Le prix payé par les banques quand leurs clients utilisent les distributeurs de billets de leurs concurrentes a augmenté de plus de 50% depuis le début de l’année. Quel sera l’impact sur le coût des retraits par carte bancaire ?

Les banques traditionnelles le demandaient depuis longtemps, elles ont finalement obtenu gain de cause. Selon le quotidien Les Echos, la commission interbancaire de retrait (CIR) est passée depuis le 1er janvier 2020 de 57 à 89 centimes d’euro par opération effectuée via le réseau français CB, une hausse de 56%.

Qu’est-ce que cette CIR ? Tout simplement le montant payé, à chacun de vos retraits d’espèces, par votre banque à la banque qui gère le distributeur automatique de billets (DAB). Une commission créée pour compenser les coûts liés à l’installation, l’entretien et l’approvisionnement du DAB. Son existence explique ainsi que la plupart des enseignes encouragent leurs clients à retirer dans leur propre réseau en rendant payant les retraits dits « déplacés ».

A consulter : les tarifs des retraits effectués dans un distributeur d’une autre banque

Les banques en ligne changent la donne

Le prix de la CIR n’avait plus évolué depuis 2011. Et à l’époque, c’est une baisse que l’Autorité de la concurrence avait arraché aux banques. Baisse qui, d’ailleurs, n’avait pas ou peu été répercutée sur le prix payé par les clients.

Qu’est-ce qui a changé depuis ? Deux phénomènes principalement. D’abord, une diminution du nombre de retraits effectués par les Français - 1,3 milliard en 2018, selon le Groupement des cartes bancaires, contre 1,5 milliard en 2014 -, qui a compliqué l’amortissement des coûts d’entretien des réseaux de DAB. Ensuite, une montée en puissance des banques en ligne (Boursorama, ING, Fortuneo, etc.) puis des néobanques (Orange Bank, N26, Revolut, etc.) qui, elles, ne disposent pas de leur propre réseau de DAB. Des « passagers clandestins » en quelque sorte, pour reprendre l’expression d’une source bancaire citée par Les Echos, que les réseaux traditionnels veulent mettre plus fortement à contribution.

Ainsi, cette augmentation de la CIR pourrait représenter, selon nos estimations, un surcoût de 20 à 25 millions d’euros pour les banques en ligne, soit 5 euros par environ par client et par an.

Les clients vont-ils devoir passer à la caisse ?

Reste à savoir si cette hausse sera répercutée sur les usagers. Du côté des banques traditionnelles, ce serait très étonnant. La plupart d'entre elles, celles notamment disposant d'un large réseau de DAB, sont en effet gagnantes dans l'opération. Et elles pénalisent déjà, dans leur immense majorité, les retraits déplacés.

Les banques en ligne, en revanche, pourraient être tentées de facturer les retraits. C’est déjà le cas d’ING, dont l’offre Essentielle, prévoit la facturation d’1 euro le retrait à partir du 6e par mois. De Hello Bank également, qui limite la gratuité aux DAB de sa maison-mère BNP Paribas, dans le cadre de sa nouvelle offre Hello One. Il paraît toutefois très improbable que cette tendance s’étende au-delà de quelques offres d’entrée de gamme, surtout destinées à capter une clientèle jeune. La gratuité des moyens de paiement reste en effet le principal argument des banques en ligne face aux enseignes traditionnelles.

Elles disposent par ailleurs d’une alternative : installer leurs propres distributeurs, pour capter des CIR. C’est déjà le cas d’Orange Bank, qui disposent de quelques DAB, à Paris et Rennes notamment. Alors, à quand des automates Boursorama, ING ou Fortuneo dans les centres-villes ?

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