Cafpi, Ace Crédit, Immoprêt ou encore VousFinancer : dans leurs dernières annonces, quasiment tous les courtiers en crédit immobilier témoignent d'une poursuite de la baisse des taux fixes sur ce premier trimestre 2015. En revanche, les analyses divergent quant aux conséquences et sur les principaux bénéficiaires de cette situation.

Sur le premier trimestre 2015, la majorité des courtiers en crédit immobilier constatent une nouvelle érosion des taux d’emprunt. Chez Cafpi, on affiche ainsi pour le mois de mars des taux moyens de marché à 2,29% sur 15 ans (2,38% en février), 2,56% sur 20 ans (contre 2,64%) et 3,06% sur 25 ans (contre 3,14%). Sur février, Ace Crédit relevait aussi des taux (hors assurance) en baisse dans ses agences : 2% sur 15 ans (-0,15 point par rapport à janvier) 2,15% sur 20 ans (-0,10 point) et 2,50% sur 25 ans (-0,15 point).

Seul Immoprêt témoigne d’une stagnation, avec des taux annoncés à 1,85% sur 15 ans, 2,20% sur 20 ans et 2,70% sur 25 ans. « Nous notons que les taux de crédit de février et mars 2015 sont identiques », souligne son fondateur Ulrich Maurel. « Nous nous attendons à un statu quo des taux d’emprunt sur le premier semestre. »

Avantage à ceux qui ont déjà un crédit

Quelles conséquences attendre de cette baisse des taux fixes ? A qui bénéficie-t-elle le plus ? Les analyses des courtiers sont cette fois-ci nettement plus divergentes. Ainsi, pour Cafpi, les grands gagnants sont « les propriétaires vendant leur résidence principale pour en acheter une nouvelle ». En effet, comme « ils achètent dans l’ancien à plus de 93% », explique le courtier, « leur pouvoir d’achat a encore progressé partout en France », sous l’effet cumulé de la baisse des taux et des prix.

Avantage également pour la renégociation de crédits immobiliers, qui constitue aujourd’hui chez VousFinancer « 40% des dossiers de prêts, contre 21% en 2014 ». Son président Jérôme Robin affirmant par ailleurs que « le niveau historiquement bas des taux profite actuellement davantage à ceux qui ont déjà un crédit qu’aux potentiels acheteurs qui restent attentistes en raison du contexte économique ».

Autre son de cloche chez Ace Crédit, où son fondateur Joël Boumendil juge que ce contexte de taux très bas « permet de doper fortement le pouvoir d’achat des primo-accédants, mis à l’écart jusque-là du marché immobilier compte-tenu des prix élevés de l’immobilier ». Une opinion qui n’est pas partagée par VousFinancer, pour qui « seuls 25% des emprunteurs achètent pour la première fois, un chiffre en baisse de 10 points par rapport à 2014 ». Le courtier explique ce fort recul notamment par le manque d’attractivité du nouveau prêt à taux zéro dans l’ancien, encore trop restreint géographiquement. Certes, la responsable des relations banques de VousFinancer remarque que, « bénéficiant de l’effet resolvabilisateur de la baisse des taux de crédit, les primo-accédants qui ont franchi le pas en ce début d’année ont emprunté en moyenne 13.000 euros de plus qu’en 2014, avec des revenus équivalents et un montant moyen d’apport en légère baisse ». Mais elle ajoute qu’avec « le contexte actuel, avec un taux de chômage élevé et 90% des embauches en CDD ou en intérim, beaucoup de particuliers diffèrent leur achat ».

Evolutions contradictoires entre primo-accédants et accédants

Dans son profil des emprunteurs, Cafpi estime que les primo-accédants ont emprunté 168.285 euros sur 238 mois en janvier 2015, soit près de 1.000 euros de moins qu’en janvier, sur une durée allongée de 5 mois. Une évolution à rebours de celle constatée pour les accédants, sur une durée nettement plus courte : 200 mois (contre 202 en décembre). Cafpi observe d'ailleurs que « le raccourcissement de la durée des prêts est une constante depuis mi-2014. A cela deux explications possibles : la baisse des prix d’achat ou la hausse des apports personnels… ou un cumul des deux ».

En parallèle, le courtier note que « les banques prêtent » en ce début d'année. « Elles n’ont pas durci leurs conditions d’octroi des crédits et disposent de ressources monétaires en quantité et bon marché. Une situation [qui devrait] perdurer au moins jusqu’à l’été ».