Lancée en grande pompe en 2017, Orange Bank n'a jamais réussi à faire sa place sur le marché très concurrentiel de la banque 100% numérique. Alors que l'hypothèse d'une fermeture prochaine paraît de plus en plus probable, voici les raisons de ce fiasco, résumé en 3 chiffres.

C'est aujourd'hui, mercredi 28 janvier 2023, que le conseil d'administration d'Orange doit trancher sur l'avenir de sa filiale bancaire, Orange Bank. Selon une information du Figaro, confirmée par Les Echos, la piste privilégiée est celle d'une fermeture pure et simple, avec proposition de transfert des comptes vers Hello Bank !, la marque de banque en ligne de BNP Paribas.

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Ce dénouement, qui fait planer une ombre sur l'emploi des 700 salariés de la banque, est un énorme échec, économique mais aussi symbolique, pour Orange. Malgré des atouts indéniables - une marque de renom, un réseau physique de distribution, des moyens importants, Orange Bank n'a jamais réussi à atteindre les objectifs qui lui avaient été fixés. Voici 3 chiffres qui illustrent ce fiasco qui restera dans les annales.

Plus d'un milliard d'euros de pertes

Lancer une nouvelle marque bancaire coûte cher. Il faut en faire la promotion, attirer l'attention des futurs clients à coups de primes de bienvenue, faire les développements informatiques nécessaires pour accompagner la montée en charge... Mais Orange n'imaginait sans doute pas devoir autant dépenser pour installer la sienne. Fin 2018, soit un peu plus d'un an après son lancement, l'opérateur télécom annonçait qu'il était prêt à assumer de 500 à 600 millions de pertes pour son activité bancaire, avant d'atteindre la rentabilité espérée pour 2023.

Orange Bank prête à perdre 600 millions d'euros d'ici 2023

La facture a finalement été beaucoup lourde : fin 2022, Orange Bank avait enregistré plus d'un milliard d'euros de pertes (1,09 milliard précisément). L'année 2022 a d'ailleurs été la plus coûteuse pour son actionnaire, avec 200 millions d'euros de pertes. Des pertes qui devenaient difficiles à assumer, même pour un acteur aussi solide qu'Orange. D'autant que rien n'indiquait que la rentabilité puisse être atteinte rapidement.

2,6 millions de clients, mais seulement 500 000 clients bancaires

Pour parvenir à gagner de l'argent, il faut parvenir à fidéliser un certain nombre de clients, puis à les équiper en produits générateurs de PNB (produit net bancaire, équivalent du chiffre d'affaires dans le domaine bancaire). Or Orange Bank n'est jamais parvenu à atteindre, ni même à approcher, cette taille critique, estimée à 3 millions de clients par un expert interrogé par Le Figaro.

Ces derniers temps, Orange Bank revendiquait 2,6 millions de clients en France et en Espagne. Donc pas très loin de la ligne de flottaison. Mais ce chiffre est trompeur. Toujours selon Le Figaro, Orange Bank compte 1,5 million de clients en France. La moitié d'entre eux, environ, sont des personnes équipées uniquement d'un contrat d'assurance protégeant leur mobile et qui, pour la plupart, ne savent même pas qu'elles sont considérées comme clientes d'Orange Bank.

Reste donc 800 000 clients, dont 300 000 hérités de Groupama Banque, enseigne rachetée en octobre 2016 par Orange : la plupart finissent d'y rembourser un crédit contracté il y a longtemps. Au final, toujours selon Les Echos, le nombre de clients bancaires réellement captés par Orange Bank en France, et qui seront éligibles au transfert vers Hello Bank !, est évalué à 500 000.

Entre 400 et 500 euros d'encours moyen

Le nombre de clients ne fait pas tout. Avec moins d'un million de clients en France, Fortuneo, filiale du Crédit Mutuel Arkéa, est rentable depuis des années. Comment ? Grâce à l'engagement de ses clients. L'encours moyen des clients de la banque bretonne atteint, en effet, 30 000 euros, et même 40 000 euros si l'on considère uniquement les clients majeurs. Plus de la moitié d'entre eux y domicilient leurs salaires.

Chez Orange Bank, ce chiffre est 100 fois inférieur. Selon le Figaro, l'encours moyen y est compris « entre 400 et 500 euros ». La banque en ligne paie ainsi l'étroitesse de son catalogue, qui se limite, outre le compte courant, à un livret bancaire fiscalisé et du crédit conso.

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