« Le Groupe La Banque Postale étudie un projet de cessation des activités de Ma French Bank ». Voilà un communiqué qui surprend, ce mercredi 20 décembre, à quelques jours de la fin d'année 2023, alors que la banque mobile n'a pas encore fêté son 5ème anniversaire. Le projet de cessation d'activité s'étendra sur 1 an ou 18 mois.

A l'heure du lancement, le 22 juillet 2019, elle visait un million de clients à l'horizon 2025. Voici quelques mois, au cœur de l'été 2023, la filiale du groupe La Banque Postale revendiquait 675 000 clients. Décompte arrêté à la fin juin 2023, donc pour le 4ème anniversaire de cette banque 100% mobile, dont la promesse était la simplicité à bas coût (2 euros par mois). L'annonce de sa cessation d'activité désormais faite, Ma French Bank n'atteindra jamais le million de clients. Et la banque mobile de La Banque Postale, projet mené de longue date et prévu dans un premier temps pour un lancement dès 2017, n'existera peut-être plus en 2025.

Le groupe La Banque Postale a diffusé une petite bombe ce mercredi 20 décembre, à 17h15, par communiqué de presse : « Ma French Bank et La Banque Postale ont initié le 18 décembre 2023 une procédure d'information-consultation de leurs instances représentatives du personnel respectives. Ces procédures visent à étudier un projet de cessation des activités de Ma French Bank, la banque 100% mobile du groupe La Banque Postale, et les conditions dans lesquelles elle serait mise en œuvre. »

« Ma French Bank n'a pas atteint la rentabilité et n'a pas encore trouvé son modèle économique »

Pourquoi acter la fin de Ma French Bank, alors que l'objectif du million de clients est certes encore lointain mais pas totalement hors de portée ? « Malgré un succès indéniable auprès des clients, Ma French Bank n'a pas atteint la rentabilité et n'a pas encore trouvé son modèle économique », répond sans ambiguïté le groupe dans son communiqué, qui évoque une « phase de dialogue social » à venir et une « revue stratégique de Ma French Bank, 5 ans après [le] lancement [du projet] », qui a donc abouti au constat d'une nécessaire cessation d'activité : « Dans un marché extrêmement concurrentiel, en pleine consolidation, qui requiert une taille critique suffisante pour espérer devenir rentable, des investissements massifs seraient nécessaires pour le développement de Ma French Bank, notamment en élargissant sa gamme de produits et d'offres d'équipement. » Or, « une telle orientation n'apparait plus compatible avec le plan stratégique du groupe La Banque Postale, qui envisage de prioriser ses investissements sur l'accélération de sa digitalisation ».

Fin progressive de Ma French Bank, d'ici fin 2024 ou mi-2025

« Si la cessation des activités de Ma French Bank était actée, elle se ferait suivant un processus progressif, qui s'inscrirait dans la durée et prendrait entre 12 et 18 mois », lit-on dans le même communiqué.

Si la cessation d'activité se confirme (le conditionnel est de mise même si la diffusion d'un tel communiqué laisse peu de place au doute), les salariés du groupe La Poste travaillant sur Ma French Bank « se verraient proposer de poursuivre leur carrière au sein du groupe ». Toutefois, « le reclassement des salariés de la French Bank » constitue un « vrai défi au vu des perspectives de non remplacement des départs dans la maison-mère », dénonce le syndicat Sud PTT dans un communiqué mercredi soir.

Après ING et Orange Bank...

Deux acteurs, ING et Orange Bank, ont déjà jeté l'éponge, leurs clients étant encouragés à migrer chez Boursorama, filiale de la Société Générale, pour le premier, et vers Hello Bank !, filiale de BNP Paribas, pour le deuxième.

Après une période de développement tous azimuts menée par le précédent président du directoire, Philippe Heim (refonte de la banque privée, acquisition d'un gestionnaire d'actifs, développement du crédit à la consommation...), la Banque postale cherche désormais à se recentrer sur ses fondamentaux. C'est en tout cas le mandat du nouveau président du directoire, Stéphane Dedeyan, ancien patron de CNP Assurances (rapproché l'an dernier de la Banque postale) et arrivé à ce poste début août. Mais pour le syndicat Sud PTT, « la valse des dirigeants de la banque » et la « complexité » du groupe « rendent sa stratégie difficilement lisible ».

Actant l'absence de rentabilité de sa filiale de banque en ligne BforBank, le Crédit Agricole a fait en septembre le choix inverse, en repositionnant la marque et en lui donnant de nouveaux objectifs ambitieux.

Que deviendront les près de 700 000 clients ?

La Banque Postale n'exclut pas la vente du portefeuille de clients à un éventuel repreneur, selon une indiscrétion de l'AFP. Dans tous les cas, La Banque Postale s'engage « à proposer à l'ensemble des clients de Ma French Bank la possibilité d'ouvrir un compte en son sein », avec accès à « son réseau physique avec ses 7 000 bureaux de poste » et les services d'une banque « classique ». Une proposition raccord avec la promesse d'une banque ciblant en priorité les jeunes, en s'inscrivant dans la lignée des néobanques ? Les clients concernés sont évidemment libres de choisir de migrer dans une autre banque mobile s'ils le souhaitent.

« Le Groupe La Banque Postale et Ma French Bank tiennent à rappeler que ce projet de cessation des activités de Ma French Bank ne présente aucun risque pour les avoirs et les dépôts des clients, qui resteraient accessibles tout au long de la procédure », rappelle le groupe et sa filiale dans le communiqué. Ils « s'engagent à tenir informés régulièrement » clients et salariés du calendrier de cette probable fermeture.

Le comparatif des banques mobiles