Les deux courtiers en crédits immobiliers Meilleurtaux et Empruntis s’accordent pour dire que les taux vivent leurs dernières semaines de relative accalmie avant une remontée quasi-inéluctable.

Dans sa note de conjoncture de début décembre, le courtier Meilleurtaux maintient sa prévision d’une remontée progressive des taux. « Compte tenu de la hausse de l’OAT (Obligations assimilables au Trésor, NDLR) 10 ans et de la nécessité pour les banques de reconstituer leurs marges à l’approche de l’entrée en vigueur des règles prudentielles de Bâle III, nous privilégions le scénario d’une hausse progressive des taux pour le début de l’année 2012 », explique ainsi Hervé Hatt, le directeur général du courtier en ligne. Et ce malgré la baisse possible du taux directeur de la Banque centrale européenne (1,25% actuellement), qui pourrait être annoncée dans le courant de la semaine.

Le spectre de la perte du triple A

Quatre raisons laissent penser que cette hausse aura bien lieu : la volatilité de l’OAT 10 ans donc, principal indice de référence des taux immobiliers, mais aussi l’afflux des dossiers liés à trois mesures incluses dans les deux plans de rigueur du gouvernement : le recentrage du PTZ+ sur le neuf (qui reste à confirmer, le texte étant encore au Sénat), le repli du dispositif Scellier et l’alourdissement de la fiscalité sur les plus-values immobilières.

C’est aussi l’opinion d’un autre courtier, Empruntis, qui s’exprime par la voix de Maël Bernier, sa directrice de la communication : « (...) les banques qui sont totalement saturées de dossiers en raison notamment de la fin du PTZ+ dans l’ancien et de ses restrictions dans le neuf, ne sont pas en recherche de dossiers pour la fin de l’année (...) la perte du triple A français, si elle a lieu, engendrera quasi-automatiquement des hausses de taux pour les particuliers en conséquence d’un coût de l’emprunt plus élevé pour la France et donc les banques françaises sur le marché. En d’autres termes, si vous êtes emprunteur, n’attendez pas. »

Encore quelques baisses

Car en attendant la concrétisation de ces tendances, la hausse des taux moyens est encore très modérée. Selon les chiffres recueillis auprès du réseau de partenaires de Meilleurtaux, les taux fixes moyens début décembre sont de 4,02% sur 15 ans (+0,02 pt par rapport à novembre), 4,26% sur 20 ans (+0,02 pt), 4,44% sur 25 ans (+0,07 pt) et de 4,84% sur 30 ans (+0,04 pt).

Dans le détail, Empruntis constate même des baisses notables des taux minima, de l’ordre de 0,15% pour les meilleurs dossiers. Par contre, les emprunteurs moins pourvus (notamment en apport) ont de plus en plus de difficultés à se faire financer, en particulier sur du très long-terme. « Compte tenu du niveau des taux et des incertitudes sur l’évolution des prix et du marché immobilier, prendre un crédit sur 30 ans, non seulement coûte cher, mais est surtout plus risqué pour l’emprunteur comme pour la banque », confirme Sandrine Allonier, responsable des études économiques de Meilleurtaux.