Nouvelle tempête boursière pour les banques. Les titres Société Générale, BNP Paribas et le Crédit Agricole ont fini en forte baisse ce mercredi. Après la faillite de la banque américaine SVB, c'est la situation de la banque Credit Suisse qui inquiète et pénalise l'ensemble du secteur bancaire.

Cette fois, ça y est : après un court répit hier mardi, la tempête boursière enclenchée par la faillite de la banque états-unienne SVB a bien atteint la France et l'Europe. Et les premiers naufragés, logiquement, sont les banques.

A la clôture, les deux principales enseignes commerciales françaises, BNP Paribas et Société Générale, ont enregistré une forte baisse : - 10,11% pour la première et moins 12,18% pour la seconde, lanterne rouge du CAC 50. De son côté, Crédit Agricole a perdu plus de 5%.

La contagion passe notamment par Crédit Suisse, une grande banque européenne, de taille dite « systémique », déjà fragilisée par plusieurs scandales. Elle a perdu aujourd'hui plus d'un quart de sa valeur boursière, après que son principal actionnaire a exclu de la renflouer en cas de besoin.

Malgré les discours rassurants, faut-il commencer à s'inquiéter ? A quel point cet effondrement en bourse fragilise-t-il les banques françaises ? Faut-il, en tant que client, prendre des mesures ?

« C'est irrationnel »... Devez-vous craindre une nouvelle crise bancaire après la faillite de SVB ?

Pourquoi les banques plongent-elles en bourse ?

Il s'agit du contrecoup de la chute, la semaine dernière, de Silicon Valley Bank (SVB), deuxième plus importante faillite de l'histoire bancaire des Etats-Unis après celle de Lehmann Brothers, en septembre 2008. « (...) On s'y attendait après un choc pareil (...) », explique Thomas Perret, président de Mon Petit Placement, dans une communiqué. « Il ne faut cependant pas surréagir et s'armer de patience. Le système bancaire français est solide et a un ratio de liquidité qui est élevé. »

Ce mercredi, la Première ministre, Elisabeth Borne, a demandé aux autorités suisses de régler les problèmes de la banque Credit Suisse. La cheffe du gouvernement a réaffirmé que les banques françaises n'étaient pas affectées par cette faillite. « Je vous confirme, comme le ministre des Finances l'a rappelé hier, que les banques françaises ne sont exposées à aucun risque à la suite de la faillite de la SVB », a-t-elle dit.

Ma banque est-elle fragilisée ?

Une baisse brutale de la valeur boursière d'une banque ne signifie pas automatiquement qu'elle est, en tant qu'entreprise, en grande difficulté. La chute aujourd'hui de Société Générale ou BNP Paribas est spectaculaire, mais pas inédite.

Depuis la crise financière de 2008, les exigences réglementaires pesant sur les banques européennes ont été renforcées, pour prévenir la survenue d'une nouvelle crise de l'ensemble du système bancaire. Elle doivent respecter une série de règles prudentielles, notamment un ratio dit de liquidité à court-terme. Il leur impose de disposer de suffisamment d'actifs liquides (donc facilement mobilisables) pour faire à une soudaine crise de liquidité, par exemple à un retrait massif des dépôts de leurs clients.

Leur capacité à résister à des chocs du type de celui qui est en train d'intervenir, a été testée à plusieurs reprises par la Banque centrale européenne, et aucune banque française n'a, à notre connaissance, échoué à ces stress tests.

Résultat, elles sont, de l'avis de tous les observateurs, bien mieux armées qu'elles ne l'étaient en 2008 pour résister à un nouveau choc, même systémique. « Il n'y a pas de raison de s'inquiéter », estime Xavier Timbeau directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

« La banque Crédit Suisse ne va pas bien et on le sait depuis longtemps. Là elle vient de reconnaître des faiblesses dans ses contrôles internes. Elle renforce de nouveau la défiance sur l'ensemble du secteur bancaire. Mais comme avec la faillite la semaine dernière de la banque américaine SVB, il n'y a encore une fois pas de raison d'extrapoler cette situation avec celle des autres établissements bancaires. Toutes les autres banques comme BNP Paribas ou Société Générale sont attaquées en Bourse pourtant elles n'ont pas de problèmes. Elles sont bien gérées. Il faut que les particuliers se rassurent : les banques françaises vont bien », abonde Eric Dor, directeur des Études économiques à l'école de commerce IESEG.

Mes dépôts à la banque sont-ils en danger ?

Rien n'indique, à ce stade, que la situation puisse se dégrader au point de vous priver d'accès à vos liquidités. En clair, il paraît inutile de vider vos comptes courants ou d'épargne.

Rappelons également que votre argent, si vous l'avez confié à un établissement de crédit, est couvert par un mécanisme de garantie des dépôts, à hauteur de 100 000 euros par client et par banque. Et ce hors livrets d'épargne réglementée (Livret A, LDDS, LEP, CEL, Livret Jeune, etc.), qui, eux, sont couverts par une garantie de l'Etat. Si vous possédez une assurance vie ou des titres boursiers, un mécanisme du même type vous couvre également, à hauteur cette fois de 70 000 euros.

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