Meilleurtaux met en garde sur la recrudescence d'arnaques au crédit immobilier et aux placements. Les victimes se comptent par milliers, avec un préjudice total dépassant le milliard d'euros.

Victoria et Romain, un jeune couple de moins de trente ans, avaient le projet de leur vie : acheter une maison à Roncq, dans le Nord de la France. Aidés par Sabine, la mère de Victoria, ils réalisent des simulations de prêt sur le site meilleurtaux.com. Suite à cela, Sabine est contactée par un individu se prétendant conseiller de Hello bank !, lui proposant un taux immobilier attractif de 2,2% inférieur au marché. Rassurés par son professionnalisme après vérification de son identité sur Internet, le couple verse 26 000 euros, toute leur épargne, sur un compte de nantissement, souligne La Voix du Nord.

Cependant, des mois plus tard, en discutant avec leur notaire du retard de leur dossier, ils réalisent que leur argent n'a jamais servi à leur projet immobilier. Ils étaient victimes d'une usurpation d'identité. Hello bank ! porte plainte, mais le fraudeur reste non identifié.

Interrogé par Challenges, Guillaume Autier, président de Meilleurtaux, exprime sa préoccupation face à la fréquence de telles escroqueries. « Des cas comme celui-ci, nous en rencontrons hélas toutes les semaines », explique-t-il à Challenges. Il met en garde également contre les arnaques aux placements via de fausses publicités sur les réseaux sociaux, imitant des institutions telles qu'Axa ou BNP Paribas, proposant des livrets à des taux irréalistes. Les victimes sont incitées à placer leur argent sur des comptes frauduleux.

50 plaintes déposées au pénal

Face à cette situation, Guillaume Autier a écrit au ministre de l'Économie Bruno Le Maire et à Nathalie Aufauvre de l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), le gendarme de la banque et des assurances, pour les, alerter sur ce problème et suggérer une réforme législative. Meilleurtaux, ayant déjà déposé 50 plaintes pénales, estime que des dizaines de milliers de Français ont été floués, avec un préjudice total dépassant le milliard d'euros.

Les méthodes des fraudeurs sont sophistiquées, utilisant des noms de domaines légèrement modifiés pour paraître crédibles, et exerçant une pression mesurée sur leurs victimes. Guillaume Autier souligne l'importance pour les consommateurs d'être vigilants face à des offres trop éloignées des conditions de marché habituelles.

Il propose un renforcement du contrôle sur les activités des banques étrangères en France, citant l'exemple de Revolut, et une meilleure traçabilité des numéros de téléphone utilisés dans les arnaques. Enfin, il appelle à une surveillance accrue de l'écosystème financier, incluant les réseaux sociaux, pour contrôler les fausses publicités.

« Jamais un courtier ne vous demandera de verser des frais ou honoraires avant que les sommes empruntées ne soient versées sur votre compte ! »

Au sujet des arnaques au crédit immobilier, Christelle Molin-Mabille, la déléguée générale de CNCEF Crédit, un syndicat de courtiers rappelait dans un communiqué que « jamais un courtier ne vous demandera de verser des frais ou honoraires avant que les sommes empruntées ne soient versées sur votre compte ! Cette pratique est formellement interdite par le Code monétaire et financier qui régit notre profession. »

Pour limiter le risque d'une telle arnaque, vous pouvez également vérifier le matricule du professionnel. « Il est enregistré à l'Orias, le registre national des intermédiaires en banque, finance et assurance. Sans ce numéro à 8 chiffres, impossible pour un professionnel d'exercer le métier de courtier. Il doit donc figurer sur tous ses documents : les contrats signés, les mentions légales mais aussi son site web. L'absence de cet identifiant préfigure donc une tentative d'arnaque. Mais sa présence ne suffit pas à innocenter votre interlocuteur », souligne Capital.

Par ailleurs, l'adhésion à une association professionnelle est obligatoire pour tous les courtiers ou mandataires de crédit, rappelle Capital. Six organismes ont ainsi été reconnus par l'ACPR.

Début janvier, l'ACPR indiquait avoir inscrit l'an dernier sur sa « liste noire » 1262 sites ou entités proposant des produits financiers sans y être autorisés. La perte moyenne observée concernant les faux livrets s'élève à 93 000 euros, « avec même un dossier à 1 million d'euros », selon l'ACPR. Concernant les faux crédits, la perte moyenne est de 13 000 euros, mais peut être plus élevée dans certains dossiers, jusqu'à 60 000 euros.