Les taux des crédits immobiliers, toujours en baisse en mai, ont retrouvé leur niveau de février 2011. Mais, malgré ce contexte favorable, les emprunteurs restent prudents et la production continue de chuter.

Les mois se suivent et se ressemblent sur le marché des crédits immobiliers. Ainsi, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, les taux moyens des prêts, tous marchés confondus, ont diminué en mai pour le quatrième mois consécutif. « Cette baisse concerne l’ensemble du marché », détaille l’Observatoire dans un communiqué. « Elle s’observe sur le marché des travaux (3,62% en mai contre 3,93% en février), sur celui du neuf (3,64% en mai contre 3,93% en février) et sur celui de l’ancien (3,59% en mai contre 3,97% en février). »

« Harmonisation des taux »

A y regarder de plus près, le repli de mai a toutefois été moins franc que les deux mois précédents. « (...) On assiste davantage à une harmonisation des taux qu’à une baisse généralisée » estime d'ailleurs Hervé Hatt, le directeur général de Meilleurtaux. « Les diminutions concernent essentiellement les courtes durées ou les banques qui proposaient les taux les plus élevés. » Meilleutaux annonce ainsi un taux fixe moyen, pour un prêt sur une durée de 20 ans, en léger recul de 0,05 point, à 3,95%. Confirmation du côté d’Empruntis : pour cet autre courtier, les baisses des taux moyens ne concernent que les durées les plus courtes (3,30% sur 7 ans, 3,45% sur 10 ans et 3,70% sur 15 ans). Sur 20 ans et 25 ans, ils restent stables, à respectivement 4,05% et 4,45%.

Sur ces deux dernières durées en effet, seuls les taux proposés, au cas par cas, aux meilleurs dossiers (qui cumulent revenus et apport élevés) continuent réellement à diminuer. Le courtier ACE constate ainsi, entre avril et mai, des baisses des meilleurs taux négociés, de l’ordre de 0,10% pour les prêts d’une durée de 10 ans à 0,20% pour ceux sur 25 ans. « L’OAT 10 ans (titres de dette de l’Etat français, NDLR) est en ce moment très bas, puisqu’il reste en deçà des 3%, rappelle Joël Boumendil, PDG d’ACE. « Cela permet aux banques d’adopter des stratégies agressives (...) afin d’attirer et fidéliser les bons profils. »

Situation de blocage

Et pourtant... Selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, « alors que les conditions de crédits se sont encore améliorées, exprimant la volonté des établissements de crédits de soutenir les marchés immobiliers, la production s’est quasiment stabilisée en mai (+0,6%) ». Elle reste en forte baisse sur un an : −20,3% par rapport à mai 2011. Selon Sandrine Allonier, responsable des études économiques de Meilleurtaux, « certains [emprunteurs] s’auto-excluent du marché, préférant différer leurs achats pour le moment, alors même que les taux sont bas. »

Comment expliquer ce blocage du marché ? Tous les courtiers s’accordent pour évoquer la crise économique, et l'anticipation d'une baisse des prix, mais aussi le contexte politique français. « Certains primo-accédants et investisseurs attendent également les mesures qui seront proposées par le nouveau gouvernement avant de se décider », prédit Sandrine Allonier. Joël Boumendil évoque également la proximité des élections législatives, mais considère néanmoins que « la forte baisse des taux pourrait bien débloquer la situation ».