La Commission européenne a donné mercredi son feu vert au plan définitif de résolution du Crédit immobilier de France (CIF), pour lequel l'Etat accordera des garanties à hauteur de 28 milliards d'euros. Elle avait autorisé jusqu'ici une garantie de l'Etat français au CIF à hauteur de 19 milliards d'euros, en attendant que lui soit soumis le plan de résolution définitif.

Spécialiste du crédit immobilier aux ménages modestes, le CIF avait dû demander la garantie de l'Etat à l'été 2012 après un abaissement de sa note par l'agence Moody's, qui avait rendu impossible son refinancement sur les marchés.

« Je suis convaincu que le plan de résolution du CIF permettra de préserver la stabilité financière, tout en réduisant au minimum la charge pour les contribuables et en limitant les éventuelles distorsions de concurrence résultant de l'aide que l'Etat a accordée à la banque », a expliqué dans un communiqué le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia.

La Commission juge notamment que les garanties de refinancement en faveur du CIF sont nécessaires pour « éviter un effet de contagion sur le système bancaire français ». Le CIF « n'engagera plus aucune nouvelle activité et gérera ses actifs en extinction sur une période maximale de 22 ans », précise la Commission. Le portefeuille de crédits de la banque s'élève à 33 milliards d'euros environ. Le CIF liquidera ses actifs au fil du temps et financera cette liquidation sur les marchés financiers au moyen des garanties de refinancement accordées par l'Etat.

1.200 postes supprimés au premier trimestre 2014

Cette validation du plan définitif de résolution signe ainsi l'arrêt de toute nouvelle production de crédit pour l'établissement, ce qui se traduira par la suppression de plus de 1.200 postes au premier trimestre 2014.

« C'est à la fois un point d'arrivée et un point de départ », a commenté auprès de l'AFP son directeur général, François Morlat, indiquant que le groupe allait pouvoir accélérer au niveau social, sur le reclassement des employés, et au niveau de sa transformation. Parmi les 1.200 salariés concernés par les suppressions de poste, « 200 ont déjà trouvé un emploi dans le cadre du dispositif de mobilité externe mis en place » a indiqué François Morlat.

Le CIF mise sur le développement du courtage

Pour les autres, le CIF mise beaucoup sur le développement du courtage de prêts immobiliers, un « secteur qui a le vent en poupe », et prévoit notamment la création d'une formation dédiée.

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Si la direction affirme que l'accord avec les organisations syndicales a été qualifié de « digne » par l'intersyndicale du groupe, la déléguée centrale du Syndicat national des banques (SNB, affilié CFE-CGC) estime que la « tristesse » et « la colère » sont là. « Il y a beaucoup de colère vis-à-vis de Bercy, du gouvernement actuel et du précédent, et du monde bancaire » qui, selon Ida Magneron « nous ont lâchés alors que notre société avait du potentiel ». Et la « colère aussi de constater que l'enveloppe consacrée au plan social (525 millions d'euros) est inférieure à ce que toucheront les actionnaires, 650 millions » à l'extinction du groupe.

La direction ne détaille pas les montants en jeu mais indique se situer dans la moyenne des enveloppes des grands plans sociaux d'entreprise. Elle précise que les sommes dévolues aux salariés seront intégralement provisionnés dans les comptes 2013. La banque gardera environ 900 salariés qui gèreront les prêts immobiliers de 385.000 clients, secteur dans lequel elle compte devenir « une référence ». L'effectif de ces équipes décroîtra progressivement avec l'encours.