Légère baisse, légère hausse ou stricte stabilité ? Les courtiers en prêt immobilier ne sont pas d’accord sur l’évolution des taux en ce début mai. Peu importe. Le constat global est partagé : des évolutions minimes sur les taux, des banques qui se montrent plus sélectives et des délais qui s’allongent face à l’afflux de demandes.

Record ? Pas record ? Cela se joue à quelques dixièmes de points. « Descendu de 1,16% en décembre 2020 à 1,11% en mars 2021, le taux moyen des nouveaux crédits retrouve son minimum déjà atteint en décembre 2019 », écrivait mi-avril l’observatoire Crédit Logement-CSA, référence du secteur pour connaître l’évolution des taux immobiliers. Record en mars, donc.

Toujours d’excellents taux, mais…

Et depuis ? A la différence de cet observatoire, qui se base sur les dossiers de crédit en cours d’instruction, les courtiers en prêts immobiliers livrent eux de « indicateurs avancés », permettant d’humer la météo à venir pour les taux d’emprunt. Les courtiers calculent en effet leurs moyennes sur la base des barèmes fournis par les banques, autrement dit les taux que les établissements de crédit vont proposer aux prochains candidats à l’emprunt.

Les taux moyens dans les banques début mai

  • Sur 15 ans : 0,87% d’après Meilleurtaux ; 1% pour Vousfinancer ; 0,88% selon Le-Partenaire ; 0,89% d’après Pretto ; 0,90% pour Empruntis, 1,10% selon Cafpi.
  • Sur 20 ans : 1,06% d’après Meilleurtaux ; 1,20% pour Vousfinancer ; 1,01% selon Le-Partenaire ; 1,05% d’après Pretto ; 1,10% pour Empruntis, 1% selon Cafpi.
  • Sur 25 ans : 1,30% d’après Meilleurtaux ; 1,25% pour Vousfinancer ; 1,21% selon Le-Partenaire ; 1,28% d’après Pretto ; 1,35% pour Empruntis, 1,50% selon Cafpi.

Voir notre baromètre mensuel des taux de crédit immobilier

Taux moyens constatés par les réseaux de courtage, sur la base des barèmes fournis par les banques. Ils ne tiennent pas compte du coût de l’assurance emprunteur.

Qu’annonce cette météo ? Des taux moyens « légèrement à la hausse » selon Pretto, Meilleurtaux confirmant de « très légères remontées ». De rares barèmes en (faible) hausse et d’autres parfaitement stables selon Vousfinancer. Le statu quo printanier selon Emprunt-Direct. Une « belle stabilité » selon Le Partenaire. De « faibles mouvements à venir » pour Empruntis. Bref : pas de panique, météo au beau fixe malgré de très légers soubresauts (0,05% ou 0,10% en plus sur les barèmes) dans une poignée de banques.

… mais des emprunteurs triés sur le volet

Les taux restent proches de leur niveau record, au plus bas historique, et les emprunteurs ont déjà reçu le message. Résultat : les dossiers affluent. « Les banques ont eu beaucoup de dossiers à traiter ces dernières semaines sous l’effet des taux bas et d’une forte demande », commente Pierre Chapon, président de Pretto, dans son baromètre mensuel.

Pas de panique, là encore, les banques sont toujours friandes de nouveaux emprunteurs : « L’appétit des banques ne faiblit pas, affirme Cécile Roquelaure, directrice des études et porte-parole d’Empruntis. Les dossiers engagés sur les 4 premiers mois sont insuffisants et elles n’hésitent pas à nous contacter pour nous demander plus de dossiers. Mais une stratégie sous contrainte : les premières inquiétudes quant aux risques de défaillance des entreprises et des ménages se traduisent par une sensibilité plus forte des organismes de cautionnement. L’analyse détaillée prend le pas au détriment des acceptations automatiques. » En clair : les banques veulent attirer les emprunteurs, mais elles (et leurs partenaires ou filiales de cautionnement) se montrent de plus en plus sélectives.

Fabienne Laborde, directrice commerciale de Le-Partenaire.fr explique ainsi qu’elles « souhaitent toujours capter de bons profils avec de bons dossiers (apport, épargne, revenu…) ». Même son de cloche du côté d’Emprunt-Direct, qui décrit les banques comme « prudentes et sélectives » en mai, dans son dernier baromètre : elles se montrent ainsi « encore davantage disposées, pour les dossiers les plus qualitatifs, à appliquer d'importantes décotes [des rabais sur les taux, NDLR], notamment vis-à-vis de ménages disposant d’excellentes perspectives d’un point de vue professionnel ». Conséquence directe : un écart croissant « entre excellents et bons dossiers ».

Résumons : les conditions d’accès au crédit ne sont pas réellement plus strictes, mais la sélection des banques se fait tout de même plus drastique pour l’octroi de taux « mini ». Les foyers présentant les meilleurs profils peuvent toujours emprunter à moins de 1%, et ce sur toutes les durées, y compris sur 25 ans.

Brouillard sur les délais de traitement

Quelques nuages viennent assombrir cette météo figée au beau et très beau : « Actuellement les banques adaptent leur barème en fonction de leurs capacités de traitements des dossiers, mise à mal par le nouveau confinement et les changements de dates de vacances qui ont contraint une partie du personnel des banques à se mettre à 100% en télétravail ou en congés, alors que beaucoup de dossiers avaient été transmis ces dernières semaines », appuie Julie Bachet, directrice générale de Vousfinancer. Maël Bernier, directrice de la communication de Meilleurtaux.com, confirme : « Les banques font face à un gros volume de dossiers à traiter et au-delà du ralentissement dans les délais de traitement, cela ne contribue pas à faire jouer les barèmes à la baisse. » Pas d’affolement là non plus : le brouillard pourrait se dissiper à l’approche de l’été à en croire ces mêmes courtiers.

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