Le marché français va bientôt compter un service de paiement supplémentaire : Yeeld, héritier de Piggou, prévoit de se lancer en mars prochain. Avec l’ambition de servir un cocktail inédit d’épargne automatique, de gestion de projets et de paiement intelligent.

Dernière ligne droite pour Yeeld : c’est en mars prochain que la fintech française compte se lancer dans la bataille, venant ainsi grossir les rangs des multiples services de paiement plus ou moins innovants apparus ces derniers mois. Yeeld ne sort pas de nulle part : la jeune pousse est l’héritière de Piggou, un service d’épargne automatique lancé en 2016. Son principe : mettre de côté automatiquement l’arrondi - à l’euro ou à la dizaine d’euros supérieure - de chaque paiement par carte.

Intéressant, mais pas forcément très original : d’autres - Monabanq avec la carte qui épargne, LCL avec System’Epargne, plus récemment Sqirl - proposent le même type de service. Gratuitement qui plus est, lorsque Piggou facturait les dépôts effectués sur le compte référent. « Piggou a réussi à acquérir une base d’utilisateurs solides avec peu de moyens », témoigne Nagib Beydoun, nouveau CEO de Yeeld. « Mais il était trop cher par rapport au service apporté. Il fallait aller plus loin. »

« Epargne optimale »

Pour gagner en attractivité, Yeeld a conservé le principe de l’épargne automatique, mais l’a raffiné et lui a ajouté deux « briques » : un outil de gestion de projets personnels et du paiement intelligent. Au cœur du dispositif, un compte de paiement gratuit avec IBAN individuel, qui autorise donc les virements et la domiciliation de prélèvements. Pour proposer ce compte, Yeeld travaille - comme Lydia ou Qonto - avec Treezor, établissement de monnaie électronique qui fournit le service de gestion, et le Crédit Mutuel Arkéa, qui cantonne les dépôts des utilisateurs.

Ce compte va servir à collecter les sommes mises de côté automatiquement. Et pas seulement les arrondis : Yeeld propose également un service, également gratuit, baptisé « épargne optimale ». Pour l’utiliser, il faut d’abord connecter son ou ses comptes courants, comme on le ferait dans un agrégateur comme Bankin’ ou Linxo. Grâce aux données collectées et à l’observation des flux entrants et sortants, l’algorithme développée par la fintech va être capable, promet Nagib Beydoun, de « suggérer chaque semaine un montant à mettre de côté ». Montant qui après validation sera prélevé et cantonné sur le compte Yeeld.

Autre atout de Yeeld par rapport à Piggou : l’épargne de projet. L’usager pourra en effet définir des dépenses à venir (un voyage, un objet high tech, un cadeau, etc.), en renseignant le montant prévu et l’horizon d’achat. Yeeld se chargera ensuite de calculer et de mettre de côté le montant à épargner chaque semaine pour mener à bien ces projets.

Du « cash-back 2.0 »

Dernière nouveauté enfin : Yeeld va proposer à ses usagers une carte MasterCard, facturée 4,90 euros par mois a priori, la réflexion sur le prix étant encore en cours. Elle sera équipée d’un « plafond dynamique », explique le CEO de Yeeld : elle puisera sur le compte de paiement, à l’exception de l’argent mis de côté pour les projets. « Une manière de réduire les achats d’impulsion. Si l’usager est contraint de supprimer un de ses projets pour avoir le solde nécessaire à un achat, il y réfléchira sans doute à deux fois ».

Cette carte proposera également du cashback à ses usagers. Mais un « cashback 2.0 », promet Nagib Beydoun : « Nous avons voulu dépoussiérer ce concept, qui n’a jamais vraiment décollé en France, en proposant une meilleure expérience utilisateur ». Grâce à des partenariats spécifiques passés avec des commerçants, Yeeld promet notamment des abondements en quasi temps réel, quand il faut parfois attendre plusieurs mois ailleurs. Les premiers partenaires sont connus : Hotels.com, Expedia, Yves Rocher… Et la fintech devrait très prochainement annoncer un accord avec un des « principaux sites d’e-commerce en France et même dans le monde ».

A terme, des offres de financement

Yeeld n'est pas encore lancé officiellement que son CEO prépare déjà le coup d'après. Dans l'immédiat, son modèle économique repose sur les cotisations cartes payées par ses usagers et sur le partage avec eux des commissions payées par les commerçants partenaires. Mais Yeeld a vocation, à terme, à leur proposer aussi des offres de crédit, histoire de les aider à mener à bien leurs projets de dépenses.