On le sait, partager ses identifiants bancaires comporte des risques et est à éviter au maximum. Qu'en est-il du RIB, ce document détaillant votre numéro de compte, dont le partage est nécessaire, notamment, pour pouvoir recevoir un virement ?

Question de Jérémy, le 11 mai 2023

« J'ai demandé le RIB de mon ami, par mail, afin de lui faire un virement. Y a-t-il un risque pour lui ? »

Bonjour Jérémy, et merci pour votre question. Rassurez-vous : partager un relevé d'identité bancaire, même par mail, ne présente pas grand danger. En particulier, si vous avez fait le nécessaire pour protéger votre boîte, en choisissant un mot de passe robuste et en activant un 2e facteur d'authentification (code SMS, application d'authentification, clé d'identification, etc.), option désormais offerte (gratuitement) par la plupart des services de messagerie.

Plaçons-nous toutefois dans l'hypothèse d'un vol du RIB en question : que peut en faire un individu mal intentionné ? Une seule chose : l'utiliser pour émettre des ordres de prélèvement à son bénéfice et ponctionner ainsi votre compte à sa guise.

Des garde-fous pour limiter les risques de fraude

Heureusement, il existe des garde-fous qui rendent ce scénario ardu à mettre en place et permettent, finalement, à la victime d'être indemnisée.

Premier obstacle à une éventuelle fraude : tout le monde ne peut pas émettre des prélèvements. Il faut, pour cela, obtenir un ICS (identifiant créancier SEPA). Cet identifiant est délivré, en France, par la Banque de France, uniquement à la demande d'une banque qui doit, elle, vérifier que le créancier exerce bien une activité économique justifiant d'effectuer des prélèvements.

Vigilance toutefois. Les vérifications préalables à l'attribution d'un ICS, ainsi que les systèmes mis en place pour vérifier la validité des opérations, peuvent être plus ou moins lâches, selon les banques. Le prélèvement, par ailleurs, est un moyen de paiement unifié à l'échelle européenne (1). Il peut donc être émis de l'étranger. En clair, il peut y avoir des trous dans la raquette : une arnaque aux prélèvements frauduleux est toujours possible, comme le montre l'exemple ci-dessous.

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Quoi qu'il en soit, le cadre SEPA, mis en place en 2014 pour le prélèvement, est très protecteur du payeur. Dans le cas d'un prélèvement non autorisé, il dispose d'un délai de 13 mois, à compter de la date du débit, pour contester le débit et en obtenir le remboursement auprès de sa banque, dans un délai d'un jour ouvrable. Et même si le prélèvement a été autorisé, il peut être contesté pendant 8 semaines après le débit, la banque ayant alors l'obligation de vous rembourser dans un délai de dix jours ouvrables.

Virements entre proches : préférez les alternatives

Si, malgré ces garde-fous, vous ne souhaitez pas partager votre RIB, souvenez-vous qu'il existe des alternatives pour obtenir de l'argent d'un proche.

Evitez les envois de chèque, qui entraînent des risques de perte, voire de vol et d'usurpation. Vous pouvez en revanche utiliser Paylib entre amis, disponible désormais dans la plupart des banques. Gratuit, ce service développé par le secteur bancaire français permet d'initier un virement instantané vers un autre compte bancaire sans avoir besoin de l'IBAN de celui-ci : le numéro de mobile du bénéficiaire suffit, s'il est également inscrit au service.

Dans le même ordre d'idées, vous pouvez aussi utiliser des services spécialisés dans les paiements entre particuliers. Les plus connus sont PayPal et Lydia.

(1) Plus précisément à l'échelle de la zone SEPA, qui couvre les 28 pays membres de l'Union européenne, les pays membres de l'Espace économique européen, ainsi que la Suisse, Andorre, Monaco, Saint- Marin et le Vatican.