Ventes en chute libre dans le neuf comme dans l'ancien, difficultés d'accès au crédit immobilier... Le secteur de l'immobilier éprouve actuellement de nombreuses difficultés, et de nombreuses professions en pâtissent.

Un nombre de crédits accordés en baisse de 41% sur un an, et fatalement, un nombre de transactions qui chute. Sur les 8 premiers mois de 2023, selon la FNAIM, les ventes ont baissé de 21% par rapport à la même période en 2022. La baisse des ventes sur l'ensemble de l'année 2023 devrait être d'au moins 20%, pour environ 885 000 ventes sur un an. Ce n'est plus une surprise : depuis la remontée rapide des taux de crédit immobilier, le secteur de l'immobilier connait de nombreuses difficultés.

Mais derrière ces chiffres qui impactent forcément les emprunteurs se cache une autre réalité : de nombreux professionnels sont eux contraints de fermer boutique ou de changer de métier. Ainsi, Grégory Monod, président du Pôle habitat de la Fédération française du bâtiment, expliquait il y a quelques jours au Parisien craindre une perte de 125 000 emplois dans le seul bâtiment, 250 000 pour toute la filière de l'immobilier.

« Un logement construit, c'est un emploi et demi créé ou maintenu »

« Un logement construit, c'est un emploi et demi créé ou maintenu, pose Henry Buzy-Cazaux, ancien délégué général de la FNAIM et spécialiste de l'immobilier. Si on cesse de construire des logements neufs, à cause du manque de demande, on va forcément vers la destruction de nombreux emplois. » Or, selon le ministère de la Transition écologique, les réservations des particuliers ont chuté de 40% au deuxième trimestre 2023.

690 défaillances d'entreprise en 2023 dans la construction individuelle

Les premiers impacts se font déjà ressentir. Selon le cabinet Altarès, qui publie chaque trimestre son étude sur les défaillances et sauvegardes d'entreprises en France, le nombre de défaillances d'entreprises parmi les promoteurs immobiliers est de 93 sur les dix premiers mois de 2023.

Mais les constructeurs de maisons individuelles sont largement plus impactés. « Les constructeurs ont déjà eu des problèmes à terminer certains chantiers à cause de l'explosion du prix des matériaux, explique Henry Buzy-Cazaux. Et aujourd'hui, les carnets de commandes pour les constructions individuelles ne se remplissent plus, notamment à cause de l'exclusion de la maison individuelle dans le futur PTZ. » Toujours selon le cabinet Altarès, on comptait ainsi 624 défaillances d'entreprises de constructions individuelles en 2022, et 690 sur les dix premiers mois de 2023.

Et le secteur de l'immobilier neuf n'est pas le seul impacté, l'immobilier ancien connaissant également un recul du nombre de transactions. Le dernier baromètre LPI, publié le 28 novembre, fait ainsi état à fin octobre d'un recul de 26,2% des ventes mesurées en niveau trimestriel glissant. « Avec un marché en recul de 25%, il y a forcément besoin de moins de professionnels », confirme Henry Buzy-Cazaux.

Toujours d'après le cabinet Altarès, 680 agences immobilières ont été en défaillances sur les 10 premiers mois de l'année. Et à en croire Henry Buzy-Cazaux, il ne s'agirait que de la partie visible de l'iceberg : « Les agents commerciaux risquent de faire office de variable d'ajustement. La plupart des agents immobiliers ne sont pas salariés et sont donc invisibles dans les statistiques », développe le président et fondateur de l'école d'immobilier IMSI. Selon un article du Parisien, environ 10 000 agents indépendants auraient déjà arrêté leur activité depuis le début de l'année.

Des licenciements chez les notaires et les agents immobiliers

Les notaires font également partie des professions touchées par la crise de l'immobilier, un secteur qui porte leur activité à près de 57% en moyenne, selon à un chiffre de l'Autorité de la concurrence. Un article des Échos cite l'exemple d'un notaire installé à Suresnes, dans les Hauts-de-Seine, qui explique que son étude a subi une perte de chiffre d'affaires de 27% par rapport à l'an dernier et a déjà licencié 20% des effectifs.

Enfin, les courtiers n'échappent pas non plus à la morosité générale. Avec des taux passés de 1% à 4,5% en moyenne entre janvier 2022 et novembre 2023, de nombreux emprunteurs n'ont aujourd'hui plus accès au crédit immobilier. « Par rapport à janvier 2022, on est plutôt à -20% en nombre de demandes, ce qui correspond globalement à la baisse rencontrée sur le marché transactionnel », relève Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux, qui estime cependant que le retour des banques sur le marché du crédit immobilier est synonyme de jours meilleurs à venir.

Crédit immobilier : pour un assouplissement, les emprunteurs devront encore attendre

Si les courtiers espèrent donc une amélioration rapide, les acteurs de l'immobilier neuf se préparent eux à une crise au long cours. « Le pic de la crise, on l'estime à 2024, confirme Henry Buzy-Cazaux. Quand on parle de construction neuve, on sait deux ans à l'avance ce qu'il va se passer. Or, si les promoteurs ne parviennent pas à écouler leur stock actuel, ils ne relancent pas de constructions, ne rachètent pas de terrain et ne déposent pas de nouveaux permis de construire. Ces indicateurs montrent donc que la situation ne va pas s'améliorer dans un avenir proche. »

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