Les délais de traitement des dossiers de crédit immobilier dans les banques pourraient bien s’allonger. Trouver un interlocuteur pour préparer son financement risque d'être plus difficile, en raison des mesures pour lutter contre la pandémie.

C’est l’une des conséquences collatérales de l’épidémie de nouveau coronavirus : les personnes qui souhaitent prendre un crédit immobilier risquent de devoir prendre leur mal en patience.

« Compte tenu des mesures sanitaires, les capacités de traitement des dossiers pourraient être plus limitées en l’absence d’une partie du personnel. Les délais de traitement des dossiers de crédits dans les banques - déjà supérieurs à ceux qu’ils sont habituellement en début d’année - pourraient s’allonger à nouveau », avance le courtier Vousfinancer, dans un communiqué publié ce vendredi, au lendemain de l’allocution du chef de l’Etat.

Emmanuel Macron a notamment annoncé la fermeture des crèches et des établissements scolaires à partir de lundi pour « ralentir la propagation du coronavirus ». Résultat, de nombreux salariés du secteur bancaire risquent de ne plus pouvoir travailler afin de garder leurs enfants.

Le président de la République a également demandé aux entreprises qui le peuvent d’opter pour le télétravail. Il sera plus difficile « de trouver un interlocuteur pour préparer son financement , anticipe Philippe Taboret, directeur général adjoint du courtier Cafpi. Certes, aujourd’hui, le numérique permet à une grande partie des acteurs de travailler de chez eux, et offre la possibilité d’avancer de son domicile sur un dossier ou de transmettre les documents dématérialisés. En revanche la réalisation des contrats, avec des contraintes de confidentialité et de sécurisation des données, requièrent des rendez-vous de visu. Ne pas traiter ces dossiers entraînerait inévitablement un retard, induisant un recul de la demande et de nombre de dossiers financés ».

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Patience pour renégocier son prêt

« Il existe des plans de continuité d'activité partout dans les banques, mais on ne peut pas écarter que malgré tout cela ralentisse », souligne Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux.com.

« Nous conseillons donc à ceux qui signent actuellement des compromis de vente d’allonger le délai des conditions suspensives sur l’obtention du prêt à 60 jours. Ceux qui sont en cours de renégociation de prêt pourraient aussi voir les délais s’allonger, car les financements de transactions sont prioritaires… », poursuit Vousfinancer.

Excepté l’allongement des délais, les banques devraient, malgré tout, avoir les reins suffisamment solides pour aider les particuliers à réaliser leur achat immobilier. Et ce malgré la chute des marchés financiers et le ralentissement de l’activité économique. En effet, la Banque centrale européenne a annoncé jeudi une série de mesures exceptionnelles pour encourager les prêts. « Il n’y a donc pas de raisons que les banques ferment le robinet du crédit », rassure Vousfinancer.

Des profils exclus du crédit immobilier

En revanche, et là, ça n’a rien à voir avec le coronavirus, les banques restreignent l’accès au crédit immobilier, depuis le début de l’année, pour certains profils. Il s’agit, entre autres, des ménages les plus modestes mais aussi de ceux qui achètent dans des métropoles où les prix de la pierre sont élevés.

Les établissements financiers suivent à la lettre les récentes consignes des autorités, dont le Haut conseil de stabilité financière (HCSF), qui exigent de limiter à 33% le taux d’endettement et à interdire, sauf exceptions, des prêts sur une durée supérieure à 25 ans.

Après une distribution record de prêts immobiliers en 2019, sur fond de taux au plus bas, elles craignaient en effet que les banques ne distribuent des emprunts à des ménages non solvables. Résultat, selon l’observatoire de Meilleurtaux publié jeudi, « 205 400 ménages seront potentiellement exclus » de l’accès à la propriété en 2020.