Le procès en appel de l'ancien trader Jérôme Kerviel, 35 ans, poursuivi pour une perte record de près de 5 milliards d'euros début 2008 à la Société Générale, s'est ouvert lundi à Paris.

Le jeune homme, costume bleu sombre, chemise blanche au col ouvert, seul prévenu, a pris place vers 9h dans la grande salle d'audience de la 1ère chambre de la cour d'appel. Arrivé environ une demi-heure plus tôt au palais, le prévenu n'a pas prononcé un mot avant l'audience.

D’entrée, Jérôme Kerviel, qui se déclare « sans profession depuis un an » et « actuellement » sans revenus, a indiqué qu'il n'était « pas responsable » de la perte de 4,9 milliards d'euros dont la Société Générale, son ancien employeur, l'accuse. « J’ai toujours agi en connaissance de cause de ma hiérarchie ».

30 milliards, « une erreur »

Interrogé par la présidente de la cour d'appel, Mireille Filippini, il a ensuite dû évoquer une documentation qu'il avait signée en devenant trader à la Société Générale, dont une « charte déontologique » et un « cahier des procédures de trading ». Il y est écrit qu'il faut être « loyal vis-à-vis de la Société Générale et ne pas nuire à ses intérêts », « couvrir » ses positions, « être de bonne foi », « ne pas chercher à gagner de l'argent en faisant décaler le marché », a égrené la présidente. « Pour être très franc avec vous, je l'ai pas lue à l'époque, mais oui, je l'ai signée », a reconnu Jérôme Kerviel.

Il a ensuite été question de la limite du risque que les huit traders du service dans lequel travaillait Jérôme Kerviel étaient autorisés à prendre au-delà d'une journée, posée collectivement à 125 millions d'euros. La limite était fréquemment dépassée, mais jamais au-delà de 200 millions, a constaté Mireille Filippini au vu du dossier. « Jamais dans des proportions extraordinaires », a-t-elle appuyé, alors que Jérôme Kerviel a parfois pris des positions de plusieurs dizaines de milliards d'euros.

« Trente milliards, c'était une erreur de ma part (...), c'était évidemment extravagant », a reconnu l'ancien trader, tout en soulignant qu'il ne savait pas si « d'autres l'ont fait », tant les limites, selon lui, « c'était informel ». « Alors, ça ne servait à rien de faire des analyses de risques si on s'asseyait dessus ? », a lancé la présidente.

Bouton à la barre le 21 juin

PDG de la Société Générale à l’époque des faits, Daniel Bouton devrait être entendu comme témoin le 21 juin. Au premier procès de Jérôme Kerviel, en 2010 devant le tribunal correctionnel, il avait accablé l'ancien trader, qualifiant de « catastrophe » la « fraude » dont l'accuse la banque.

Après onze ans à la tête de la Société Générale, Daniel Bouton avait quitté la banque fin avril 2009, après une série de scandales liés notamment aux rémunérations de ses dirigeants.