Le début du printemps est d'habitude une période de baisse des taux des crédits à la consommation, dans un contexte de forte demande. Ce n'est pas le cas cette année. Explications.

Ces derniers jours, vous avez peut-être reçu un courriel de votre banque ou d'un organisme de crédit spécialisé, vous annonçant l'arrivée du printemps, le retour du beau temps et l'imminence des vacances d'été. Des communications qui s'accompagnent d'une proposition alléchante : nous allons vous aider à financer vos projets. Autrement dit, vous vendre un crédit.

Les mois de mars et d'avril, en effet, sont traditionnellement un temps fort pour le crédit conso. Un moment où les Français se projettent vers l'été et où ils peuvent avoir besoin d'argent pour concrétiser leurs envies de changement. Un moment aussi où la demande en prêts personnels ou affectés, logiquement, augmente. Pour la capter, dans un contexte de forte concurrence, les prêteurs (les banques de détail, les assurbanquiers, les établissements spécialisés) sont enclins à faire des efforts et à baisser leur taux. « Ce sont des mois de promotion sur les taux », confirme Sergio Monteiro, éditeur du comparateur en ligne CheckmonCredit.fr.

Retournement de tendance

Pourtant, on n'observe rien de tel en 2022. « En février, les taux moyens étaient encore inférieurs de 0,13 point à ceux de février 2021 », poursuit cet observateur du marché. Si la saisonnalité habituelle avait été respectée, cet écart aurait dû au moins se maintenir en mars et avril. Or c'est l'inverse qui s'est passé : « En mars, nous avons constaté une inversion : les taux sont en moyenne 0,9 point supérieur à ceux de l'an dernier à la même époque, et même 0,16 point pour les prêts personnels divers. »

Chaque mois, MoneyVox vous propose désormais, en partenariat avec le comparateur CheckmonCredit.fr, un baromètre des taux des crédits à la consommation. Il présente les taux moyens, selon votre projet, le montant du financement et la durée de remboursement souhaités, par 30 banques, assurances et organismes de crédits.

Le baromètre des taux - Avril 2022
Automobile
(neuf et occasion)
Sur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros6,97%7,03%6,06%5,84%
Jusqu'à 15 000 euros2,41%3,33%3,73%4,28%
Jusqu'à 40 000 euros2,28%3,09%3,59%4,18%
TravauxSur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros7%7,01%5,94%5,53%
Jusqu'à 15 000 euros2,54%3,27%3,64%4,12%
Jusqu'à 40 000 euros2,43%3,05%3,47%4,02%
Autres prêts personnelsSur 12 moisJusqu'à 36 moisJusqu'à 60 moisJusqu'à 84 mois
Jusqu'à 5 000 euros7,70%7,83%6,68%6,80%
Jusqu'à 15 000 euros2,69%3,73%4,11%4,49%
Jusqu'à 40 000 euros2,55%3,44%3,93%4,32%

Taux moyens au 10 avril 2022. Données fournies par CheckmonCredit.fr, comparateur de crédits

Le poids de l'incertitude

Ce croisement des courbes n'est pas réellement une surprise. Après une décennie de baisse quasi ininterrompue, les taux des crédits conso ont atteint des niveaux historiquement bas. La conséquence, notamment, des choix de politique monétaire de la Banque Centrale européenne (BCE), qui a encouragé les banques à prêter avec l'objectif de dynamiser la croissance économique. Mais cette ère d'argent facile et pas cher devait bien un jour toucher à sa fin. « On pressentait que ses jours étaient comptés », confirme Sergio Monteiro.

Le mouvement, toutefois, est plus brusque que prévu. Pourquoi ? « En raison de l'incertitude généralisée », explique le spécialiste. La superposition du retour de l'inflation en sortie de crise du Covid, du déclenchement d'une guerre entre deux états européens souverains et d'une élection présidentielle à l'issue encore incertaine, poussent les établissements de crédits à la prudence dans leurs politiques de taux. Les prêts qu'ils accordent aujourd'hui représentent, en effet, leurs risques de demain. Ils ont donc tendance à se couvrir en consolidant leurs marges. A l'image de ce qui se passe actuellement pour les crédits immobiliers.

Prêt immobilier : la hausse des taux s'accélère

Un accès au crédit pas remis en cause

En clair, nous sommes bien face à un renversement de tendance durable sur le marché du crédit conso. « La courbe des taux 2022 ne repassera pas sous celle de 2021 », confirme Sergio Monteiro, qui penche plutôt pour un scénario de convergence progressive.

Dans les faits, toutefois, cette évolution ne bouleverse pas fondamentalement les conditions d'accès aux prêts. Ces hausses de quelques points de base, en effet, n'ont qu'un impact marginal sur le coût total des crédits. Par rapport aux taux de février, l'écart pour un crédit de 3 000 euros est de quelques euros sur les durées les plus courtes et jusqu'à 20 euros pour les plus longues. Pour 10 000 empruntés, il s'élève à un dizaine d'euros pour une remboursement sur un an et jusqu' 68 euros sur 7 ans. Les conditions de financement d'un nouveau projet restent donc excellentes.

Le robinet, par ailleurs, reste ouvert. A la différence de ce qui se passe pour le crédit immo, cette hausse des taux ne semble pas, dans l'immédiat, s'accompagner d'un durcissement des critères d'octroi. Ce que confirme la récente enquête de la BCE sur la distribution du crédit bancaire dans la zone euro, qui note que les modalités et les conditions générales pratiquées par les banques se sont, au contraire, « légèrement assouplies ».

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