Cinquante-deux mises en demeure sur le thème du télétravail ont été prononcées par l'Inspection du travail depuis le mois d'octobre, a fait savoir vendredi la ministre du Travail lors d'une réunion avec des représentants de la banque, de l'assurance et de l'ingénierie conseil.

Parmi les entreprises épinglées, les banques Crédit Agricole et Caisse d'Epargne, et le groupe d'assurance mutuelle Macif - leurs noms ont été cités pendant la réunion.

Elisabeth Borne et le secrétaire d'Etat chargé de la Santé au travail, Laurent Pietraszewski, avaient déjà rencontré les organisations patronales et syndicales de ces secteurs le 8 février, pointant une « érosion » du recours au télétravail dans leurs réseaux et les encourageant à le mettre davantage en œuvre.

La ministre a réitéré ce message vendredi, chiffres à l'appui, et appelé ses interlocuteurs à « intensifier les efforts », a affirmé le ministère à l'AFP. « Elle a dit que les entreprises qui faisaient l'objet de mises en demeure devaient très rapidement mettre en place des mesures correctives », a ajouté cette source. Le ministère continuera d'être vigilant et de signaler d'éventuels manquements aux entreprises de ces secteurs en fonction des « remontées hebdomadaires » de l'Inspection du travail.

Selon le ministère, plus de 16.000 contrôles de l'Inspection du travail ont été réalisés depuis le début de l'année, tous secteurs confondus, portant notamment sur le respect du télétravail et du protocole sanitaire. Une analyse détaillée sur 1.300 entreprises montre que « 66% de ces entreprises mettent en place le télétravail, dont deux tiers le faisant sur l'ensemble de leurs postes télétravaillables ». « Il a été demandé aux autres de renforcer le télétravail », selon le ministère.

Plus ennuyeux, « sur les 34% d'entreprises qui ne mettaient pas en œuvre le télétravail, plus de la moitié avaient des postes télétravaillables. Elles ont fait l'objet de mises en demeure », a précisé cette source.

Activité « essentielle »

Sollicitée par l'AFP, la Fédération bancaire française a une nouvelle fois mis en avant les efforts des banques, « Aujourd'hui, les banques sont à des niveaux de télétravail très élevés : en janvier, près de 63% des 360.000 collaborateurs du secteur sont en télétravail, avec 25% qui télétravaillent toute la semaine, 27% qui télétravaillent entre 2 et 4 jours par semaine, 11% qui télétravaillent un jour par semaine ou moins ». « Ce chiffre de 63% est nettement supérieur à la moyenne nationale, de 21,2% », a-t-elle noté.

« Par nature, le recours au télétravail reste limité dans les réseaux d'agence, tant du fait de la continuité d'activité au sein d'agences parfois de petite taille selon les territoires, que des impératifs de sécurité propres à nos métiers », a de son côté expliqué la Fédération nationale du Crédit Agricole. La Macif a elle aussi mis en avant sa bonne volonté, expliquant que « presque 80% de l'effectif (réparti France entière) est en travail à distance ».

« Sont essentiellement maintenus en travail sur site les salariés des agences (lesquels représentent un peu plus de 20% de l'effectif global) pour permettre de recevoir les sociétaires qui se déplacent », s'est-elle justifiée, rappelant que « cette activité a été reconnue par les pouvoirs publics comme (...) essentielle » ce « qui explique l'ouverture des agences ».

Les syndicats du secteur bancaire estiment pour leur part à l'unisson du ministère que des efforts peuvent être faits, notamment dans les agences, et ont à nouveau réclamé l'organisation de négociations dans les entreprises et au niveau de la branche.