La Banque de France a enregistré en 2015 un bénéfice net en hausse de 8% à 2,22 milliards d'euros en raison de l'augmentation de la taille de son bilan, selon un communiqué publié lundi.

Le résultat ordinaire avant impôts a pour sa part atteint 4,71 milliards d'euros, contre 4,80 milliards l'année précédente. Le produit net bancaire (équivalent au chiffre d'affaires) s'est établi à 6,9 milliards d'euros, un résultat quasiment stable par rapport à l'an dernier (7 milliards d'euros en 2014).

Cette stabilité du produit net des activités de l'institution « résulte de l'augmentation de la taille du bilan passée de 578 à 710 milliards d'euros entre fin 2014 et fin 2015 » dans un contexte où le taux des opérations principales de refinancement était de 0,05% en 2015, précise la Banque de France. Le Gouverneur de la Banque de France a annoncé : « D'une certaine façon, les revenus monétaires des Banques centrales de l'Eurosystème changent de nature par rapport un flux traditionnel avant le développement des mesures non conventionnelles. Auparavant, le revenu traditionnellement important c'était le seigneuriage sur les billets. Aujourd'hui, les revenus les plus significatifs des banques centrales ce sont les revenus nets sur titres et les revenus d'intermédiation. »

Les conséquences des décisions de la BCE

L'augmentation de la taille du bilan a eu pour effet d'accroître l'excédent de liquidités qui, compte tenu du taux de dépôt négatif fixé par la Banque centrale européenne (BCE), a été rémunéré et a donc conduit à une stabilisation du produit net et une augmentation du bénéfice. Cette évolution découle de la mise en œuvre de nouvelles décisions de politique monétaire prises par la BCE. Ces mesures de politique monétaire européenne sont essentiellement des programmes d'achat de titres de dettes ainsi que des opérations de refinancement des établissements de crédit à très long terme. Il s'ajoute le dynamisme de la circulation fiduciaire, en hausse de 6,6%. « Cette hausse peut surprendre, » a admis le Gouverneur de la Banque de France. Mais il a expliqué en conférence de presse : « L'Euro étant une grande monnaie internationale, une monnaie de réserve, la demande de billets des non-résidents s'est accrue dans un contexte de tensions internationales. »

La Banque de France, qui inscrit dans l'actif de son bilan uniquement les opérations conduites en France, a procédé en 2015 à 125 milliards d'euros d'achats d'actifs (134 milliards depuis octobre 2014), portant à 163 milliards d'euros les encours de titres détenus. L'institution a par ailleurs poursuivi sa politique de réduction des coûts, ses charges d'exploitation ayant reculé de 0,9% à 2,18 milliards d'euros. Au niveau du personnel, les effectifs ont diminué de 2%, ramenant à 12.245 le nombre d'agents. Ces dix dernières années, les effectifs de la Banque de France ont été réduits de plus de 12%.

Un nouveau plan stratégique à l'étude

Un plan stratégique à horizon 2020, baptisé « Ambitions 2020 », est actuellement à l'étude, ses grandes lignes devant être connues à l'automne, a annoncé le gouverneur qui ambitionne de faire de l'institution « un service public exemplaire », « plus performant », « plus innovant et encore plus visible ».

Enfin, la Banque de France a renforcé ses provisions de 500 millions d'euros en abondant le fonds pour risques généraux, destiné à faire face à tout type de risque (hors risque de change), portant son encours à 8 milliards d'euros. « La Banque de France doit avoir la capacité d'absorber les chocs en particulier ceux qui pourraient être liés à d'éventuels risques dans le cadre de notre participation à la politique monétaire commune », a souligné François Villeroy de Galhau.