Une quarantaine de personnes ont manifesté samedi devant une résidence touristique de Laprugne (Allier), où elles ont acheté un appartement qui ne leur a jamais été livré et dont elles remboursent les emprunts depuis plusieurs années.

Ces copropriétaires, venus de toute la France, ont brisé des chaînes à l'entrée de la résidence inachevée dont l'accès leur avait été interdit au mois de décembre, a dit Patricia Marchand, responsable de l'association des copropriétaires des Hauts de Cordat. « On nous interdit l'accès à la résidence sous prétexte que c'est un domaine privé alors que nous en sommes les propriétaires », s'est-elle indignée.

Au total, 166 appartements ont été vendus à partir de 2003 sous forme de produit de défiscalisation par la SCI Le Cordat, une société dont le siège est situé à Evry, en région parisienne. « On a expliqué aux acheteurs que leurs crédits seraient entièrement remboursés par des loyers puis que l'appartement serait racheté au bout de douze ans par la SCI Cordat, ce qui n'a pas été le cas », a expliqué à l'AFP l'avocat des copropriétaires, Me Christophe Gerbet, en charge d'une centaine de dossiers dans cette affaire.

La société de gestion en liquidation

La SARL de gestion des Hauts de Cordat a été mise en liquidation judiciaire en 2008. Les acheteurs, quant à eux, remboursent leur emprunt alors que l'immeuble est à l'abandon : « Ce sont souvent de petits épargnants pour lesquels c'était le premier achat, des jeunes ou des retraités, qui n'ont pas les moyens de payer. Certains sont interdits bancaires », ajoute Me Gerbet. Selon Mme Marchand, certains copropriétaires sont « très touchés psychologiquement, ne peuvent plus travailler, l'un d'eux vit dans un cabanon ».

Une procédure est en cours devant le tribunal de grande instance de Cusset pour obtenir la résolution ou l'annulation des contrats de vente. Le notaire et plusieurs établissements bancaires ont également été assignés en responsabilité pour « défaut de conseil », selon Me Gerbet. Une plainte contre X a enfin été déposée pour « escroquerie » et une enquête a été ouverte par le parquet d'Evry.