Une récente étude le montre : certaines entreprises prospèrent sur l'étourderie de leurs clients, qui oublient ou renoncent à mettre un terme à un abonnement à un service dont ils n'ont plus besoin. Voici quelques pistes pour éviter de payer pour rien.

Jeux, musique, films et séries, applications web ou mobiles, shopping en ligne : à l'âge de l'économie numérique, le nombre de biens et de services auxquelles nous accédons en réglant un abonnement, souvent mensuel, ne cesse de croître. Selon une étude de 2022 (1), 82% des Français avaient au moins un abonnement en cours, 70% entre 2 et 5. Au point, parfois, de perdre le fil, et de payer chaque mois pour des services dont ils n'ont plus l'usage.

Des chercheurs états-uniens (2) ont récemment tenté d'apprécier le poids de cette « économie de l'inattention » : combien les sociétés qui proposent des services sur abonnement perdraient-elles si les consommateurs étaient pleinement attentifs et stoppaient les abonnements qu'ils ne souhaitent plus conserver ? La perte de revenus, pour les 10 services (non cités) inclus dans l'étude, irait « de 14% à plus de 200% », rapporte le quotidien Les Echos.

Plus de 8 mois d'abonnement superflus

Pour parvenir à ces chiffres, l'étude s'est appuyée sur une large base de données de paiement par carte bancaire anonymisées, en se concentrant sur un moment : celui où la carte atteint sa limite de validité. L'immense majorité des Etats-uniens (comme des Français) réglant leurs abonnements par carte, ce renouvellement contraint les sociétés à leur demander de fournir leurs nouvelles coordonnées de carte. Ce faisant, elles leur donne l'occasion de prendre une décision active : est-ce que je souhaite, ou non, poursuivre l'abonnement à ce service ?

« Les mois qui suivent le remplacement d'une carte sont associés à de plus grands taux de résiliation »

Résultat : « Nous constatons que les mois qui suivent le remplacement d'une carte sont associés à de plus grands taux de résiliation pour les dix abonnements que nous étudions », indique l'étude, citée par Les Echos, qui poursuit : « Dans le cas du cancre de la liste, sa durée moyenne de souscription chuterait et passerait de plus d'un an à 4 mois si les clients étaient pleinement attentifs au bénéfice reçu. »

Une confirmation obligatoire tous les 6 mois ?

Plus de 8 mois d'inertie, pour des services dont le coût mensuel se chiffre généralement en dizaines d'euros : les économies promises par une meilleure gestion des abonnements seraient non négligeable, à l'heure où le pouvoir d'achat est au centre des préoccupations. Mais comment faire pour aider les consommateurs à ne plus payer pour rien ?

Les chercheurs états-uniens suggèrent de contraindre les vendeurs de biens ou de services à demander à l'usager de confirmer sa volonté de poursuivre l'abonnement de manière régulière (tous les 6 mois par exemple) ou lorsqu'il constate que son client est inactif depuis un certain temps. Une piste pour les pouvoirs publics ?

Bouton résiliation en vigueur depuis le 1er juillet

Déjà, en France, les pouvoirs publics ont imposé, depuis le 1er juillet dernier, la mise en place d'un bouton de résiliation, permettant au client de mettre fin à l'abonnement en trois clics maximum. Une réponse aux dérives de certains acteurs, qui permettent de s'abonner en un clic, mais compliquent en revanche la procédure de résiliation.

Netflix, mutuelle, assurance... Quel contrat pouvez-vous résilier en 3 clics à tout moment ?

La manière la plus simple, toutefois, d'éviter de payer des abonnements pour rien est de faire preuve de vigilance et de consulter régulièrement son relevé de compte.

Une bonne habitude qui vous permettra, notamment, de repérer d'éventuels « abonnements cachés ». La pratique, malheureusement, n'est pas rare. Elle consiste, souvent à l'occasion d'un achat en ligne, d'obtenir, par la ruse ou la dissimulation, le consentement du client pour la souscription d'un abonnement à un service plus ou moins pertinent. Une pratique à la limite de la légalité, quand elle n'est pas carrément frauduleuse, mais qui, malheureusement, n'est pas rare.

Carte bancaire : comment éviter le piège des abonnements cachés ?

(1) Etude de marché réalisée par OnePoll pour eDreams ODIGEO en mai 2022. 1 000 répondants ont été interrogés en France. (2) Recherche publiée en août 2023 par les chercheurs Liran Einav et Neale Mahoney, de l'université de Stanford, et Benjamin Klopack, de l'université Texas A&M, pour le National Bureau of Economic Research.