Créée en 2013, Ibanfirst cible les entreprises réalisant régulièrement des paiements en monnaies étrangères. Elle leur permet d’ouvrir gratuitement des comptes libellés dans 25 devises, d’avoir accès en temps réel aux taux de change et ainsi d'optimiser leurs transferts d’argent. Explications avec Pierre-Antoine Dusoulier, son CEO et fondateur.

De nombreuses fintechs s’intéressent aux services bancaires pour les professionnels. Quelle est votre spécificité ?

Pierre-Antoine Dusoulier : « Ibanfirst permet aux entreprises de réaliser des paiements et des transferts en devises étrangères en utilisant les cours en temps réel. Nous ciblons les entreprises ayant une activité à l’international, des clients et des fournisseurs à l’étranger. A la différence des banques, nous leur apportons de la transparence sur les frais de change tout en leur permettant de réaliser des économies sur leurs paiements internationaux. En effet, les établissements traditionnels appliquent généralement des taux de change défavorables aux clients, sur lesquels ils prélèvent une marge importante. Et les entreprises ne s’en rendent compte qu’a posteriori, une fois l’opération dénouée. Nous, en revanche, fournissons des cours de change en temps réel. Nous sommes connectés en permanence au marché interbancaire si bien qu’à chaque instant nous sommes capables d’afficher un prix acheteur et un prix vendeur aux professionnels. »

Pour être compétitif vous rognez donc sur vos marges et comptez sur la quantité d’ordres passés...

« Notre plateforme a traité 1,1 milliard d'euros de paiements en 2017. »

P-A.D : « Comme les banques traditionnelles, nous prenons des commissions sur les transferts de devises, mais notre marge est plus faible et plus transparente [Ibanfirst facture de 10 à 80 euros les virements internationaux selon le pays de destination et l'option choisie, ndlr]. Par ailleurs, nous ne gagnons pas d’argent, ou très peu, sur nos services additionnels. Nous comptons aujourd’hui un peu plus de 1 500 clients actifs réalisant en moyenne une opération de change par mois, pour un volume total de paiements qui a atteint 1,1 milliard d’euros en 2017. Et, bien que nous soyons en pleine phase de développement, nous parvenons certains mois à être rentables, comme en avril dernier. »

Vous ciblez donc des PME réalisant des flux de change élevés ?

P-A.D : « Notre solution est très intéressante pour les entreprises qui réalisent au moins 100 000 euros de paiements à l’international par an. En deçà le gain n’est pas significatif [la fintech se réserve le droit de facturer 50 euros hors taxe par an de frais de tenue de compte aux PME n’atteignant pas ce montant minimal, ndlr]. Nous ciblons plus précisément les entreprises réalisant entre 5 à 50 millions d’euros de change par an. Au-delà, les sociétés s’organisent différemment et peuvent discuter directement avec la salle de marché de leur banque sans passer en amont par la banque de dépôt. »

Les sociétés multipliant les paiements en devises étrangères ont aussi besoin de se couvrir contre le risque de change. Que leur proposez-vous ?

P-A.D : « Nous leur permettons d’effectuer des paiements à terme. Nous proposons par exemple à nos clients de bloquer pendant un an une enveloppe, dans laquelle ils peuvent piocher, à un taux de change fixe. »

Envisagez-vous de lancer de nouveaux services, comme une carte de paiement physique ou des solutions de crédit ?

« Sur notre plateforme, nos clients accèdent aux cours en temps réel. »

P-A.D : « Nous n’avons pas vocation à nouer une relation bancaire complète avec nos clients. Nous pensons que, poussé par la DSP2, le monde de la banque sera de plus en plus segmenté en fonction de l’expertise de chacun [la deuxième directive européenne sur les services de paiement vise notamment à permettre aux fintechs d’avoir accès plus facilement aux données clients détenues par les banques, ndlr]. Dans le futur, la banque traditionnelle jouera le rôle du coffre-fort et conservera les dépôts des clients. Une autre société s’occupera de l’interface utilisateur. Et un troisième acteur, le processeur de paiement, prendra en charge la transaction. »

Vous n’avez donc jamais envisagé de vous adosser à une banque traditionnelle ?

P-A.D : « Certaines nous ont effectivement « approché ». En ce moment, nous ouvrons chaque jour de nouveaux comptes rentables. Par ailleurs, déployer notre offre de manière directe nous permet d’aller plus vite qu’avec l’aide d’un mastodonte bancaire qui, comme nous venons le concurrencer sur un segment rentable de son activité, aura comme intérêt premier de nous étouffer. »

Fiche d'identité : Ibanfirst
ActivitéPaiements internationaux pour les entreprises
Site webwww.ibanfirst.com
Date de création2013
Date de lancement2013
Clientèle viséeEntreprises réalisant au moins 100 K€ de paiements avec change / an
Marché viséInternational
CapitalNC
Chiffre d'affairesNC
Nombre de clients1 500
Effectif actuel60 salariés