Les particuliers et les professionnels représentent toujours une source de revenus majeure pour les banques. Si le contexte était plus difficile en 2019 avec le gel des tarifs bancaires, les enseignes ont trouvé la parade pour vous faire dépenser plus.

Votre banque marche sur des œufs… D’un côté, elle cherche à faire des économies sur les réseaux bancaires, en fermant notamment les agences moins fréquentées. Mais, de l’autre, elle doit veiller à préserver sa clientèle d’un choc trop brutal. Car vous représentez une source de revenus prépondérante pour votre banque. En effet, sur les 49 milliards d’euros de bénéfices réalisés en 2019 par les 8 banques sur lesquelles MoneyVox s’est penché, plus du quart provient de leur banque de détail en France (1). C'est-à-dire l’activité classique d’une banque, à savoir l’ouverture et la gestion de comptes bancaires et de produits d’épargne et l’octroi de prêts, à destination des particuliers et des petites et moyennes entreprises.

La banque de détail peut rapporter gros

Pour les enseignes très implantées localement, cette activité de banque du quotidien dépasse nettement 25% de leurs bénéfices. Ainsi, à 3,8 milliards d’euros en 2019, le résultat avant impôt des réseaux de Banque Populaire et de Caisse d’Epargne représente plus de 68% des bénéfices totaux du groupe BPCE (qui englobe en outre Natixis et Oney Bank notamment) contre 57% en 2016. Même tendance pour La Banque Postale. L’an dernier, sur le milliard de gains avant impôts, près 600 millions d’euros incombent aux activités de banque de détail, soit 56% des bénéfices. Un constat peu surprenant compte tenu du positionnement de la banque de La Poste. De par sa mission d’accessibilité bancaire, elle accueille en effet une clientèle plus modeste qui détient donc essentiellement un compte de dépôt. De quoi limiter la progression des autres activités de l’enseigne, à savoir l’assurance et la gestion d’actifs.

Les gains des banques de détail en France en 2019
Résultats avant impôt 2019Evolution sur 1 anPart dans le bénéfice du groupe
Crédit Agricole3,7 milliards d'€2,7%39%
Caisse d'Epargne2 milliards d'€-0,1%36%
Banque Populaire1,8 milliard d'€1,0%32%
Société Générale1,6 milliard d'€1,4%32%
BNP Paribas1,3 milliard d'€-1,4%11%
CIC1,1 milliard d'€3,6%61%
LCL0,9 milliard d'€0,6%9%
La Banque Postale0,6 milliard d'€-3,2%56%
Données extraites des résultats annuels 2019 des banques

A l’inverse, les groupes bancaires très présents à l’international sont logiquement moins dépendants des frais et autres commissions prélevées aux particuliers et aux professionnels y détenant un compte. Illustration avec BNP Paribas. Sur les 11,4 milliards de bénéfices avant impôt réalisés en 2019, seulement 1,3 milliard, soit 11%, proviennent de ses enseignes de banque de détail en France (dont son réseau éponyme et sa banque en ligne Hello Bank). Une moindre dépendance qui, dans un contexte peu propice à ce pôle d’activités, explique en partie les très bons résultats de BNP Paribas l’an passé. La banque d’un monde qui change a en effet vu ses bénéfices bondir de 12%, alors mêmes que les gains de sa banque de détail en France ont baissé de 1,4% par rapport à 2018.

Le crédit immobilier au secours des banques

Effectivement, l’année 2019 n’a pas été de tout repos pour les réseaux des banques. Côté frais bancaires, le gel des tarifs et la mise en place de nouveaux plafonds sur les frais d’incidents ont pesé sur les marges. C’est en tout cas l’une des justifications avancées par les groupes pour expliquer la baisse des commissions perçues. En ce sens, La Banque Postale explique ainsi avoir perdu 69 millions d’euros l’an dernier suite à ce plafonnement. Sans communiquer le montant exact en jeu, la Société Générale, le CIC ou encore BNP Paribas avancent également en 2019 une baisse de respectivement 2,1%, 1,3% et 1% des commissions du fait de la baisse des tarifs pour les clients fragiles.

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Les intérêts des prêts, seconde source de revenus pour la banque de détail, sont également sous pression. En effet, à cause de la chute des taux, la marge d’intérêt – c’est-à-dire l’écart entre les intérêts que vous remboursez et le coût de l'argent qu'elle vous prête - a tendance à baisser mécaniquement… poussant les banques à jouer sur l’effet volume et à ouvrir les vannes du crédit. C’est la stratégie déployée par l’ensemble des banques françaises pour accroître les revenus de leurs banques de détail (ou limiter les pertes), au grand dam des régulateurs qui craignent pour la stabilité à long terme du système financier. Ainsi, en seulement un an, les encours de crédits ont bondi de près de 8% dans les réseaux Banque Populaire et Caisse d’Epargne, pour atteindre respectivement 225 et 291 milliards d’euros. Il en va de même à la Société Générale chez qui l’encours est passé de 189 à plus de 201 milliards d’euros à fin 2019 (+6%).

Du côté des caisses régionales du Crédit Agricole, le réseau qui octroie le plus de prêts immobiliers en France, l’augmentation est aussi saisissante. Leur stock d’emprunts a bondi de 7% à 520 milliards d’euros à fin 2019. « Cette croissance est portée par les prêts à l’habitat (+7,6%) et les crédits aux entreprises (+6%) », souligne le Crédit Agricole dans son rapport annuel, ainsi que par l’augmentation de 7,3% des encours de crédits à la consommation. Ouvrir les vannes du crédit : une stratégie qui semble gagnante, du moins à court terme, pour la Crédit Agricole. L’an dernier, le résultat avant impôt des caisses régionales a en effet grimpé de près de 3%, à 3,7 milliards d’euros.

Faites-vous partie des clients rentables ?

Pour évaluer la rentabilité d’un réseau bancaire et de sa clientèle, il est intéressant de calculer le profit par client. Et les écarts selon les banques sont saisissants. Avec 57 euros de bénéfice avant impôt par client, La Banque Postale se classe à la dernière position. C’est assez cohérent compte tenu de sa clientèle. A l’inverse, le gain par client au CIC atteint 218 euros en 2019. Là encore, c’est plutôt logique dans la mesure où le CIC est très orienté sur les professionnels, une clientèle en principe plus rémunératrice que les particuliers.

Le classement du profit par client des banques de détail :

  1. CIC avec 218 euros
  2. Société Générale avec 206 euros
  3. Banque Populaire avec 191 euros
  4. Crédit Agricole avec 176 euros
  5. BNP Paribas, avec 174 euros
  6. LCL avec 136 euros
  7. Caisse d’Epargne avec 105 euros
  8. La Banque Postale avec 57 euros

Retrouvez notre comparateur des banques les moins chères

(1) Résultats nets avant impôt cumulés de BPCE (Banque Populaire-Caisse d’Epargne), BNP Paribas, Société Générale, des caisses régionales du Crédit Agricole, de La Banque Postale et du CIC en France. Nous ne tenons pas compte des résultats 2019 du Crédit Mutuel (hors CIC) qui ne donne que peu de détails sur les performances de son réseau de banque de détail dans son rapport publié en février dernier.