Si les taux baissent encore pour certains profils, d’autres ont en revanche beaucoup plus de mal à décrocher un prêt. Mieux vaut avoir un solide apport.

C’est la stabilité qui prédomine en cette rentrée sur le front des taux immo. « Les traditionnelles augmentations observées en été, permettant de réguler naturellement l’activité de crédit immobilier, n’ayant pas eu lieu cette année, les baisses de taux qui s’affichent généralement à la rentrée de septembre pour relancer la machine du crédit n’ont pas lieu non plus », commente Frank Roullier, président d’Empruntis.

Des taux quasi record

Résultat, « malgré une conjoncture économique instable, nous observons que les taux restent encore très bas », constate Hervé Hatt, le président de Meilleurtaux. « Même s'il apparait que la hausse des taux enregistrée pendant le confinement n'a pas été annulée avec le déconfinement, les taux pratiqués restent encore proches des records ».

Les taux d’emprunt moyens dans les banques pour septembre 2020

  • Sur 15 ans : 1,10% d’après Meilleurtaux ; 1,10% selon Vousfinancer ; 1,15% selon Empruntis
  • Sur 20 ans : 1,30% d’après Meilleurtaux ; 1,30% selon Vousfinancer ; 1,30% selon Empruntis
  • Sur 25 ans : 1,65% d’après Meilleurtaux ; 1,55% selon Vousfinancer ; 1,60% selon Empruntis

Taux moyens constatés par les réseaux de courtage, sur la base des barèmes fournis par les banques. Ils ne tiennent pas compte du coût de l’assurance emprunteur.

Une situation qui devrait même perdurer, à en croire Maël Bernier, la directrice de la communication du courtier. « Pas d’inquiétude, nous sommes dans un tunnel de taux bas et cela va durer », explique-t-elle dans une vidéo diffusée ce vendredi.

Mais cette relative stabilité est en trompe-l’œil. En effet, les meilleurs profils arrivent à tirer leur épingle du jeu pour obtenir des taux canons. Si certaines banques ont déjà atteint leurs objectifs de production de crédit, elles se battent pour attirer les bons dossiers, « également privilégiés par les banques en conquête de clientèle », comme le note Vousfinancer. Les établissements visent les hauts revenus qui peuvent obtenir alors 0,70%, 0,85% et 1,05% sur les durées de 15, 20 et 25 ans, constate le courtier Pretto.

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A l’inverse, les banques se montrent très vigilantes sur l’endettement des emprunteurs et le secteur d’activité de l’entreprise dans lequel ils travaillent, prévient Maël Bernier. Les incertitudes économiques risquent d’entraîner un bond des licenciements dans les semaines à venir. Résultat, une hausse des refus de prêt : 10,7% en août d’après Vousfinancer, soit deux fois plus qu’en 2019.

10% d'apport demandé

Dans ce contexte, pour décrocher un prêt, il faut montrer patte blanche. « Les banques demandent presque toutes systématiquement 10% d’apport pour financer les frais liés à l’achat ainsi qu’une épargne résiduelle après opération, de 5 000 euros en moyenne, en cas d’imprévus ou de coup dur, explique Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer. Et pour avoir un bon taux et limiter le risque, mieux vaut avoir encore 10% d’apport de plus, de façon à ce que la banque ne finance que 90% de la valeur du bien. Au total, cela fait plus de 20% d’apport demandé ! C’est pourquoi désormais, après avoir obtenu un ou deux refus, certains de nos clients, lorsque cela est possible, demandent l’aide de leur famille pour compléter leur apport et obtenir enfin un accord… »

Malgré tout, il est toujours possible d’obtenir un emprunt sans apport dans certaines banques mutualistes. Mais il y a des conditions : avoir moins de 35 ans et présenter un dossier qui « dénote une gestion de budget très saine, sans crédit et avec un peu d’épargne de précaution de côté », explique Pretto.

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