Après avoir gelé ses tarifs en 2023, La Banque Postale appliquera une vingtaine de hausses à compter du 1er janvier 2024. Trois d'entre elles concernent des frais liés au découvert et aux incidents de paiement, dont la très contestée commission d'intervention.

Début 2023, La Banque Postale figurait parmi les six banques qui avaient choisi d'appliquer un gel de leurs tarifs bancaires. Au-delà, donc, de la promesse faite par le secteur, sous pression du gouvernement, de limiter cette hausse à 2%, un niveau inférieur à la hausse globale des prix (5,2% en 2022). En 2023, l'inflation restera à un niveau élevé, toujours proche de 5%. Mais de gel, cette fois, il n'y aura pas.

La Banque Postale vient de communiquer à ses quelque 11 millions de clients particuliers la brochure tarifaire qui entrera en vigueur à compter du 1er janvier 2024. Y figure une vingtaine de hausses tarifaires, dont trois concernent les découverts, sujet particulièrement sensible pour les ménages qui peinent actuellement à boucler leurs fins de mois.

La commission d'intervention proche du plafond légal

Par son coût, sa récurrence et le flou qui entoure la réalité du service qu'elle rémunère, la commission d'intervention incarne, pour certains, tout ce qui ne va pas dans la manière dont les banques françaises pénalisent les incidents de paiement. A tel point qu'elle figure parmi les rares lignes tarifaires que les pouvoirs publics ont pris la peine de plafonner.

A La Banque Postale, le prix de cette commission, facturée en cas de fonctionnement irrégulier du compte, le plus souvent en cas de découvert non autorisé ou de dépassement de l'autorisation de découvert, va passer de 6,90 à 7,90 euros, soit une hausse de 14,5%. La Banque Postale se rapproche tout près du maximum légal, fixé à 8 euros. La banque, en revanche, ne change pas les plafonds journaliers (27,60 euros par jour) et mensuels (75,90 euros par mois, soit légèrement inférieur aux 80 euros réglementaires), qui limitent un peu l'accumulation de ces frais en cas de découvert chronique.

Cette hausse, par ailleurs, n'affecte pas les « 360 000 clients en situation de fragilité financière et disposant d'une Formule de Compte Simplicité », nous explique la communication de La Banque Postale. Ces derniers continuent à bénéficier de frais réduits de 4 euros par commission d'intervention et d'un plafonnement mensuel à 20 euros.

Hausse de 100% pour le minimum forfaitaire d'agios

Le prix d'une autre ligne tarifaire polémique va augmenter en début d'année prochaine : le minimum forfaitaire d'intérêts débiteurs (ou agios). Là, le bond est spectaculaire : +100% ! Heureusement, ce minimum est bien moins coûteux qu'une commission d'intervention : il va passer de 1,50 à 3 euros par trimestre.

Pour mémoire, il est facturé aux clients de La Banque Postale ayant été à découvert lors d'un trimestre civil, même de quelques centimes et/ou pendant quelques heures, dès lors que le montant moyen de ce découvert n'a pas dépassé 400 euros sur la période. Toutefois, la majorité y échappe, nous explique la communication de la banque, puisque ces frais sont remboursés automatiquement aux détenteurs d'une offre groupée de services.

Le timing, toutefois, n'est pas idéal. Jeudi dernier, 12 octobre, l'Observatoire des tarifs bancaires du CCSF (1) a pointé, dans son rapport annuel, la généralisation progressive de cette ligne tarifaire, autrefois absente de la grande majorité brochures tarifaires. Dans la foulée, l'association de consommateurs UFC-Que Choisir a tout simplement demandé son interdiction. Elle permet, il est vrai, de facturer plus sévèrement, en proportion, les petits découverts que les gros.

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Toujours parmi les banques les moins chères

Le dernier tarif lié au découvert en hausse est celui de la lettre d'information préalable au rejet d'un chèque, envoyée à l'auteur d'un chèque sans provision, afin de pouvoir régulariser sa situation et éviter le rejet du chèque, et les frais qui vont avec. Cette lettre sera facturée 13 euros à partir du 1er janvier prochain, contre 12 euros actuellement, soit une hausse de plus de 8%. Là encore, cette augmentation rapproche La Banque Postale du tarif moyen facturé par les banques françaises (13,01 euros ce jour).

Malgré ces augmentations, La Banque Postale « reste mobilisée en faveur du pouvoir d'achat de ses clients dans un contexte inédit d'inflation soutenue et de remontée des taux », explique sa communication. Elle continuera, de fait, à figurer parmi les banques les moins gourmandes du marché. On la retrouve actuellement à la 13e de notre classement des banques les moins chères pour un profil standard, et à la 7e place si l'on retient uniquement les banques disposant d'un réseau d'agences.

Notre classement des banques les moins chères

(1) Comité consultatif du secteur financier, organe de concertation entre les pouvoirs publics, les banques et les représentants des syndicats du secteur bancaire et des consommateurs.