Le deuxième jour d'audience du procès en appel de Jérôme Kerviel, ce mercredi, examine l'année 2007, durant laquelle l'ancien trader de la Société Générale a multiplié les sorties de route qui ont mené à la perte historique de janvier 2008.

L’audience a débuté, à 9h30, par un rappel des faits, la présidente de la Cour d’appel, Mireille Filippini, comptant faire un rapport « mois par mois », en commençant par mars 2007.

En 2005-2006, Jérôme Kerviel avait déjà pris ici et là des libertés avec ce que la banque présente comme un code de bonne conduite du trader. Mais c'est à partir de cette période que son activité a commencé à prendre des proportions massives. Fin mars 2007, ses positions spéculatives atteignaient 5,6 milliards d'euros.

Des services de contrôle « légers »

« Au début du mois de mars commençait à courir l'information sur un gros problème aux Etats-Unis sur les subprime (crédits immobiliers à risque, ndlr), donc j'ai pris une position vendeuse », a expliqué l'ancien trader, qui pariait alors sur une baisse du marché. Celle-ci n'est pas intervenue immédiatement et le portefeuille de Jérôme Kerviel a accusé une « perte latente » conséquente. « On est un peu plus stressé » dans ce cas, « mais tous les éléments me confortaient sur le retournement du marché », a-t-il ajouté. Le marché se retournera en effet et Jérôme Kerviel enregistrera un gros bénéfice en fin d'année. Avant de subir une très lourde perte en janvier 2008.

Les services de contrôle de la banque s'étaient bien émus d'opérations leur semblant peu orthodoxes, mais Jérôme Kerviel avait pu à chaque fois répondre à leurs questions et les rassurer. Ces services ont peut-être été « légers », a relevé la présidente, qui a commencé à interroger Jérôme Kerviel sur les opérations fictives et fausses déclarations lui ayant permis de dissimuler ses positions.

Théorie du complot

A la peine pour justifier son attitude, l’ancien trader a laissé entendre que ses chefs l'avaient laissé sciemment aller dans le mur parce qu'il devait servir de fusible à la Société Générale engluée selon lui dans la crise des « subprime ». Un « feuilleton policier », a ironisé Jean Veil, un des avocats de la Société Générale.

Peut-être que « j'avais une utilité », a expliqué l'ancien trader. « A cette époque-là déjà, la crise des subprime commençait à se propager (...) il y avait déjà une grosse perte latente, je pense qu'il fallait faire sauter un Jérôme Kerviel à un moment ou un autre ». Il avait déjà affirmé par le passé que « l'affaire Kerviel » avait représenté un « effet d'aubaine » pour la Société Générale, mais jamais fait aussi clairement état d'un projet fomenté dès mars 2007.

Juste avant d'évoquer cette théorie du complot, Jérôme Kerviel s'était décrit mercredi comme « un hamster dans une roue » dont ses chefs décidaient de la vitesse, tandis que lui devait « pédaler de plus en plus vite » pour gagner toujours plus d'argent pour la banque.