Chaque année, les groupes bancaires réalisent des milliards d’euros de bénéfices ! Mais, savez-vous combien vous, en tant que clients de banques de détail, rapportez à La Banque Postale, au Crédit Mutuel et autres BNP Paribas ? Réponse : entre 30 et 130 euros par semestre, selon les établissements.

Frais bancaires, commissions sur les produits d’épargne ou encore intérêts payés sur les crédits… Vous versez chaque mois à votre banque de quelques euros, si vous y détenez uniquement un compte de dépôt, à plusieurs centaines d’euros, si vous avez aussi contracté un prêt. Ces frais servent à couvrir les salaires du personnel, les dépenses informatiques ou encore le coût des réseaux d’agences. Mais évidemment, activité à but lucratif oblige, les banques dégagent aussi une plus-value sur ce qu’elles prélèvent sur votre compte.

Pour mesurer cette manne financière, les analystes s’appuient notamment sur le produit net bancaire (PNB) – l’équivalent peu ou prou du chiffre d’affaires pour les banques - et les bénéfices réalisés, appelés résultat en comptabilité. Selon les enseignes et leur rayonnement (puissance et développement du réseau, diversité du catalogue, capacité à faire payer des prix plus ou moins élevés à leurs clients…), ces données varient grandement d’une banque à une autre.

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La banque de détail, le credo des établissements mutualistes

Ainsi, sur le segment banque de détail – c’est-à-dire les services bancaires du quotidien, le financement et les produits d’épargne à destination des particuliers, des professionnels et des entreprises de petite ou moyenne taille – le PNB des caisses régionales du Crédit Agricole atteint 6,77 milliards d’euros au premier semestre 2019, contre 1,55 milliard pour les caisses du Crédit Mutuel. Les 39 banques régionales du Crédit Agricole génèrent également, en cumulé, plus de revenus que le pôle banque de détail des établissements nationaux, comme Société Générale (3,91 milliards de PNB semestriel) et BNP Paribas (3,07 milliards d’euros).

Logiquement, cette hiérarchie se retrouve aussi au niveau du résultat financier des banques, qui se calcule en soustrayant du PNB les frais généraux (charges de personnel, entretien des agences et des distributeurs, dépenses informatiques…). Sur les 6 premiers mois de l’année, le bénéfice avant impôt des établissements mutualistes dépasse, dans la plupart des enseignes, celui des banques de détail nationales. Il atteint ainsi près de 2 milliards d’euros dans les banques locales du Crédit Agricole, 1 milliard dans le réseau Caisse d’Epargne et plus de 900 millions d’euros dans les Banques Populaires. A l’inverse, La Banque Postale n’est, en comparaison, profitable qu’à hauteur de 312 millions d’euros le semestre dernier, soit, donc, quelque 3 fois moins que les deux réseaux du groupe BPCE.

Au niveau des établissements non structurés en pôles régionaux, la banque de proximité en France reste tout de même une source de profit élevée. Elle permet ainsi à la Société Générale d’engranger 859 millions de résultat avant impôt au premier semestre 2019, soit près d’un tiers des bénéfices avant impôt générés à l’échelle du groupe sur la période.

Si la banque de détail est relativement plus importante pour les mutualistes, cela vient de leur modèle d’affaires et de leur implantation locale, plus propices à ce segment d’activités bancaires… La banque de proximité tirant ses gains des commissions et des intérêts payés aux clients, plus ces derniers sont nombreux, plus les revenus augmentent. Ainsi, avec 24 millions de clients (particuliers et professionnels) dans les caisses régionales du Crédit Agricole, 19,2 millions dans les Caisses d’Epargne ou encore 9,3 millions pour le réseau des Banques Populaires, il paraît logique que le PNB comme le profit de la banque au quotidien y soient supérieurs aux performances réalisées par BNP Paribas (7,3 millions de clients), CIC (5,2 millions) ou encore LCL (6,6 millions).

Le gain par client des banques de détail en France au 1er semestre 2019
Produit net bancaireRésultat avant impôtNombre de clientsProfit par client
CIC1 860 M€673 M€5,2 M130 €
Société Générale3 910 M€859 M€8 M108 €
Banque Populaire3 244 M€947 M€9,3 M102 €
BNP Paribas3 071 M€709 M€7,3 M97 €
Caisses régionales du Crédit Agricole6 766 M€1 972 M€24 M82 €
LCL1 758 M€467 M€6,6 M71 €
Caisses de Crédit Mutuel1 549 M€391 M€7,1 M55 €
Caisse d'Epargne3 518 M€1 042 M€19,2 M54 €
La Banque Postale2 596 M€312 M€10,6 M29 €
Données extraites du document d'enregistrement universel et éléments financiers au 30 juin 2019 des banques

Profit par client : un rapport de 1 à 4 entre le CIC et La Banque Postale

En revanche, qui dit clientèle développée dit aussi souvent, en contrepartie, charges accrues de personnels, d’agences, voire d'informatique pour assurer la robustesse et la capacité à monter en charge des systèmes d’information. C’est ce qui explique notamment que lorsqu’il est rapporté au nombre de clients, le résultat avant impôt du réseau des Crédits Agricoles est plutôt faible. Le bénéfice par client y atteint 82 euros au premier semestre 2019, contre 97 euros à la BNP et 108 euros à la Société Générale. Mais ce ne sont ni les clients de la banque rouge et noire, ni ceux de celle d’un monde qui change qui sont les plus rentables individuellement. Il s’agit des personnes poussant la porte des agences du CIC. Et la différence est notable. Durant les 6 premiers mois de l’année, l’enseigne a en effet gagné 130 euros par client. C’est presque deux fois plus que pour les caisses de Crédit Mutuel (71 euros de profit par personne), membres comme le CIC du groupe Crédit Mutuel Alliance fédérale.

Outre les frais de fonctionnement maîtrisés - 1,13 milliard d’euros au premier semestre pour 1 900 agences en France, contre, par exemple, 4,41 milliards d’euros pour les caisses du Crédit Agricole et leurs 7 000 points de vente dans l’Hexagone – cette rentabilité élevée par utilisateur s’explique aussi vraisemblablement par la diversité de l’offre du CIC. En plus des services financiers traditionnels, ce réseau de banque de détail propose des produits annexes comme de la téléphonie et de la télésurveillance. Et ces services prennent de l’ampleur à en croire les dernières performances financières communiquées par l’enseigne. En un an, le nombre de contrats de téléphonie vendu a bondi de 4%, à près de 520 000 forfaits commercialisés au 30 juin 2019. De même, les clients ayant souscrit au service vol et protection du CIC (alarme et télésurveillance de son domicile) connaissent une nette progression. Par rapport à fin juin 2018, leur nombre a augmenté de 4,5% au premier semestre 2019, à plus de 105 000 contrats.

Par ailleurs, le CIC dispose d'un nombre de clients professionnels et entreprises important au regard de sa taille : actuellement 840 000 sur les quelques 5 millions de clients de l'enseigne. A titre de comparaison, la banque de détail de BNP Paribas en revendique 585 000 en France. Or, les frais appliqués aux pros étant plus élevés que pour les particuliers, cette clientèle s'avère plus lucrative.

De l’autre côté de l’échiquier se trouve La Banque Postale. Bon dernier de ce classement, l’établissement ne réalise que 29 euros de marge par client le semestre passé. Un résultat sans surprise au regard de la mission de service public qui incombe à La Banque Postale. A ce titre, elle se doit notamment d’accueillir les personnes en situation d’exclusion bancaire et de leur délivrer gratuitement un Livret A relié à une carte de retrait. Un cas de figure qui s'applique à 1,5 de ses 10,6 millions de clients. En outre, La Banque Postale accueille près de la moitié des clients fragiles recensés dans le cadre de l’Observatoire de l’inclusion bancaire, des clients qui bénéficient d’un plafonnement des frais d’incident de paiement. Concrètement, sur les 3,4 millions de personnes concernées, 1,6 million sont à La Banque Postale.