Ultim, You, Premium, Chrome : sous ces noms se cache une nouvelle génération de cartes bancaires haut de gamme conçues par les banques en ligne et les néobanques. Sont-elles aussi fiables que les traditionnelles Visa Premier ou Gold Mastercard ? Peut-on leur confiance, au quotidien et en voyage ?

Des cartes bancaires haut de gamme, parfois métalliques, taillées sur mesure pour les voyageurs, avec des assurances renforcées et souvent la gratuité sur les retraits et les paiements en devises, le tout pour quelques euros par mois… C’est l’argument de plus en plus souvent utilisé par les banques en ligne et mobiles pour attirer une nouvelle clientèle. On les retrouve ainsi chez certaines néobanques comme Revolut (Premium et Metal), N26 (You et Metal) ou Orange Bank (Premium) ; des services de paiement comme Aumax pour moi (Premium et Metal) et Nickel (Chrome) ; mais aussi des banques en ligne plus classiques, comme Boursorama (Ultim et Ultim Metal) et ING (Intégrale).

Toutes ces cartes possèdent une caractéristique commune : elles sont à autorisation systématique, c’est-à-dire conçue pour interroger à chaque paiement la banque afin d’obtenir un feu vert. Le même fonctionnement, donc, que des cartes bancaires d’entrée de gamme, du type Visa Electron, distribuées aux clients, jeunes et/ou modestes, qui ne peuvent pas se permettre d’être à découvert.

C’est bien ce qui inquiète certains clients ou futurs clients, qui se posent la question : peut-on leur faire confiance pour fonctionner partout et tout le temps ? Risque-t-on au contraire des refus de paiement ? Et finalement, peut-on se contenter d’une carte de ce type, ou faut-il en posséder une autre, plus traditionnelle, au cas où ? Voici tout ce qu’il faut savoir pour faire le bon choix.

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Autorisation systématique : qu’est-ce que ça veut dire ?

Pour commencer, précisons de quoi on parle. Dans un article très complet sur le sujet, le site spécialisé Ma Néobanque distingue trois types de cartes conçues pour demander le feu vert de votre banque à chaque opération. Les voici, en partant de la plus à la moins restrictive :

  • les cartes à séquestre systématique (CSS) vérifient que la transaction ne dépasse ni le solde du compte, ni le plafond de paiement mensuel. Elles gèlent également la somme pour laquelle l’autorisation a été délivrée, en attendant qu’elle soit réellement débitée.
  • les cartes à contrôle de solde systématique (CCS) vérifient le solde du compte et le plafond de paiement, mais sans bloquer la somme.
  • les cartes à autorisation systématique (CAS) se contentent de vérifier que son montant ne dépasse le plafond de paiement de votre carte bancaire.

Parmi les cartes cités plus haut, les plus restrictives, avec séquestre, sont proposées par les établissements de paiement (Nickel, Aumax pour moi) et des néobanques (N26, Revolut), qui ont en commun de bannir les découverts et doivent donc prévenir d’éventuels dérapages. Celles des banques en ligne (Boursorama, ING, Orange Bank), en revanche, sont sans séquestre, et laissent donc plus de marge de manœuvre.

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Pourquoi ces nouvelles cartes sont-elles à autorisation systématique ?

Pour justifier leur choix, les banques et néobanques mettent en avant les avantages de l’autorisation systématique :

  • la sécurité : elle permet de bloquer sa carte en temps réel, en cas de perte ou de vol, ou de restreindre certains usages (paiements en ligne, à l’étranger, etc.)
  • la transparence : elle permet l’actualisation du solde du compte en temps réel.

Mais ce fonctionnement est aussi la conséquence d’un choix, celui de proposer des cartes dites « Mastercard Only » (ou « Visa Only » dans le cas de Boursorama), c’est-à-dire fonctionnant uniquement sur le réseau d’acceptation Mastercard ou Visa, plutôt que des cartes dites « co-badgées », c’est-à-dire fonctionnant sur le réseau CB quand vous êtes en France, et sur les réseaux Mastercard ou Visa à l’étranger, comme le font les banques traditionnelles.

Les paiements dits « hors ligne », c’est-à-dire acceptés sans demande d’autorisation, sont en effet une spécificité du réseau français. Sur les réseaux Visa et Mastercard, l’autorisation systématique est la norme. Conséquence : CB ou non, votre carte française fonctionnera de la même façon dès que vous sortez des frontières nationales.

Y a-t-il un risque de refus aux caisses automatiques des péages, des parkings ou des stations essence ?

Cela devient rare, à mesure que les terminaux de paiement (TPE) deviennent plus fiables et mieux connectés. Toutefois, il n’est pas impossible de tomber de temps à autre sur une caisse automatique non connectée, notamment dans les parkings et aux péages.

Les banques et néobanques ont prévu le coup. A notre connaissance, toutes leurs cartes haut de gamme citées dans cet article sont capables, dans ce cas de figure, de tolérer des paiements hors ligne, c’est-à-dire sans autorisation. Attention toutefois, cette tolérance est limitée, en montant et en nombre de transactions consécutives : 20 euros seulement, par exemple, chez Nickel. Beaucoup plus, heureusement, chez d’autres acteurs. Boursorama Banque, par exemple, ne souhaite pas communiquer de montant, mais explique que ce plafond hors-ligne est fixé de manière à « ne pas occasionner de gêne pour le porteur ».

Est-ce que je peux payer dans un avion ou un train ?

Dans les moyens de transport aussi, les TPE sont de plus en plus souvent capables de se connecter aux serveurs d’autorisation, y compris en avion. Si ce n’est pas le cas, le risque de refus de paiement est le même avec une carte nouvelle génération ou une carte CB classique.

Deux cas de figure peuvent se présenter :

  • soit la compagnie de transport choisit de prendre le risque d’impayés à sa charge et de ne pas demander d’autorisation : la transaction passe ;
  • soit le paiement passe en hors ligne, dans la limite du plafond autorisé par votre carte. Si le montant est trop élevé, il y a refus.

Est-ce je peux louer une voiture ou réserver une chambre d’hôtel avec ces cartes ?

Plus que le régime d’autorisation, c’est ici le type de carte qui compte : débit (à débit immédiat) ou crédit (à débit différé). Avant de vous confier une voiture ou d’enregistrer votre réservation, le loueur ou l’hôtel vont en effet effectuer une demande de pré-autorisation, destinée à s’assurer que vous pourrez payer ce que vous leur devez.

Si votre carte est à débit immédiat, la vérification va porter à la fois sur le solde de votre compte et votre plafond mensuel de paiement. Si elle est à débit différé, seul le plafond sera vérifié. Résultat : du point de vue du loueur ou de l’hôtel, la carte à débit différé présente moins de risque, et bénéficie donc généralement d’une meilleure acceptation.

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Bilan : des cartes globalement à la hauteur

A la question de départ « Peut-on leur faire confiance aux nouvelles cartes haut de gamme des banques en ligne et néobanques », la réponse est plutôt oui. Grâce à leur capacité à tolérer des paiements hors ligne, elles ont éliminé les principaux risques de blocage, en particulier face aux automates. En termes d’acceptation, elles n’ont ainsi pas grand-chose à voir avec une Visa Electron d’entrée de gamme, et sont globalement au niveau des cartes co-badgées, du type Visa Premier ou Mastercard Gold.

Globalement. Car dans le détail, certaines de ces cartes présentent un risque un peu plus important de refus de paiement. C’est le cas de la carte Nickel Chrome, en raison d’une tolérance au hors ligne trop faible (20 euros). Ou des cartes N26 You, Revolut Premium ou Max Premium, qui n’existent qu’en version débit immédiat.

Si vous voulez éviter les mauvaises surprises, notre conseil est de privilégier les cartes à débit différé proposées par Boursorama Banque (Visa Ultim), ING (Gold Mastercard) ou Orange Bank (Mastercard Premium). Et, avant de partir en voyage, de penser à relever vos plafonds de paiement, au moins provisoirement, pour faire face à toute éventualité.

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