L'attrait pour le Livret A ne se dément toujours pas. En mai, les Français y ont encore déposé un montant quasi-inédit. Mauvaise nouvelle, en revanche, pour le futur taux du produit d'épargne préféré des ménages, ainsi que celui du LEP. Explications.

C'est une nouvelle illustration du succès insolent du Livret A. Ce mercredi, la Caisse des dépôts (CDC) a annoncé dans un communiqué que les Français, en mai, y ont déposé 2,47 milliards d'euros de plus que ce qu'ils en ont retiré. Un niveau inédit depuis le mois de mai exceptionnel (pour cause de pandémie) de 2020.

Résultat, la somme totale déposée sur ce produit détenu par 55 millions d'épargnants frôle la barre des 400 milliards d'euros, à 399,9 milliards d'euros. Depuis le début de l'année, les Livrets A ont ainsi été gonflés de 24,5 milliards d'euros !

Et ce n'est pas une surprise puisque l'attrait pour le Livret A a été boosté depuis le passage de son taux de 2 à 3%, depuis le 1er février dernier.

Un nouveau taux théorique de 4%

Géré de concert par la Caisse des dépôts et les réseaux bancaires, le Livret A risque cependant de connaître un second semestre moins faste. En effet, son futur taux, actualisé le 1er août prochain, pourrait décevoir les épargnants.

Pourtant, en théorie, il devrait se situer autour de 4%, selon sa formule de calcul. « Le taux du Livret A est en effet égal à la moyenne de l'inflation (hors tabacs) des six derniers mois (certainement autour de 5,6%) et du taux €STR du marché monétaire des six derniers mois (environ 2,5%) », rappelle l'économiste Philipe Crevel dans une note publiée cet après-midi.

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Mais aujourd'hui, « la question est (...) de savoir si la formule du taux sera respectée ou si le Gouverneur de la Banque de France invitera le ministre de l'Economie, en raison de circonstances exceptionnelles, à fixer le taux », poursuit ce spécialiste de l'épargne réglementée. Plusieurs raisons risquent, en effet, d'amener les pouvoirs publics à déroger à la formule de calcul.

Plusieurs arguments pour une hausse limitée au 1er août

« Une hausse d'un point du taux du Livret A génèrerait un surcoût non négligeable pour les établissements financiers (4 milliards d'euros sur un an), pour les bailleurs sociaux ainsi que pour les collectivités locales ou les PME qui empruntent à partir des ressources issues du Livret A ou du LDDS. Les banques pourraient être amenées à répercuter le surcoût de la hausse du taux sur les emprunts. Un taux élevé pourrait également conforter les Français à privilégier l'épargne au détriment de la consommation, ce qui nuirait à la croissance », liste Philippe Crevel.

Un dernier argument laisse à penser que le futur taux du Livret ne sera pas de 4%, mais plutôt de 3,5% à compter du 1er août, selon l'estimation de Philippe Crevel : « L'inflation étant orientée à la baisse, une hausse importante pourrait apparaître en décalage par rapport à la tendance à venir. Le gouvernement pourrait être contraint d'opérer une baisse significative du taux de rendement d'ici quelques mois, ce qui serait impopulaire. »

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Quant au taux du LEP, il devrait lui reculer, anticipe Philippe Crevel. Avec la décélération de la hausse des prix, ce produit détenu par près de 10 millions de ménages modestes devrait voir sa rémunération passer de 6,1 à 5,6% le 1er août prochain.

« Est-il malin de puiser dans mon Livret A pour remplir mon nouveau LEP ? »