Face aux difficultés rencontrées par certains emprunteurs, notamment les plus jeunes, deux banques régionales proposent désormais des crédits sur 30 ans. Une solution au coût non-négligeable.

Face à la contraction du marché du crédit immobilier, certains établissements bancaires cherchent des parades. Ainsi, deux banques régionales ont, selon un communiqué du courtier Vousfinancer, fait le choix de proposer à certains clients des prêts sur 30 ans, une première depuis plus de dix ans.

Selon les informations du Parisien, il s'agit des Caisses d'épargne Normandie et Île-de-France. Pour rappel, si la durée maximum d'un prêt immobilier est fixée à 25 ans (27 ans dans certains) cas, les règles édictées par le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) autorise les établissements bancaires à déroger aux critères pour 20% de leur production.

Un différentiel faible entre 25 et 30 ans

« L'idée, c'est de n'avoir qu'un différentiel de 0,10% entre le barème des taux sur 25 ans et celui des emprunts sur 30 ans, pour éviter que le bénéfice de l'allongement soit annulé par le coût du crédit », décrypte Alexandre Castagnon, directeur marketing de la Caisse d'épargne Île-de-France, auprès du Parisien. Pour le moment, ces durées de prêt sont réservées aux jeunes de moins de 35 ans ou aux primo-accédants.

Crédit immobilier : les primo-accédants sont-ils les grands perdants de la hausse des taux ?

« Dans le contexte actuel de prix encore élevés et de taux à plus de 4%, l'allongement de la durée des crédits est une bonne mesure pour les primo-accédants qui devrait permettre à certains de pouvoir à nouveau emprunter, juge Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer. En effet, pour un crédit de 250 000 euros, l'allongement de durée de 5 ans entraîne une baisse de la mensualité de plus de 110 euros et, pour un couple avec 4 000 euros de revenus, une baisse du taux d'endettement de 3 points, ce qui peut faire la différence ! Allonger la durée du prêt peut donc être un vrai levier pour acheter, à condition que l'écart de taux entre 25 et 30 ans soit faible pour ne pas trop alourdir le coût du crédit ».

Un allongement de la durée d'emprunt aux effets pervers

Car l'allongement de la durée augmente forcément le coût du crédit. Selon l'exemple présenté par Vousfinancer, l'emprunteur sur 30 ans devra ainsi s'acquitter de 40 000 euros supplémentaires (hors assurance) par rapport à un emprunteur souscrivant un crédit sur 25 ans.

« Emprunter sur 30 ans peut-être une bonne solution pour des secundo-accédants qui achèteraient un bien dans lequel ils vont rester. Je ne pense pas que ce soit la meilleure solution pour des primo-accédants, car non seulement le crédit coûte plus cher, mais le capital amorti est aussi plus faible en cas de revente dans les premières années, ce qui est souvent le cas pour les primo-accédants », juge de son côté Maël Bernier, directrice de la communication du courtier Meilleurtaux.

Enfin, la réapparition de ces crédits longue durée pourrait également avoir un impact négatif sur la correction des prix de l'immobilier. Le spécialiste Henry Buzy-Cazaux juge ainsi dans une tribune sur Capital que « si les banques accréditent que les prix actuels peuvent être absorbés pour une partie de la demande par le rallongement des durées d'endettement, elles viennent compromettre la baisse des prix des actifs immobiliers résidentiels. »