Achetez tout de suite, payez en 3, 4 fois, voire plus : vous êtes de plus en plus nombreux à être séduits par la promesse du paiement fractionné. Tour d'horizon des différentes solutions du marché.

« Une petite révolution dans le crédit ». C'est ainsi que Marc Lanvin directeur général adjoint de Banque Casino, décrit le paiement fractionné. Selon un récent sondage (1), un Français sur 4 l'utilise désormais pour financer des achats d'électroménager (pour 33% d'entre eux), de matériel high tech (29%) ou de meubles (21%). Leurs motivations sont diverses : éviter un découvert, et les frais qui vont avec ; éviter d'atteindre le plafond de sa carte bancaire ; ou tout simplement profiter d'une facilité de paiement parfois proposée gratuitement.

Le paiement fractionné est né sur le web, dans la première moitié des années 2010. Ce sont en effet les sites d'e-commerce qui ont mis en place ce type d'étalement, et qui en restent les principaux promoteurs : plus de 60% en sont aujourd'hui équipés, selon Marc Lanvin. Il faut dire que la solution permet d'augmenter les volumes de ventes et fidélise les clients : selon le sondage déjà cité, 78% des usagers sont prêts à changer d'enseigne pour pouvoir payer en plusieurs fois.

Cette « petite révolution » est technologique mais aussi réglementaire. Depuis 2010, la loi Lagarde encadre en effet plus strictement l'octroi des crédits à la consommation. Des contraintes - devoir de conseil, vérification de la solvabilité, formulaire à remplir, etc - qui s'appliquent dès lors que la durée de remboursement dépasse les 90 jours. En se limitant à 3 ou 4 échéances de remboursement, le paiement fractionné reste sous cette limite et échappe donc à ce cadre, ce qui facilite grandement sa distribution.

Avec les années et le succès, le marché du paiement fractionné s'est diversifié : de nouveaux acteurs y sont venus - le dernier en date s'appelle Paypal -, de nouveaux services sont apparus. Voici, pour s'y retrouver, un petit tour d'horizon.

Le paiement en x fois par carte bancaire, avec ou sans frais

Comment ça marche ? - Le 3 ou 4 fois par carte bancaire, c'est le paiement fractionné dans sa forme originelle. Ses atouts : la simplicité et la rapidité. Considéré comme une simple facilité de paiement, il permet en effet aux prêteurs d'alléger la procédure d'octroi. Résultat : il suffit généralement de présenter une pièce d'identité et un numéro de carte bancaire pour avoir 9 chances sur 10 d'obtenir un feu vert en quelques minutes.

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Qui le propose ? - Si le paiement fractionné n'est pas un crédit au sens strict du terme, ce sont bien les sociétés de crédit spécialisées qui tiennent ce marché. En particulier les filiales bancaires historiques des enseignes de la grande distribution - Banque Casino, Oney (Auchan) - et de la vente à distance - Cofidis (anciennement propriété des 3 Suisses). Ces banques, toutefois, ne s'adressent généralement qu'aux « grands comptes », c'est-à-dire aux acteurs du e-commerce disposant d'un volume d'affaires conséquent. Pour répondre à la demande de la multitude des petits e-commerçants, plusieurs acteurs venus du secteur technologique - des « fintechs » dans le jargon - se sont positionnés : des acteurs spécialisés - Pledg, Alma ou encore Pagantis - mais aussi, récemment, le géant états-uniens des paiements électroniques Paypal.

Combien ça coûte ? - C'est la grande force du paiement fractionné, du point de vue marketing : pour aider le déclenchement de l'achat, il est régulièrement proposé « sans frais ». Dans ce cas, c'est le commerçant qui prend à sa charge l'intégralité du coût facturé par le prêteur. Quand ce n'est pas le cas, ces frais sont partagés entre le commerçant et le consommateur. Pour ce dernier, ils se situent alors entre 1% et 2% du montant de l'achat, selon les cas, avec souvent un plafonnement. C'est le cas, par exemple avec PayPal, qui facture le service 2,1% du montant payé, avec un maximum de 20 euros.

Les petits prêts express

Comment ça marche ? - C'est une tendance plus récente : certains acteurs proposent, non pas d'échelonner le paiement du bien, mais de financer son achat avec un petit prêt avec réponse de principe immédiate, versé parfois instantanément sur le compte et remboursable sous 90 jours. Un « vrai phénomène d'usage », selon Marc Lanvin, de Banque Casino, qui s'appuie sur « la même technique bancaire » qu'un paiement fractionné, mais permet d'en élargir le champ, en particulier aux achats effectués dans les boutiques en dur.

Qui le propose ? - C'est Banque Casino qui a lancé la tendance avec le « Prêt Coup de Pouce », proposé depuis 2017 aux clients de Cdiscount, autre filiale du groupe Casino, et depuis fin 2018 aux usagers de l'application de paiement Lydia. Le concept a ensuite été repris, presque tel quel, par Boursorama : le leader de la banque en ligne en France a lancé CLI€, à destination exclusive de ses clients. Citons également Finfrog, une jeune pousse lancée en 2016, et qui présente clairement ces micro-prêts comme une alternative au découvert bancaire lorsqu'on est confronté à une dépense inattendue.

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Combien ça coûte ? - Pratique mais pas donné : pour son mini-prêt Coup de Pouce, Banque Casino facture jusqu'à 3,13% du montant emprunté. Une commission dégressive selon le montant, qui peut descendre à 1,48%. Du côté de Boursorama, la commission fixe augmente par paliers avec le montant emprunté : 5 euros entre 200 et 500 euros, 10 euros entre 501 et 1 000 euros, 20 euros entre 1 001 à 2 000 euros. Une solution qui a le mérite de la simplicité pour le consommateur.

Le crédit comme moyen de paiement

Comment ça marche ? - Le paiement en 3 ou 4 fois n'est pas forcément adapté pour les achats de plus gros montant, car les échéances de remboursement deviennent alors trop élevés. D'où l'émergence récente de solutions de paiement en 10 ou 12 fois. Il s'agit alors de crédits à la consommation au sens de la réglementation, dont l'octroi est toutefois rendu plus simple et plus rapide grâce au numérique : pièces justificatives analysées automatiquement, signature électronique, accès aux données bancaires pour déterminer la solvabilité, etc.

Qui le propose ? - Parmi les précurseurs de ces « crédits comme moyen de paiement », on retrouve de nouveau Banque Casino, qui propose du paiement en 10 fois par carte bancaire. Autre acteur à la pointe sur le sujet : Younited Credit. Le jeune établissement de crédit français a notamment travaillé avec Free pour le financement de l'enceinte connectée accompagnant Delta, sa box haut de gamme.

Combien ça coûte ? - Là encore, tout dépend si le commerçant prend en charge, ou non, le coût du financement. C'est le cas de Free, dans le cadre du partenariat avec Younited. Côté Banque Casino, Marc Lanvin annonce un « coût limité pour le client » mais « un peu plus cher que le paiement en 3 ou 4 fois.

A consulter : notre comparatif des meilleures offres de prêt conso

(1) « Les Français et l'évolution des moyens de paiement », étude réalisée par Opinion Way pour Banque Casino, juin 2020.