Les offres de paiement en 3 ou 4 fois sans frais fleurissent un peu partout, dans les grands magasins et les commerces en ligne. Que cachent ces facilités de paiement, octroyées presque sans conditions ?

Vous vous baladez dans une grande surface ou sur un site d’e-commerce. Soudain, vous tombez sur le téléviseur qui vous fait rêver depuis longtemps, et il est en promo ! C’est tentant… Pour achever de vous convaincre, le marchand a un argument : il vous propose de régler la facture, non pas en une fois, mais en 3 ou 4 échéances, sans surcoût et sans paperasse. Forcément, vous êtes prêt à craquer…

Ce type d’offre a un nom : le « paiement en 3 ou 4 fois par carte bancaire ». Et les marchands ont bien compris son potentiel pour encourager l’acte d’achat. Apparu il y a une dizaine d’années pour les produits high-tech (télévision, ordinateur portable, smartphone, etc.), le paiement fractionné est désormais présent dans tous les secteurs, de l’équipement de la maison à la la mode, en passant par le sport, les voyages et même la santé. Résultat : « 60% des Français déclarent l’utiliser au moins une fois par an, et 19% au moins une fois par mois », se félicite Corinne Hochart, directrice générale d’Oney, banque leader en France sur ce type de paiement.

Le 3 ou 4 fois sans frais est-il un crédit ?

Repartir avec un bien sans payer immédiatement l’intégralité de son prix : à première vue, le 3 fois sans frais ressemble à un crédit à la consommation. Il n’en est pas un, pourtant. En effet, pour qu’un prêt soit considéré comme un crédit à la consommation, il faut que sa durée de remboursement soit supérieure à 90 jours. Ce qui n’est pas le cas ici.

Le 3 ou 4 fois sans frais est donc une facilité de paiement. Qu’est-ce que ça change ? Beaucoup de choses. La distribution des crédits conso sur les lieux de vente est en effet strictement encadrée par la réglementation. Elle impose notamment une étude de la capacité de l’emprunteur à rembourser, sur la base de justificatifs, de revenus notamment.

Avec le paiement fractionné, rien de tout ça. « La seule information demandée est un numéro de carte bancaire », explique Corinne Hochart. Posséder une CB est en effet la condition sine qua non du 3 fois sans frais : c’est elle qui sera utilisée pour régler les échéances de remboursement.

Attention aux contreparties !

Le consommateur doit-il se méfier avant de profiter du paiement en 3 ou 4 fois sans frais ? Olivier Gayraud, juriste à l’association CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), n’a pas de réserves particulières sur ce produit en lui-même. Il appelle en revanche à la vigilance sur les contreparties demandées par certains commerçants. « Dans certains lieux de vente, le bénéfice du 3 fois sans frais est conditionné à la souscription de la carte du magasin, généralement équipée d’un crédit renouvelable très coûteux. Une manière de préparer le futur pour le commerçant, qui n’a plus ensuite qu’à relancer son client et lui rappeler qu’il dispose de cette ‘’réserve d’argent’’ », déplore le juriste.

Qui peut en bénéficier ?

92% : c’est le taux moyen d’acceptation des paiements fractionnés chez Oney. En clair, 8 demandes seulement sur 100 n’obtiennent pas le feu vert de l’organisme de crédit. Dans quels cas ? Principalement lorsque le consommateur ne possède pas le bon type de carte bancaire. « Toutes passent, à l’exception des cartes à autorisation systématique, du type Electron et Maestro », explique la directrice générale d’Oney.

Le paiement peut également être refusé en cas de soupçon de fraude. Ce sont les organismes de crédit, en effet, qui prennent un risque en accordant la facilité de paiement. Le commerçant, lui, reçoit immédiatement l’intégralité de la somme. Ainsi, pour éviter les arnaques - les usurpations de numéros de carte, ou les clients qui disparaissent dans la nature après avoir fait opposition sur leur carte, notamment - les banques analysent automatiquement chaque demande sur la base d’un faisceau de données contextuelles (heure de l’achat, type de carte, type de bien acheté, localisation, etc.), qui leur permettent d’évaluer un risque statistique de fraude.

Qui paye si c’est sans frais ?

Evidemment, le paiement fractionné n’est pas gratuit. Chez Oney, par exemple, « les frais sont de 1,45% du montant total de la commande en 3 fois dans la limite de 10 euros maximum et de 2,2% du montant total de la commande en 4 fois dans la limite de 20 euros maximum », détaille son site web.

Lorsque qu’il est proposé sans frais, c’est donc que le commerçant prend à sa charge le coût du service. Un effort dicté par sa politique commerciale. « Certaines enseignes font le choix de proposer le 3 ou 4 fois sans frais de manière permanente, comme un outil de fidélisation », explique la directrice générale d’Oney. « D’autres l’offrent ponctuellement, dans le cadre d’opérations commerciales, et le font payer le reste du temps ».

Une chose est sûre : le paiement fractionné est en train de devenir un incontournable. « C’est désormais un service attendu par le client, au même titre que la livraison ou le SAV », se félicite Corinne Hochart. Et les commerçants y trouvent évidemment leur compte : selon Oney, la valeur d’un panier d’achats réglé en 3 ou 4 sans frais est supérieur, selon les enseignes, de 10 à 30% à celle d’un panier payé en une fois !

A consulter : le comparatif des offres de crédit conso