Le témoin clé de la défense de Jérôme Kerviel, qui doit être entendu jeudi par la cour d'appel de Paris, affirme dans Libération que la Société générale a « chargé au maximum » le compte du trader en alourdissant la perte record de 4,9 milliards d'euros qui lui est reprochée en 2008.

Philippe Houbé, 55 ans, qui travaille pour la société de courtage Newedge (ex-Fimat), filiale de la Société Générale, déclare mercredi dans le quotidien que « la perte finale ne peut pas être entièrement imputée au compte de Kerviel » et fait état d'irrégularités. Ce témoin assure avoir vu des comptes transférer des positions sur celui de Kerviel afin de « détériorer son résultat ». « Ils ont regroupé toutes les opérations perdantes du desk et l'ont chargé au maximum », affirme-t-il, chiffrant selon Libération à un milliard l'alourdissement des pertes imputées à Jérôme Kerviel.

« Tout le monde était au courant »

« Selon moi, la banque connaissait l'ampleur des engagements de Kerviel dès l'année 2007 », ajoute le témoin. « A la fin 2007, on ne connaissait pas forcément le nom de Kerviel. Mais au sein de Fimat, tout le monde était au courant que la Société générale avait pris des positions massives vendeuses. Et on se disait que cela venait en couverture d'autres positions devenues liquides à cause de la crise des subprimes » (crédits hypothécaires américains).

Se disant victime d'un complot, Jérôme Kerviel soutient que sa hiérarchie l'a laissé prendre d'énormes positions spéculatives afin de pouvoir masquer le moment venu les pertes de la banque liées à la crise des « subprimes ». En première instance en 2010, l'ancien trader de 35 ans a été condamné à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts.