Au terme d'une réunion avec les représentants des banques et des consommateurs, Christine Lagarde, ministre de l'Economie, a annoncé quelques mesures pour rendre les frais bancaires plus lisibles et plus transparents. Mais elle refuse de légiférer sur la question.

« La philosophie est simple, il faut supprimer les abus et les excès », a déclaré Christine Lagarde à l'issue d'une réunion avec le Comité consultatif des services financiers (CCSF), qui rassemble des représentants des usagers et des banques. « Je crois aux vertus de la concurrence, à terme les tarifs vont baisser ».

Lors de cette réunion, plusieurs grands principes ont été adoptés, reprenant pour l'essentiel les propositions faites début juillet par Georges Pauget, ancien patron du Crédit Agricole, et Emmanuel Constans, président du CCSF. C'est le cas notamment du relevé mensuel des frais bancaires, afin que le client sache tous les mois ce que lui coûte sa banque.

Outre l'instauration de ces relevés, les plaquettes de tarifs seront par ailleurs simplifiées. « Il existe aujourd'hui des plaquettes totalement illisibles avec plus de 300 tarifs différents », a souligné Christine Lagarde. Pour y remédier, et faciliter la comparaison des tarifs entre les différentes banques, une liste avec 10 services standards va être créée. Elle devrait être présentée aux usagers l'année prochaine. D'autre part, les banques se sont engagées à harmoniser le jargon technique de leurs normes, car « les consommateurs se plaignent » de voir différentes normes utilisées pour qualifier la même opération.

La confiance plutôt que la loi

Concernant les clients les plus fragiles des banques, un « pack sécurité » sera mis en place fin juin 2011 prévoyant notamment une carte bancaire munie d'un système « anti-dépassement ». Les clients bénéficiant de ce pack verront leurs frais pour incident, comme par exemple un chèque sans provision, nettement diminués. « Ils seront divisés par deux par rapport à leur niveau actuel ou fixés à un niveau modeste », a indiqué Christine Lagarde. Toujours dans ce secteur des clients fragiles, le nombre d'occurence de ces frais pour incident sera « plafonné ».

Plus généralement, la ministre de l'économie a indiqué avoir choisi la « voie de la confiance », pour faire passer ces mesures auprès des banquiers. « Je sais que des associations de consommateurs auraient préféré une loi ou un règlement, mais un contrôle sera effectué, et si l'on constate que les engagements ne sont pas respectés, il sera toujours temps d'intervenir par la voie réglementaire », a-t-elle conclu.

Les consommateurs sceptiques

Première association de consommateur à réagir à ces annonces, l'Association française des usagers de banques (AFUB) a affiché son scepticisme sur la méthode choisie : « Christine Lagarde osera-t-elle à l'avenir le forcing auprès des banques, ceci pour les convaincre d'admettre les freins à leurs appétits tarifaires ? L'expérience passée illustre l'impuissance des banques à ce sujet et la nécessité de dispositions réglementaires. »

L'UFC-Que Choisir doute également de la parole donnée par les banques. « [Elles] s'étaient aussi engagées à ne pas facturer les retraits en espèces dans les agences, et pourtant nous recevons régulièrement des plaintes de clients faisant état de telles pratiques » a rappelé Nicole Pérez, administratrice nationale. Cette dernière regrette également que les mesures annoncées ne retiennent pas une autre proposition de l'association, demandant que le client soit informé sur les frais avant toute opération : « La banque est le seul commerce où il n'y a pas de facture, la banque se paye d'abord, en prélevant les frais sur le compte, et informe ensuite le client ».