Le repli de l'inflation, plus fort que prévu en mai et juin, risque d'avoir un impact négatif sur le futur taux du Livret d'épargne populaire, qui pourrait baisser d'un demi-point le 1er août prochain.

5%. En mai, l'inflation a déjoué les prévisions de l'Insee, qui tablait plutôt sur un taux de 5,7%. En résumé, les prix à la consommation continuent d'augmenter, mais moins vite que prévu. Cette tendance devrait être durable, puisque l'institut statistique, qui dévoilait ce jeudi sa nouvelle note de conjoncture, annonce un taux d'inflation hors tabac de 4,6% en juin.

La nouvelle est bonne, évidemment, pour nos budgets. Un peu moins pour notre épargne. Il faut le rappeler : l'indice des prix à la consommation est une des références considérées dans le calcul des taux des livrets d'épargne réglementée : le Livret A, le LLDS, le CEL et surtout le Livret d'épargne populaire (LEP).

Le LEP, en particulier, est le livret réglementé anti-inflation. C'est même ce qui fait son succès actuel. Son taux est conçu pour s'aligner sur la hausse moyenne des prix, hors tabac, au cours du semestre précédent. Or ce chiffre va, à coup sûr, baisser au 1er semestre 2023 : 5,60%, contre 6,10% au 2e semestre 2022. Sauf surprise (1), la rémunération du LEP devrait suivre et baisser d'un demi-point dès le 1er août prochain, à 5,60%.

Cette baisse probable, toutefois, ne changera pas fondamentalement la donne. A 5,60%, net d'impôts, le LEP restera, de loin, le produit d'épargne sécurisé et disponible le mieux rémunéré du marché. Loin, notamment, devant le Livret A.

Incertitudes autour du Livret A

Le ralentissement de l'inflation aura aussi un impact sur le taux du Livret A actuellement fixé à 3%. Le risque de baisse est complètement exclu. C'est plutôt l'ampleur de la hausse qui interviendra le 1er août prochain qui reste incertaine.

Selon nos calculs, qui s'appuient sur des prévisions pour juin, la formule de calcul utilisée pour la révision automatique du taux va donner un résultat de 4,10%. Il est peu probable, cependant, que cette formule de calcul soit strictement appliquée.

Face à la grogne des banques, qui doivent rémunérer une partie de l'argent du Livret A, et des bailleurs sociaux, qui l'utilisent pour se financer, le gouverneur de la Banque de France pourrait couper la poire en deux et recommander de limiter la hausse du taux du Livret A, à 3,50% ou 3,75%, par exemple. Le ministre de l'Economie, lui, a d'ores et déjà annoncé qu'il suivrait sa recommandation.

(1) La Banque de France a le pouvoir de ne pas appliquer la formule de calcul. Dans ce cas, elle formule des recommandations au ministre de l'Economie, qui fixe les nouveaux taux. Mais, concernant le LEP, elle a pris l'habitude, ces dernières années, d'appliquer strictement la formule de calcul.