en France. Quant à notre réseau, il compte 33 succursales, gérées par des salariés de meilleurtaux.com, et 102 franchisés.

Quel est votre modèle économique ?

Comme tous les courtiers, les banques nous versent un pourcentage sur le crédit vendu. En agence, nous percevons également des honoraires de la part du client, en échange du service fourni, qui comprend la comparaison des offres disponibles, mais aussi la constitution du dossier de prêt de A à Z. Toutes les banques nous rémunérant au même prix, nous n'avons par ailleurs aucun intérêt à travailler avec une plutôt qu'une autre.

Même avec la Caisse d’Epargne ou la Banque Populaire qui appartiennent, comme vous, au groupe BPCE ?

Nous ne sommes pas les seuls courtiers à appartenir à un groupe bancaire. Dans le domaine des placements, c’est aussi le cas de Boursorama (appartenant à la Société Générale, NDLR) ou de Fortuneo (propriété du Crédit Mutuel Arkéa, NDLR). Ensuite, nous ne sommes qu’une participation financière de BPCE, ce qui signifie qu’il n'y a pas de synergie particulière entre eux et nous. Nous adressons des demandes de crédit au groupe BPCE comme à d'autres groupes bancaires.

Meilleurtaux.com est également membre fondateur de l’APIC, l’association professionnelle des intermédiaires en crédits, fondée en septembre 2010. Pourquoi cette structure ?

L'activité de courtage en crédits immobiliers existe depuis longtemps. Mais historiquement, ces parts de marché étaient assez faibles. Depuis le début des années 2000, grâce à internet, la progression est devenue beaucoup plus rapide et constante, jusqu’à représenter aujourd’hui un crédit sur 4 ou sur 5, selon les régions. Cela a encouragé les pouvoirs publics à reconnaître cette activité et à l’encadrer. L’APIC les accompagne dans cette démarche.

Où en est, justement, la régulation de l’activité de courtiers en crédits ?

Une partie de la loi de régulation financière et bancaire, votée au mois d’octobre dernier, y est consacrée. Nous sommes en train de discuter avec les pouvoirs publics des décrets d'application, qui devraient sortir prochainement. La profession a également été intégrée au Comité Consultatif du Secteur Financier (CCSF), où je siège dorénavant en temps de représentant de l'APIC.

En quoi cet encadrement est-il nécessaire ?

Etant donné le poids économique croissant du courtage, la codification de normes professionnelles est indispensable. Lorsqu’il ne représentait que 1% ou 2% de l'activité de crédits, le sujet était moins sensible. Depuis qu’il concerne un quart des personnes en quête d'un crédit immobilier, c'est très différent. Aujourd’hui, aucun diplôme, aucune formation n’est nécessaire pour s’installer en tant que courtier. Nous estimons au contraire qu’il devrait y avoir un niveau de formation théorique minimum pour exercer, et un code des bonnes pratiques à respecter. La clé du développement de notre profession, c'est l'expertise et la qualité du conseil que nous vendons à nos clients, qualité qu’ils ne trouvent plus aujourd'hui dans les agences bancaires. Regardez ce qui se passe en Angleterre. C’est un des pays d’Europe où la régulation des activités de courtage est la plus forte. Et c’est également celui où la part de marché des courtiers est la plus importante.