Côté pile, les prix des services bancaires les plus courants ont stagné, voire baissé en 2023, selon l'Observatoire des tarifs bancaires de la Banque de France. Côté face, ce dernier pointe le développement discret de nouvelles lignes tarifaires, liées notamment à l'autorisation de découvert.

Mission accomplie. Selon l'Observatoire des tarifs bancaires (OTB) de la Banque de France, qui publie aujourd'hui son rapport annuel, les établissements bancaires ont tenu leur engagement de limiter à 2% maximum la hausse de leurs frais en 2023, bien en dessous des 4% d'inflation attendus cette année.

Mieux, les tarifs bancaires suivis de près par l'Observatoire, ceux qui sont les couramment facturées, sont tous soit stables, soit en baisse par rapport à 2022. Evidemment, tout le monde n'en a pas également bénéficié. Cette réalité statistique, en effet, doit beaucoup à l'alignement des tarifs du Crédit du Nord sur ceux, meilleur marché, de la Société Générale, dans le cadre de la fusion des deux réseaux. La promesse, cependant, est remplie.

Tout en l'actant, l'OTB pointe une autre tendance, bien connue, de l'évolution des frais bancaires : celles qui consistent à créer ou généraliser de nouvelles lignes tarifaires. Une manière, peut-être, de compenser le coût des efforts faits par ailleurs. Le phénomène avait déjà été observé au début des années 2010, lorsque la facturation de frais de tenue de compte, auparavant rares, avait été généralisée en quelques années. Résultat : le prix moyen de ces frais, que les clients équipés d'offres groupées de services (ou packages) ne paient généralement qu'indirectement, a augmenté de 180% entre fin 2012 et début 2023.

Seule une banque sur trois se contente des agios

Le phénomène semble se reproduire aujourd'hui avec les frais annexes à l'autorisation de découvert. Mettre son compte à découvert, même avec l'accord de sa banque, n'est pas gratuit. Dans ce cas de figure, des intérêts débiteurs, communément appelé agios, sont facturés. Ils sont toutefois peu coûteux. Même si votre banque cale sa rémunération sur le maximum autorisé, soit le taux d'usure (21,75% actuellement jusqu'à 3 000 euros), un découvert de 200 euros pendant 15 jours coûte seulement 1,80 euro.

Les banques se contentant de ces intérêts débiteurs, néanmoins, sont de plus en plus rares : 28 sur les 86 banques étudiées, soit une sur 3 environ. « Essentiellement les Caisses du Crédit agricole et les banques en ligne », note l'OTB.

Les autres ? Elles facturent des frais annexes :

  • des frais de dossier prélevés en une fois à la mise en place de l'autorisation (20 banques) ;
  • des frais de gestion ou de renouvellement, prélevés tous les ans (33 banques), que l'autorisation de découvert soit utilisée ou non.

Certaines banques cumulent les deux. C'est le cas, par exemple, de la banque préférée des Français, le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, dont les fédérations facturent 34 euros par an l'accès au découvert autorisé. Notons cependant que les clients équipés d'offres groupées de service sont généralement exonérés de ces frais.

Faut-il en finir avec le découvert bancaire, ce « vestige d'une époque révolue » ?

Le minimum forfaitaire d'intérêts débiteurs en voie de généralisation ?

Une autre ligne tarifaire « tend à se développer », note l'OTB : le minimum forfaitaire d'agios, facturé par 40 établissements. Une pratique parfaitement légale et encadrée par le Code monétaire et financier. Elle consiste à facturer un forfait aux personnes ayant été au moins une fois à découvert au cours du trimestre civil, dès le premier centime d'euro, lorsque le découvert journalier moyen a été inférieur à 400 euros, parfois moins dans certaines banques.

Résultat : un découvert de 5 centimes d'euros peut coûter de 1,50 euro (à La Banque Postale) à 16 euros (à la Banque Populaire Occitane), et ce chaque trimestre. Evidemment, le coût de ce minimum n'entre pas dans le calcul du taux débiteur. Si c'était le cas, il serait largement usuraire.

Une précision pour finir : contrairement à la pratique pour les frais de gestion, les personnes équipées d'une offre groupée de services ne sont, cette fois, pas exonérées.

Le classement des banques les moins chères