Crédit immobilier : ces banques qui font grimper les taux

Le marché du crédit immobilier est frappé de plein fouet par l'épidémie de coronavirus avec une activité en berne. Certains établissements veulent profiter de la situation pour se refaire une santé.

Des taux toujours très bas, mais qui commencent à reprendre le chemin de la hausse. La lutte contre l'épidémie de coronavirus bouleverse le marché immobilier et certaines banques en profitent.

Résultat, sur la quinzaine de nouveaux barèmes communiqués, 95% des établissements annoncent des hausses de 0,05...à 0,70% pour l’une d’entre elles sur les moins bons profils, constate le courtier Vousfinancer. Si les remontées de taux concernent essentiellement des banques régionales, une grande banque nationale propose ainsi sur 20 ans entre 1,35% à 2,35% contre de 0,85 à 1,65% le mois dernier.

« Globalement, la plupart des hausses constatées sont aux alentours de 0,15 à 0,25% », tempère Sandrine Allonier. Son de cloche similaire chez Meilleurtaux. Maël Bernier, la directrice de la communication, relève des augmentations moyennes comprises entre 0,20% et 0,30% selon les banques, les durées et les profils. « Néanmoins, ces informations doivent être prises avec prudence car nous n'avons pas reçu l'ensemble des barèmes bancaires et de très grandes banques sont aujourd'hui en production très restreinte et donc ne communiquent pas sur leurs taux », explique-t-elle.

« La hausse des taux constatée ce mois-ci s’explique par une moindre pression concurrentielle sur le front du crédit immobilier, segment délaissé par une majeure partie de banques en ce temps de crise majeure. La crise du Covid-19 a clairement bousculé le secteur bancaire, qui doit répondre à divers besoins liés au choc sanitaire, dont le financement des entreprises », relève Alban Lacondemine, le président d'Emprunt Direct.

« Les banques souhaitent reconstituer leurs marges à un moment où il y a moins de concurrence car elles sont actuellement peu nombreuses à accepter encore de traiter les nouvelles demandes de prêt… », abonde Sandrine Allonier.

Dans les faits, les demandes de crédit sont pour l'instant en forte baisse. Chez Vousfinancer, on constate ainsi une chute de 72%, sur un an, lors des 3 premières semaines de confinement, « même s’il est toujours possible d’obtenir un crédit immobilier, avec beaucoup de patience ».

Si les projets immobiliers des particuliers sont donc pour la plupart en pause, se pose la question de la suite : les taux vont-ils continuer à monter à l'issue de cette crise sanitaire et désormais aussi économique ?

« Tout dépendra de la durée du confinement… si celui-ci se prolonge, cela se traduira par une chute des demandes de prêts sur plusieurs semaines. Dans ce contexte, les banques pourraient souhaiter maintenir des taux bas pour relancer la machine et rattraper le retard, et pourraient être prêtes à rogner sur leurs marges pour relancer la machine... », anticipe Sandrine Allonier.

Maël Bernier a une lecture différente. « Il est très difficile à ce stade de se projeter mais a priori si la sortie de crise est rapide, c’est-à-dire courant mai, nous pouvons nous attendre à une hausse légère comprise entre 0,20% et 0,30%. Néanmoins, quand sera la sortie de crise ? Il faut être vraiment prudent sur les annonces », conclut la porte-parole de Meilleurtaux.

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