La remontée des taux du marché, alors que les seuils de l'usure restent à très bas niveau, pourrait poser un problème à certains profils d'emprunteurs, alerte un courtier spécialisé.

C'est ce que les spécialistes du crédit immobilier appellent l'effet ciseau. Une configuration qui s'installe lorsque les taux du marché tendent à remonter, tandis que les taux d'usure, ces seuils que les prêteurs n'ont pas le droit de dépasser, stagnent à bas niveau. En clair, il s'agit d'un resserrement de la marge de manœuvre des banques, qui peut nuire à certains emprunteurs. Ceux qui ne peuvent pas prétendre aux taux les plus bas.

En ce début de mois de février, cet effet ciseau n'est pas encore d'actualité. Mais on s'en rapproche doucement, estime Vousfinancer. Les derniers barèmes de taux transmis par les banques laissent, en effet, apparaître des remontées de l'ordre de 0,10 point et « jusqu'à 0,35 point pour une banque régionale », annonce le courtier. « En février, compte tenu de la hausse des taux de refinancement et de la remontée des taux d'emprunt d'Etat, les banques n'ont pas eu d'autres choix que d'augmenter leurs taux de crédit, sous peine de voir leurs marges sur le crédit immobilier se réduire », détaille Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer. « Reste que les taux d'usure, a un niveau très bas, devraient contribuer également à limiter la remontée des taux, sous peine d'exclure les emprunteurs les plus fragiles... »

Les seuils de l'usure, en effet, ne sont mis à jour qu'une fois par trimestre, en fonction des taux effectivement pratiqués au cours du trimestre précédent. Ils ne seront pas affectés par la hausse des taux avant le début du mois d'avril. En attendant, certains emprunteurs pourraient en être pénalisés. Lesquels ? « (...) Ceux qui ne bénéficient pas des taux les plus bas ou qui, compte tenu de leur âge ou état de santé, sont contraints d'emprunter avec des taux d'assurance élevés », analyse Sandrine Allonier, directrice des études de Vousfinancer.

De l'espoir au Parlement

Heureusement, deux évolutions législatives pourraient limiter les effets de cette configuration. Demain jeudi 3 février, le Parlement pourrait, en effet, adopter définitivement deux mesures favorables aux emprunteurs : la suppression du questionnaire et examen médicaux pour les prêts de moins de 350 000 euros arrivant à échéance avant le 65e anniversaire de l'emprunteur, et la réduction du délai du droit à l'oubli de dix à cinq ans pour les pathologies cancéreuses, et étendu à d'autres pathologies chroniques. « L'adoption définitive de ces mesures (...) pourrait avoir un vrai impact sur le tarif d'assurance emprunteur de ceux qui veulent obtenir un crédit avec un problème de santé », espère Sandrine Allonier.

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