En lançant Ultim, le 11 juin, Boursorama a voulu frapper un grand coup. Comment cette carte bancaire premium gratuite et sans conditions de revenus a-t-elle été conçue ? Quelles sont ses points forts, et ses limites ? Les réponses de Xavier Prin.

Xavin Prin Boursorama

Xavier Prin est directeur du marketing et du portail de Boursorama

Au sujet de la carte Ultim : Boursorama casse les prix des opérations à l'étranger

Xavier Prin, à quand remonte le projet Ultim ?

Xavier Prin : « Il est dans les tuyaux depuis un moment déjà, dans la continuité du lancement de Welcome, notre première carte bancaire sans conditions de revenus, destinée notamment aux étudiants. Nous avons l’ambition d’être la meilleur banque pour tous, et nous étions conscients qu’il nous manquait une carte pour le segment premium, et que sur les paiements à l’étranger, nous n’étions pas allés au bout de la logique de gratuité. Nous avons également constaté l’arrivée de nouveaux acteurs, déterminés à rebattre les cartes comme nous l’étions il y a quelques années avant de devenir leader de la banque en ligne. »

Comment avez-vous conçu cette nouvelle offre ?

« Construire la carte ultime »

X.P. : « Au-delà de proposer une gamme complète de produits bancaires, d’épargne, des crédits et des assurances, nous devons offrir à nos clients ce qui se fait de mieux dans la banque au quotidien. Notre offre de carte bancaire, elle, était restée assez classique. Avec Visa, notre partenaire historique, nous avons essayé de construire la carte ultime, et de la proposer gratuitement, avec comme seule contrepartie de l’utiliser une fois par mois. »

Comment avez-vous travaillé avec Visa ?

X.P. : « C’est une co-construction. Nous avions des demandes, Visa a fait ce qu’il fallait pour y répondre. Ils ont ainsi démontré leur capacité à proposer des choses nouvelles, et ce n’est pas fini. Je pense que demain, nous irons encore plus loin avec eux. »

Pourquoi avoir choisi de vous passer de CB, le schéma de paiement domestique français (1) ?

X.P. : « Avec Ultim, nous testons un nouveau modèle pour une nouvelle offre. L’essentiel de notre offre reste co-badgée CB/Visa. »

A qui destinez-vous cette carte ?

« La carte premium pour tous »

X.P. : « Si l’on regarde ses principaux avantages, la carte s’adresse plutôt à des personnes qui voyagent : des cadres, en général. Mais dans les faits, c’est la carte premium pour tous. Son accès est libre, avec pour seule condition de faire un premier versement de 500 euros : il n’y a pas de conditions de revenus, on ne vous demandera pas de bulletin de salaire ! Ceux qui la souhaitent doivent toutefois être conscients que s’ils ne l’utilisent pas, elle ne sera plus gratuite, mais facturée 15 euros par mois, contrairement par exemple à une carte Premier. »

Ultim est-elle accessible à des usagers fichés à la Banque de France en raison d’incidents de paiement ?

X.P. : « Non, ce n’est pas prévu à court terme. »

Condition d’accès : 500 euros d'encours pour tout le monde

Accessible à (presque) tous les nouveaux clients, sans conditions de revenus, la carte Ultim était au lancement nettement plus difficile d’accès pour les clients actuels, qui devaient justifier de 1 800 euros de flux créditeurs mensuels moyens sur le compte courant, ou de 5 000 euros d’encours cumulés (le double pour les comptes joints).

Ce n’est plus le cas. « Après quelques jours de rodage, nous avons aligné les conditions d’accès pour les clients actuels sur celles des nouveaux clients : il suffit d’avoir 500 euros d’encours sur son compte, 1 000 euros dans le cadre d’un compte joint. Avec effet immédiat, et pour tout le monde », annonce Xavier Prin.

Cette carte Ultim, plutôt haut de gamme d’apparence, est pourtant conçue pour contrôler le solde du compte à chaque opération, comme une carte Electron. N’est-ce pas contradictoire ?

« Il faut revoir notre perception des cartes à autorisation systématique »

X.P. : « Non, pourquoi ? Nous avons bien pris soin de vérifier qu’il n’y aurait pas de gêne pour le porteur : Ultim est capable de fonctionner également en l’absence d’autorisation - jusqu'à 800 euros de dépenses et 15 transactions consécutives maximum -, un découvert autorisé est possible et modulable dès l’entrée en relation et les plafonds vont jusqu’à 20 000 euros de paiements. Il faut revoir notre perception des des cartes à autorisation systématique : grâce aux avancées technologiques, il n’y a plus de gêne porteur et le contrôle de solde permet aussi d’accéder à des fonctionnalités très utiles, comme la notification des opérations en temps réel. Il permet aussi un contrôle de l’usage, et donc une maîtrise du risque associé à ces cartes qui, il faut le rappeler, sont accessibles sans conditions de revenus. »

Il s’agit également d’une carte à débit immédiat. On sait que ces cartes de débit sont parfois moins facilement acceptées, notamment à l’étranger, que les cartes dites de crédit, à débit différé. Ne craignez-vous pas de générer du mécontentement chez les porteurs ?

X.P. : « Ces questions d’acceptation sont complexes, parfois opaques et souvent différentes d’un acteur ou d’un pays à l’autre. Dans le cadre du développement de cette carte, nous avons mené de nombreux tests dans plusieurs pays sans constater de refus, y compris dans les cas parfois cités comme problématiques. Mais nous allons évidemment être très attentifs, notamment aux retours de nos clients. »

La carte Premier à débit différé a aussi des avantages que l’Ultim n’a pas…

« Le débit différé, une fonctionnalité clé »

X.P. : « Oui, il est clair que le débit différé, qui est apprécié par une part non négligeable de nos clients, devient la fonctionnalité clé pour départager les cartes Ultim et Premier. »

Pourquoi faire le choix de proposer Ultim plutôt que Premier aux clients éligibles aux deux cartes ?

X.P. : « Nous nous sommes placés du point de vue du client. Nous pensons qu'il tirera plus de bénéfices à utiliser Ultim que Premier, grâce à la gratuité sur les opérations à l’international. »

Pour Boursorama, est-il plus intéressant de vendre une carte Ultim qu’une Visa Premier ?

X.P. : « Tout dépend de l’activité du client. Ultim est un investissement pour Boursorama, dans le but d’avoir la meilleure offre du marché et de convaincre le maximum de clients, tout simplement. Cela représente un vrai effort : proposer autant d’assurances avec la carte, par exemple, ce n’est pas neutre, cela coûte de l’argent. »

Quel était votre cahier des charges pour les assurances de la carte Ultim ?

X.P. : « C’est très simple : nous avons souhaité reproduire exactement le socle d’assurances et d’assistance de la carte Visa Premier, avec en plus une couverture complémentaire, baptisée « retard agréable », qui permet d’accéder aux salons des aéroports en cas de retard de plus d’une heure de son avion. Un petit plus sympa en ligne avec le positionnement tarifaire de la carte sur les frais à l’international. »

Combien de cartes Ultim comptez-vous émettre ?

« Déjà une place importante dans notre conquête »

X.P. : « Nous croyons beaucoup au potentiel d’Ultim car nous sommes convaincus de la pertinence du produit, comme son nom l’indique ! Les premiers jours d’exploitation semblent le confirmer : la carte Ultim plaît beaucoup, elle prend déjà une place importante dans notre conquête, qui reste très dynamique. Nous avons réussi un mois d’avril record, le 2e trimestre devrait l’être aussi. Mais il ne faut pas que cela s’arrête et Ultim va nous aider à atteindre notre objectif d’atteindre 3 millions de clilents d’ici 2021. Changer de banque reste compliqué en France, ce n’est pas quelque chose qu’on fait à la légère. Dans un environnement concurrentiel de plus en plus fourni, il est décisif d’avoir la meilleure offre. »

Plus d’infos sur le compte bancaire Boursorama

(1) En France, la grande majorité des cartes bancaires sont dites « co-badgées », c’est-à-dire qu’elles utilisent en France le réseau CB et à l’étranger ceux de Visa ou Mastercard, selon l’émetteur de la carte. Ici, la carte Ultim est dite Visa Only, c’est-à-dire que même en France, elle utilise le réseau Visa. A l’usage, cela ne change presque rien, sauf en cas de panne de Visa.