Alors que les taux de crédit immobilier poursuivent leur inexorable remontée, deux banques ont décidé d'arrêter momentanément la production de crédits. En cause selon elles, le taux d'usure fixé à 2,40% jusqu'au 1er juillet.

En juin, une fois de plus, les taux de crédit immobilier sont à la hausse, à 1,37% sur 15 ans, 1,47% sur 20 ans et 1,63% sur 25 ans, selon les chiffres de Meilleurtaux en ce début du mois de juin. Le problème, c'est que malgré cette hausse, les banques ne parviennent pas à rentabiliser la production de crédit immobilier. Le taux d'intérêt des emprunts de l'État français (OAT) à 10 ans, indicateur important pour les banques, est désormais à 1,64%, quand l'inflation sur 12 mois en France se situe à 5,2% en mai.

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Conséquence : « Certaines banques sont complètement sorties du marché car avec le taux d'usure (le taux maximal auquel un établissement à le droit de faire un crédit ndlr), elles ne parviennent plus à prêter. Elles arrêtent donc le temps d'y voir plus clair », nous explique Pierre Chapon, co-fondateur du courtier Pretto.

D'autres banques prêtes à suivre ?

Selon l'Agefi Actifs, la Société Générale et le Crédit du Nord ont fait savoir qu'elles n'accepteraient plus pour le moment de dossiers venant des courtiers. Une information confirmée à Moneyvox par un acteur du secteur. Selon la même source, ces banques ont pour le moment arrêté d'accepter les dossiers venus des courtiers pour ne plus payer de commissions afin de dégager un peu plus de marge.

Les deux enseignes continuent donc de proposer des crédits en direct, tout en proposant quoi qu'ils en soient les taux maximums, quitte à se montrer moins compétitives. Une annonce qui s'apparente donc à un arrêt pur et simple de la production, puisqu'un emprunteur qui ferait le tour des banques se verra sans doute proposer un taux plus bas ailleurs.

« Pour l'instant il n'y a que deux enseignes qui se mettent en retrait, mais cela montre bien que le taux d'usure peut devenir un vrai frein au crédit, note Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer. D'autres banques ont décidé d'augmenter leurs frais de dossier depuis le mois dernier. Il faut comprendre que les banques doivent, dans le contexte actuel, trouver des sources de rentabilité. »

« La situation risque d'être très compliquée jusqu'à l'automne »

Entre serrage de ceinture et crainte de voir une chute de la production de crédits, tous les acteurs du secteur sont désormais tournés vers le 1er juillet, date à laquelle le taux d'usure doit être mis à jour. « Malheureusement, je pense que le taux d'usure ne va remonter que de 0,10 ou 0,15%, craint Sandrine Allonier. Ça ne va pas solutionner le problème. »

« Avec les taux d'usure actuels, la situation risque d'être très compliquée jusqu'à l'automne. Alors que l'année dernière, les profils les plus impactés par le taux d'usure étaient les plus fragiles, avec un problème de santé ou un âge avancé à cause du taux d'assurance, même des profils classiques sont aujourd'hui exclus du crédit. Des emprunteurs qui auraient pu emprunter sans problème il y a 6 mois, ne le peuvent théoriquement plus ! Heureusement des solutions existent, comme tenter de négocier le taux de crédit, les frais de dossier, jouer sur la couverture de l'assurance mais elles ne sont pas tenables sur la durée », explique de son côté Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer.

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Depuis plusieurs semaines, courtiers, banques et professionnels de l'immobilier militent pour une modification du mode de calcul du taux d'usure. Le ministère de l'Économie s'est dit à l'écoute du problème : « On travaille à des solutions rapides pour prendre en compte l'impact de la remontée des taux sur le taux d'usure (...), pour trouver un équilibre entre la protection des consommateurs et l'accès à la propriété », fait-on savoir dans l'entourage de Bruno Le Maire.

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