Avec Ma French Bank, La Banque Postale met un pied sur le marché de la néobanque 100% mobile, déjà bien encombré. Qu’est-ce qui différencie la nouvelle enseigne de ses concurrentes ? Quels arguments a-t-elle à faire valoir ?

« Une banque utile au quotidien », « conçue pour simplifier la vie », « mobile first » mais « humaine » : la présentation de Ma French Bank, banque mobile filiale à 100% de La Banque Postale, hier à Paris, avait des airs de « déjà-entendu ». A chaque présentation de néobanque en effet, son lot de poncifs sur les nouvelles manière de consommer la banque.

Le problème de Ma French Bank, c’est qu’elle débarque, avec pas mal de retard, sur un marché français de la néobanque déjà bien encombré : 5 ans après Nickel, deux ans après N26, un an et demi après EKO et Orange Bank…. Pour se distinguer et justifier son lancement à contre-temps, elle est donc attendue sur le terrain des nouveautés. Mais qu’a-t-elle à proposer de plus que ses concurrents ? Nous avons passé son offre au peigne fin.

« Communautaire » et « solidaire »

C’est un des principaux axes de communication de Ma French Bank : l’intégration de « services communautaires et solidaires ». A première vue, « We partage » et « Let’s Cagnotte » ne sont pas particulièrement innovants. Le premier est un service de partage de dépenses, comme on en trouve notamment chez Lydia ou Bunq. Le second est un système de cagnotte en ligne, comme on en connaît déjà de nombreux. Ma French Bank a toutefois le mérite d’intégrer nativement ces deux services, ce que seule Lydia proposait jusqu’ici.

Plus original, La Banque Postale s’appuie sur sa filiale KissKissBankBank pour intégrer du financement participatif. Il sera donc possible, depuis l’application mobile, de lancer un projet à financer et de suivre son avancement, ou de participer au financement de projets tiers, « présentés sur l’application selon les centres d’intérêt du client », explique un communiqué.

Une « French » banque

« So fresh, so French ! » Dans sa communication, Ma French Bank abuse autant des anglicismes qu’elle insiste sur un point clé : elle est une banque, et une banque française. Contrairement à Nickel - qui est un établissement de paiement - ou EKO - une simple formule d’entrée de gamme du Crédit Agricole -, elle dispose en effet d’un agrément d’établissement de crédit à part entière, distinct de celui de La Banque Postale. Celui-lui permet d’emblée de proposer à ses clients de l’épargne et du crédit (nous y reviendrons) et va aussi l’autoriser à étoffer son offre « progressivement sur les années à venir », promet-elle.

Contrairement à N26 ou Revolut, elle est aussi une banque française. Son siège social se situe à Paris, « au sein de l’un des pôles d’innovation de La Banque Postale », rappelle le communiqué de lancement. A l’heure du passeport européen, qui permet à tout établissement de crédit agréé dans l’UE d’exercer dans les autres pays de la zone sans demander de nouvelle agrément, ce n’est pas forcément stratégique. Mais cela permet au moins à Ma French Bank de proposer à ses clients un numéro de compte français, et de leur éviter ainsi certains désagréments.

Tirelire et crédit renouvelable

L’agrément d’établissement de crédit détenu par Ma French Bank lui permet d’intégrer, nativement et dès son lancement, de l’épargne et du crédit. Dans l’immédiat, le catalogue proposé est toutefois limité. En matière d’épargne, la néobanque se contente de proposer « Ma tirelire », un service d’épargne automatique des arrondis de paiements. L’argent mis de côté est-il rémunéré ? Mystère.

En matière de crédit, pas de prêt personnel, encore moins de crédit immobilier, mais « Mon Extra Prêt ». Soit « une ligne de crédit renouvelable qui permet de débloquer en un clic le montant qui sera versé instantanément sur son compte », détaille le dossier de presse. « On choisit sa vitesse de remboursement et on peut à tout moment de façon anticipée rembourser partiellement ou intégralement son crédit à partir de l’application. »

Sortie le 22 juillet 2019, 2 euros par mois, sans conditions de revenus

Pour tester Ma French Bank, il faudra s’armer de patience. L’ouverture au grand public est en effet annoncée pour le 22 juillet prochain. Il est possible d’être alerté en se pré-inscrivant sur le site flambant neuf. D’ici là, le service sera testé par les collaborateurs du groupe La Poste.

Ma French Bank est accessible à tous les majeurs, sans condition de revenus. Mais elle n’est pas gratuite : 2 euros par mois tout compris (sauf frais d'incidents), notamment les paiements et retraits gratuits sans limites, même à l’étranger. Un tarif qui la rapproche d’EKO (2 euros par mois, retraits payants au-delà de 25 par an) ou de Nickel (20 euros par an, retraits également payants), mais la distingue d’Orange Bank, dont l’offre de base est gratuite. En ajoutant 2 euros par mois, ils accéderont également à un bouquet d’assurances, incluant des garanties moyens de paiement, achat et livraison, et protection de l’identité.

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Dans 2 000 agences postales…

C’est un des points forts du groupe La Poste : son réseau de 15 000 points de vente sur l’ensemble du territoire. Un atout de poids sur lequel La Banque Postale va évidemment s’appuyer pour faire connaître et diffuser largement sa nouvelle marque. Dès le lancement, Ma French Bank sera ainsi présente dans 2 000 agences postales. A titre de comparaison, Orange Bank ne l’était, au début, que dans 150 boutiques de l’opérateur, et dans seulement 600 après un an et demi d’existence. Pourtant, ce sont 60% des comptes de la néobanque qui y sont ouverts. Preuve que tous les clients ne sont pas encore à l’aise avec l’ouverture de compte à distance. Ma French Bank l’a bien compris, même si ces futurs clients pourront aussi souscrire depuis leur mobile.

En agence, Ma French Bank promet ainsi une ouverture en 10 minutes, avec un simple justificatif d’identité (carte d’identité, passeport, permis de séjour). Avantage de la formule : le nouveau client repart avec sa carte bancaire déjà activée, comme chez Nickel. Il lui faudra toutefois télécharger l’application et faire un premier versement avant de pouvoir utiliser son compte.

… mais seulement pour l’ouverture

A terme, Ma French Bank devrait rivaliser, en termes de présence territoriale, avec Nickel (présent dans près de 5 000 bureaux de tabac) et peut-être même avec EKO, disponible dans les 7 000 agences du Crédit Agricole. A une différence près, de taille : là où les clients d’EKO peuvent se rendre en agence pour déposer un chèque, des espèces ou obtenir un conseil, ceux de Ma French Bank devront se contenter d’une relation bancaire à distance. Passée l’ouverture, le seul canal relationnel disponible est en effet le tchat avec un service client basé à Lille, et disponible du lundi au samedi de 8h à 22h.

Le reste de l’offre, en bref

Pour le reste, l’offre de Ma French Bank ressemble comme deux gouttes d’eau à celle des autres néobanques. Elle intègre :

  • une carte Visa internationale à contrôle de solde, en l’absence de découvert ;
  • le suivi des opérations en temps réel ;
  • la catégorisation automatique des paiements ;
  • les virements initiés par SMS ;
  • le paiement mobile Apple Pay sur iPhone.

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