Mis en cause par une internaute pour ses frais de succession, le Crédit Agricole d’Ile-de-France a défendu sa politique en la matière. Les frais facturés après le décès des clients font toutefois partie des lignes tarifaires les plus opaques et inflationnistes.

« 160 balles de frais (que vous appelez « de succession » sans que rien ne le justifie) simplement pour retirer le prénom de mon père décédé du compte joint de mes parents ? » C’est le message rageur posté sur Twitter en début de semaine par une Parisienne. Il s’adresse au Crédit Agricole d’Ile-de-France (Cadif), après que celui-ci a prélevé 160 euros, au titre des frais de succession, sur le compte, commun avec sa mère, de son père décédé. Un message qui a immédiatement déclenché un flot de réactions d’autres internautes, accusant en substance la banque de profiter indûment du deuil de cette famille, et critiquant plus généralement les pratiques des banques en la matière.

Le Cadif, de son côté, a réagi en tentant de justifier ses pratiques, renvoyant les internautes vers un article de son site web intitulé « Frais de succession, on vous explique ». Elle y liste notamment 11 « actions concrètes » mis en œuvre pour accompagner ses clients au moment de la succession : « entretien conseil avec un conseiller », « réception et vérification de l’authenticité de l’acte de décès », « déclaration des avoirs à l’administration fiscale », « suspension des échéances automatiques sur les crédits », « désolidarisation des éventuels comptes joints », etc. Des « actions manuelles », promet la banque, effectuées par le « conseiller en agence », ou par des « experts » de son service dédié.

Des frais qui augmentent rapidement

Le Crédit Agricole d’Ile-de-France, de fait, n’est pas la seule banque à facturer ces frais de succession. Ils figurent même dans les grilles tarifaires de toute les enseignes, y compris les banques en ligne. Avec des forfaits compris entre 90 euros (pour les successions inférieures à 3 000 euros d’avoirs) et 580 euros (pour celles supérieures à 75 000 euros), il se situe même plutôt dans la moyenne basse du marché.

Les frais de succession, toutefois, font partie de ces lignes tarifaires qui paraissent les plus injustes aux yeux des clients. Une étude du comparateur Meilleurebanque.com a ainsi montré qu’ils avaient tendance à augmenter plus fortement que l’inflation : +3,8% en moyenne entre 2017 et 2018, plus que la hausse générale des prix sur la période (2,2%), et +27,6% depuis 2012, avec des pointes beaucoup plus fortes : +275%, par exemple, à la Macif. Surtout, les écarts de prix, d’une enseigne à l’autre, pour un même service sont abyssaux : de 75 euros au Crédit Agricole Nord Est à 450 euros chez Allianz !