Les titres des grandes banques françaises, BNP Paribas, SG ou encore Crédit Agricole ont dévissé en Bourse ce lundi après la faillite de la banque américaine SVB. Faut-il craindre une nouvelle crise bancaire ? Elements de réponse.

Lundi noir pour les banques françaises en Bourse. BNP Paribas a plongé de 6,80%, Société Générale de 6,23% et Crédit Agricole de 3,07%. Une chute qui fait suite à la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB). SVB, qui ne parvenait plus à faire face aux retraits massifs de ses clients, a été fermée vendredi par les autorités américaines. Voici les questions que pose cette faillite.

Pourquoi la banque SVB s'est-elle effondrée ?

« SVB était notamment exposée aux entreprises de la tech, dont certaines avaient besoin de puiser dans leurs liquidités pour continuer à fonctionner. Mais SVB a fait une grosse erreur de gestion bilantielle. Depuis la faillite de la banque Lehman en 2008, les banques doivent conserver assez de cash pour faire face à d'éventuels retraits massifs de la part de leurs clients Sauf que la SVB a placé une grosse partie de ses avoirs sur des obligations, certes peu risquées, mais à taux fixe à long terme », résume Marc Tempelman, cofondateur de la solution d'épargne mobile Cashbee. « Et avec la hausse des taux d'intérêt, la valeur de ses obligations a chuté. Pour faire face aux demandes de retrait, elle a été obligée de vendre une partie de ces obligations à perte. »

Faut-il craindre une crise comme celle de 2008 ?

« Les problèmes de SVB sont très éloignés des causes de la grande crise financière de 2008. Cette crise avait été causée par l'octroi de prêts immobiliers trop risqués, qui avaient ensuite été titrisés et revendus à des banques du monde entier. Lorsque la Fed avait augmenté ses taux, beaucoup d'emprunteurs avaient été en défaut, et les actifs adossés à des prêts immobiliers titrisés s'étaient fortement dépréciés, entraînant des pertes pour les banques qui les détenaient. Comme il y avait une forte interdépendance entre les banques, et une forte opacité sur leurs expositions aux actifs risqués, la confiance s'était détériorée et le marché interbancaire avait été fortement affecté. On est très loin de tout cela maintenant », estime Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management. Et de poursuivre : « Les banques européennes sont de toute manière très peu concernées. Les banques sont beaucoup mieux capitalisées qu'à l'époque de la grande crise financière et leur liquidité s'est améliorée. La rentabilité des banques européennes a été, récemment, globalement excellente ».

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Quels sont les risques pour les banques françaises ?

Les actions des groupes bancaires ont chuté dès vendredi matin et la débâcle s'est poursuivie ce lundi. Ce matin, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a cherché à rassurer le grand public : « Je ne vois pas de risque de contagion, donc il n'y pas d'alerte spécifique ».

« Nous avons des banques qui sont solides », « un système bancaire qui est solide » et « un ratio de liquidités qui est élevé », a affirmé Bruno Le Maire en ajoutant que les établissements bancaires français avaient « des secteurs d'activité très diversifiés ». Les banques françaises « ne sont pas exposées à un seul secteur d'activité », à l'instar de la Silicon Valley Bank (SVB), qui était presque exclusivement exposée au secteur des nouvelles technologies, a ainsi souligné le ministre. Avant de lancer aux investiseurs : « Calmez-vous, calmez-vous, et regardez la réalité ! ».

La Banque de France a aussi pris le relais pour, là encore, rassurer sur les éventuels risques de contagion. D'autant que deux autres banques sont aussi allées au tapis outre-Atlantique : Silvergate Bank et Signature Bank. Les banques françaises « ne sont pas exposées » à la banque américaine en faillite Silicon Valley Bank, a ainsi affirmé une porte-parole de la Banque de France.

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de la Fédération bancaire française (FBF) a indiqué que la fédération professionnelle « souscrivait » aux déclarations de la Banque de France et de Bercy.

« Cette défiance est exagérée car les banques européennes fonctionnent différemment de celles qui ont des problèmes aux Etats-Unis. C'est émotionnel et donc irrationnel. La chute en Bourse des banques en France et en Europe est le fruit de l'incompréhension de la part de nombreux investisseurs sur les vraies raisons de la faillite de la SVB. Dans ce contexte, je pense que les bourses européennes vont se ressaisir dans les jours à venir », estime l'économiste Eric Dor.

Quelles conséquences pour les épargnants français ?

« Les épargnants doivent se rappeler qu'un Fonds de garantie (FGDR) protège leurs avoirs à hauteur de 100 000 euros de dépôts par banque et 70 000 euros dans le cadre d'un contrat d'assurance vie. Cette double protection doit rassurer la plupart des épargnants. Pour les plus fortunés, la faillite de SVB vient rappeler l'importance de diversifier ses placements et d'être multi-bancarisé pour profiter de la protection la plus large possible », analyse Marc Tempelman.

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