Dans un entretien paru jeudi dans Libération, le prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus estime que la crise économique est la preuve de "l'échec du système" mais aussi "une chance" pour le "redessiner".

"Nous avons un bouquet de crises: alimentaire, financière, sociale, climatique etc... le point commun entre ces crises, c'est qu'elles sont enracinées dans l'architecture du monde économique basé sur le profit", estime-t-il.

Mais selon lui, "cette crise est une chance pour redessiner le système". "Il faut repenser les institutions financières, repenser les agences de notation, repenser les banques", affirme le père du micro-crédit.

"Elles ne devraient pas être grosses au point que le gouvernement soit obligé d'intervenir si elles s'écroulent. Elles doivent être plus petites, avec des activités et des spécialités différentes. Elles doivent intégrer les plus pauvres sans accès aux services financiers", ajoute-t-il.

Et "le G20 n'a pas changé les institutions", juge-t-il, estimant qu'"il ne doit pas se contenter de voeux pieux".

Muhammad Yunus a fondé en 1976 la Grameen Bank, la banque du micro-crédit, pour financer les projets de villageoises bangladaises n'ayant pas accès aux crédits bancaire habituels. "Nous avons 8 millions d'emprunteurs, environ 90% remboursent leurs prêts", indique-t-il.

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Selon lui, "les gouvernements devraient établir des législations pour mieux réguler le microcrédit et déterminer quel type d'établissement peut prêter aux plus pauvres". Pour autant, "la politique et le microcrédit ne font pas bon ménage", selon lui: "parce qu'on se met à chercher de l'argent non pas pour changer la vie des gens, mais dans un but politique".