Le premier témoin entendu au procès en appel de Jérôme Kerviel, un de ses anciens supérieurs hiérarchiques, a qualifié mercredi de « gigantesque mensonge » la théorie selon laquelle l'ancien trader aurait été l'objet d'une machination.

Luc François, 49 ans, qui a passé 20 ans à la Société Générale jusqu'à sa démission dans la foulée de l'affaire Kerviel, a relaté les jours de janvier 2008 ayant suivi la découverte de la « fraude » de l'ancien trader. Il s'était avéré que Jérôme Kerviel avait pris des positions spéculatives pour 50 milliards d'euros qu'il fallait, selon l'ancien salarié de la SG, « déboucler » (solder) au plus vite pour limiter les dégâts.

Des montants « inimaginables »

Si le marché avait appris cette exposition de la banque avant le débouclage, « la Société Générale était morte ». C'était « le choc le plus complet », ces montants étaient « inimaginables », a-t-il déclaré, affirmant qu'« aucun membre de la hiérarchie n'était au courant » de telles prises de positions.

Jérôme Kerviel affirme de son côté que sa hiérarchie savait ce qu'il faisait. Il estime qu'elle l'a sciemment laissé prendre au long de 2007 des positions astronomiques afin de l'utiliser comme « fusible » pour masquer les pertes de la banque sur les « subprimes » (crédits hypothécaires américains). La présidente de la cour, Mireille Filippini, a demandé à Luc François ce qu'il pensait de cette thèse : « c'est un gigantesque mensonge », a-t-il répondu. Il lui a ensuite été demandé si les 4,9 milliards de perte imputés par la banque à Jérôme Kerviel résultaient bien des positions prises par le trader. « Je le certifie », a-t-il dit.