Alerte sur les budgets ! Les prix, en particulier ceux des produits alimentaires, devraient atteindre de nouveaux sommets d'ici à l'été. Dans ce contexte tendu, voici 6 conseils à suivre pour éviter de finir le mois à découvert, et donc de risquer des agios, voire des impayés.

+16,2% : c'est, selon l'institut Circana cité par Le Parisien, la hausse du prix du panier de courses ce mois-ci, par rapport à mars 2022. La forte hausse des prix de l'alimentation vient encore ajouter au stress budgétaire ambiant, déjà affecté par l'inflation sur l'énergie. Et ce n'est malheureusement pas encore terminé : les prochains mois devraient s'inscrire dans la même tendance.

Pour nombre d'entre nous, cette inflation inédite depuis des décennies a des conséquences très concrètes. Elle se matérialise sous la forme de découverts bancaires en fin de mois. Voire, si la situation se dégrade encore, à des impayés de factures, de crédits ou de loyers. Voici quelques conseils pour éviter d'en arriver là.

Conseil n°1 : n'attendez pas le premier impayé

C'est une constante : lorsque les ménages commencent à chercher des solutions pour améliorer leur situation budgétaire, il est généralement trop tard. Une question de culture, sans doute. « La France est un pays où l'on craint de parler d'argent », témoigne Jean-Louis Kiehl, directeur de Crésus, un réseau d'associations d'accompagnement et de prévention du surendettement. « Les personnes s'adressent à nous quand la maison brûle déjà, que toutes les portes se ferment. »

En clair, n'attendez pas de subir un premier impayé ou un premier incident de paiement pour reprendre votre budget en main, au risque d'entrer rapidement dans une spirale négative. Il faut le rappeler : les dépassements de découverts autorisés sont coûteux et risquent encore de dégrader votre solde bancaire. Ils vous exposent également à une inscription du Fichier central des chèques (FCC), et donc à une interdiction d'émettre des chèques et/ou d'utiliser votre carte bancaire.

Ne parlons pas des impayés de cotisations d'assurances, qui peuvent entraîner des résiliations, et donc une absence de couverture en cas de souci avec votre automobile ou votre logement.

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Conseil n°2 : n'attendez pas que votre banque vous dise « stop »

Lorsque votre situation financière se dégrade, ne comptez pas sur votre banque pour vous dire « stop » avant la catastrophe. Sous la pression des pouvoirs publics, les établissements ont certes amélioré leurs dispositifs de détection de la fragilité financière de leurs clients. Mais ils se déclenchent trop tard, lorsque les premiers incidents de paiement ont déjà eu lieu.

« La banque ne peut pas tout faire, c'est aussi au citoyen de trouver la confiance d'aller voir le banquier rapidement », conseille ainsi Jean-Louis Kiehl. Si vous sentez que la situation vous échappe, contactez sans attendre votre conseiller pour signaler vos difficultés. Cela vous permettra d'enclencher un accompagnement et de bénéficier, notamment, d'un plafonnement des frais d'incidents.

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Conseil n°3 : calculez votre reste à vivre

Il n'est pas non plus nécessaire d'attendre un rendez-vous avec son banquier, un point conseil budget ou une association d'accompagnement, pour commencer d'assainir sa situation budgétaire. Vous pouvez, en autonomie, engager la démarche, en commençant par calculer votre reste à vivre. Comment ? On vous expliquait tout dans cet article.

Reste à vivre : les seuils d'alerte à connaître pour maîtriser votre budget

Pour analyser vos dépenses, récurrentes ou non, un bout de papier et un crayon suffisent. Les outils numériques peuvent aussi vous y aider. Toutes les banques disposent désormais de sites web et d'applications mobiles vous permettant d'accéder en un clin d'œil à votre historique de compte bancaire sur plusieurs mois.

La plupart proposent également des outils de catégorisation budgétaires, plus ou moins efficaces, et certaines même des soldes prédictifs, qui calculent, sur la base du passé, l'évolution de votre solde sur le mois à venir.

Si les outils de votre banque ne vous conviennent pas, vous pouvez regarder du côté d'applications spécialisées dans l'agrégation de comptes (Bankin' ou Linxo pour les plus connus) et le coaching budgétaire (BGV, développée par Crésus et proposé, notamment, par La Banque Postale).

Conseil n°4 : faites des arbitrages sur votre consommation

Une fois le montant de votre reste à vivre connu, le plus dur reste à faire : adaptez votre consommation à vos moyens du moment. Cela passe nécessairement par des arbitrages sur l'alimentation, l'habillement ou les loisirs.

Méfiez-vous de la tentation de surconsommer. C'est d'autant plus difficile que les facilités de paiement sont désormais omniprésentes, particulièrement dans le shopping en ligne : on peut tout acheter ou presque, avec un paiement différé ou en 3 ou 4 fois. Des formes de crédit très (trop ?) facilement accessibles, sans vérification systématique de votre solvabilité, sans consultation du FICP, qui comportent donc des risques de dérapage. « Nous voyons apparaître des ménages qui ont 5 BNPL pour Buy Now, Pay Later, achetez maintenant et payez plus tard, NLDR en cours, n'arrivent plus à rembourser et s'exposent à des frais d'impayés importants », alerte Jean-Louis Kiehl, de Crésus.

Conseil n°5 : anticipez les impayés de charges fixes

L'autre levier pour éviter les fins de mois dans le rouge, c'est de faire baisser le poids des charges fixes dans votre budget.

Si vous remboursez un crédit immobilier ou un prêt personnel et que vous avez de plus en plus de mal à assumer vos mensualités de remboursement, ne tardez pas à contacter l'organisme qui vous a prêté l'argent pour examiner les possibilités de moduler, voire de reporter vos échéances mensuelles. Cela peut vous éviter les impayés, et donc le risque de vous retrouver inscrit au FICP, le registre des « fichés » à la Banque de France.

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Même logique pour les factures d'énergie, de télécom ou d'assurances : il est toujours préférable de tenter de dialoguer avec votre créancier en amont des difficultés.

Conseil n°6 : faites baisser vos factures

Dernier levier : vous pouvez activement chercher des solutions pour baisser le montant de vos factures. En jouant la carte de la sobriété d'abord, mais également celle de la concurrence. Côté gaz et électricité, le contexte actuel ne se prête pas au changement d'opérateur. La prudence commande plutôt d'en rester aux tarifs réglementés de vente, ceux proposés par EDF et Engie, concernés par les boucliers tarifaires mis en place par les pouvoirs publics.

Les perspectives d'économies existent en revanche dans les télécoms (mobile, fibre) et la banque au quotidien, des secteurs qui restent concurrentiels, mais aussi et surtout dans les assurances auto et habitation.

« Nous rencontrons des publics qui sont assurés cinq fois pour la même chose, mais ne parviennent plus à mettre des aliments dans leur frigo », explique Jean-Louis Kiehl. L'exercice est fastidieux et complexe, mais la recherche des doublons peut vous permettre de faire de grosses économies.

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