Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a estimé mardi que le niveau actuel de la rémunération du Livret A empêchait la baisse des taux « de toute une série de crédits ».

Le taux de ce produit d'épargne a été maintenu par le gouvernement à son plus bas historique de 1,00% début février, alors que sa formule de calcul aurait dû le faire mécaniquement tomber à 0,25%. Christian Noyer avait lui proposé de le ramener à 0,75%.

« On peut discuter pour savoir si c'est 0,75% ou 0,50% l'idéal mais j'ai regretté la décision qui a été prise et qui me paraît empêcher toute évolution à la baisse des taux de toute une série de crédits et par conséquent être un obstacle à la transmission de la politique monétaire de la Banque centrale européenne », a souligné le gouverneur devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale.

Le dernier mot à Bercy

Les sommes déposées sur le Livret A servent à financer divers secteurs dont le logement social. Un taux plus bas permet donc à la Caisse des dépôts, qui centralise 65% de l'épargne de ce livret, d'octroyer des prêts moins onéreux, aux organismes HLM par exemple.

En matière de fixation du taux du Livret A, le gouverneur de la Banque de France a le premier la parole. Soit il applique la formule –qui repose pour l'essentiel sur le niveau de l'inflation– et le taux théorique entre automatiquement en vigueur. Soit il choisit d'y déroger et, dans ce cas, sa recommandation peut ou non être suivie par le ministre des Finances, qui a le dernier mot.

« Eviter des mouvements d'épargne trop brutaux »

« Économiquement, le bon niveau, ce serait de laisser jouer la formule qui le mettrait à 0,25% », a expliqué le gouverneur de la Banque de France. Mais il a ajouté qu'il avait choisi de déroger à ce calcul par crainte de mouvements d'épargne trop brutaux, notamment vers les contrats d'assurance-vie en euros qui ont encore rapporté 2,5% en moyenne en 2014.

Christian Noyer a prédit une nouvelle fois que ces contrats vont « inéluctablement » offrir un rendement « qui va baisser énormément » à l'avenir, en raison de la faiblesse des taux d'intérêt.