Certains attendaient une hausse après la perte par la France de la note AAA sur sa dette souveraine. Pourtant, les taux fixes des crédits immobiliers sont restés stables début février, voire en léger recul pour les meilleurs dossiers.

L’effet « triple A » tant redouté n’a pas eu lieu, du moins pas encore. Il y a un mois, après la dégradation de la note de la dette souveraine française, les courtiers en crédits s’accordaient sur un scénario de hausse progressive et continue des taux fixes proposés aux emprunteurs immobiliers. Ce n’est pourtant pas ce qu’ils constatent début février.

Autour de 4,25% sur 20 ans

Dans son dernier communiqué en date, le courtier Empruntis fait même un petit mea culpa. « Contrairement à ce que nous avions anticipé, et de manière étonnante (...), la perte du triple A n’a pas engendré, pour le moment, de hausses des taux », constate Maël Bernier, sa directrice de la communication. Les relevés effectués par Empruntis début février montrent même une légère baisse, de l’ordre de 0,05 à 0,10 point, pour les durées les moins longues. Actuellement, les taux du marché selon Empruntis s’établissent à 3,55% pour les crédits à 7 ans, de 3,65% à 10 ans, de 4% à 15 ans et de 4,25% à 20 ans.

Le constat est le même chez Meilleurtaux : 45% des banques partenaires du courtier affichent actuellement des baisses, de l’ordre de 0,15 point en moyenne, par rapport à début janvier, ramenant le taux fixe moyen pour un emprunt sur 20 ans à 4,28%. Explication de Sandrine Allonier, responsable des études économiques de Meilleurtaux : « Les banques sont en train de se positionner par rapport à la concurrence, dans un contexte de baisse à la fois des taux de long terme et des taux de court terme qui leur laisse une marge de manœuvre pour diminuer leur taux de crédit ».

Prudence des banques et des emprunteurs

Les deux courtiers s’accordent sur un autre point : les banques restent très rigoureuses sur les conditions d’octroi. Ainsi, contrairement aux durées plus courtes, Empruntis ne constate pas de baisse des taux sur les prêts à 25 ans (4,55% en moyenne) et 30 ans (5%), utilisés plutôt par les primo-accédants et les ménages modestes. « (...) Certains réseaux restent très agressifs sur les profils haut de gamme », explique-t-on dans un communiqué du courtier. « Néanmoins, ce type d’effort consenti de la part des banques reste l’apanage des meilleurs profils (revenus élevés supérieurs à 5.000 euros en province et 8.000 euros à Paris, apport de 20%, capacité d’épargne durable et stabilité professionnelle). »

Meilleurtaux, de son côté, met en évidence une baisse sur un an des montants moyens empruntés (167.102 euros en janvier 2012 contre 179.725 euros en janvier 2011) et de la durée moyenne des prêts (19 ans contre 19,2 ans), ainsi qu’une hausse sensible du montant moyen des apports (66.104 euros contre 61.781 euros). « L’immobilier est plus que jamais une valeur refuge et devenir propriétaire de son logement reste un objectif pour la plupart des Français », explique Hervé Hatt, le directeur général de Meilleurtaux. « Mais les emprunteurs sont actuellement plus prudents. »

Est-ce suffisant expliquer les récents chiffres dévoilés par Crédit Logement, montrant une chute brutale de la production de crédits immobiliers entre décembre 2011 et janvier 2012 ? « Il ne faut pas nier une diminution en volume (...) qui s’explique principalement par la désolvabilisation (sic) des primo-accédants, premières victimes à la fois des suppressions des aides comme le PTZ+, mais également premiers concernés par le durcissement des conditions d’octroi des banques et leurs exigences accrues en terme d’apport notamment », estime Maël Bernier. Toutefois, « il faut relativiser ces chiffres car Crédit Logement fait partie des organismes qui ont (...) fait preuve d’une vigilance accrue. »